Je devais participer à un colloque. Malheureusement, le jour du colloque, la maladie m’a empêché de pouvoir donner la conférence prévue. Comme elle était écrite, autant vous en faire profiter…

Quand on pense noblesse, on a en tête l’idée qu’elle vient du sang et des pères. Actuellement, on naît noble, on ne le devient plus. Seule la preuve de l’ancienneté de la race justifie de la noblesse. Mais ce n’est qu’à partir de la fin du XVIe siècle que le patrilignage devient fondamental dans le discours sur la noblesse d’épée, la noblesse de robe servant alors de repoussoir. Cette dernière renforce pourtant cette idéologie patrilignagère en assurant la dévolution de leurs offices à l’aîné de leurs mâles. Les enquêtes généalogiques lancées par le pouvoir royal à partir de 1661 œuvrent à la renforcer. Mais il n’en pas été de tout temps ainsi.

Transmettre la noblesse cela a été d’abord transmettre des biens spécifiques suffisants pour maintenir un mode de vie adéquat sans exercer de travail dérogeant.

Parmi les biens transmis, les seigneuries étaient centrales, conférant un droit sur la terre les hommes la peuplant par la justice y attachée. Elles assuraient des revenus fonciers. Pour nombre de familles nobles, avant le XVIe siècle, la perpétuation de la noblesse dépendait de leur capacité à léguer ces seigneuries. Comprendre ce phénomène de transmission nécessite pour l’historien de se plonger dans les archives pour reconstituer des généalogies familiales solides, leurs fortunes, leurs positions sociales, les ascensions et les déclins de ces familles, le pouvoir qu’elles ont possédé au fil des siècles et enfin la manière dont elles ont transmis ces biens.

L’héritage dans la noblesse favorise l’aînesse masculine. Mais tous les enfants héritent de leurs parents, quel que soit le mode d’héritage. Dans les provinces de droit écrit, où nous avons un héritage inégalitaire, les filles sont dotées. Cette circulation des seigneuries n’est pas la même pour toutes. Certaines ont un caractère héréditaire et confèrent le nom principal sous lesquels ces familles nobles sont connues. Il n’est pas question de les abandonner pour ces familles. Les seigneuries font alors l’objet de stratégies destinées à les immobiliser dans un patrimoine dont elles constituent le cœur substantiel.

En cas d’absence d’héritier mâle, le gendre relève le nom et les armes. Il renonce à son propre nom. Ses enfants porteront le patronyme et le blason de la famille de leur mère. Si l’héritière épouse un homme de condition sociale inférieure, le relèvement peut être complet. Si son mari est de condition égale, le relèvement se fait par l’intermédiaire d’un fils cadet. Dans tous les cas, l’épouse se trouve dans une configuration favorable dans son couple.

N’est-on pas proche, en termes anthropologiques, d’un système à maisons ? C’est ce que je vais essayer de démontrer dans cet article en étant au plus proche de ce qui se passe côté roture. Après avoir explicité ma méthodologie puis les résultats trouvés à partir du dépouillement des contrats de mariage, je définirais en premier l’oustal, nom occitan du système à maisons. Puis je verrais le pourcentage des mariages entre cousins, l’aire géographique de recherche du conjoint, le rôle que peuvent jouer les mères, les liens entre héritiers et cadets et enfin la question du remariage.

Méthodologie :

Je vais tirer nos exemples concrets du village de Cadix, village de l’est du Tarn, dans la partie nommée le Ségala, d’où est originaire notre famille maternelle et dont j’ai étudié à temps plein les familles pendant deux ans dans le cadre tout d’abord d’un master 1 en histoire puis d’un master 2 recherches en anthropologie de la famille. Afin de reconstituer convenablement les familles, le relevé des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse Sainte-Cécile de Cadix a d’abord été effectué pour l’ancien régime sur un siècle (1692-1792). Malheureusement, il y a de nombreuses lacunes dans ceux-ci entre 1708 et 1764. Pour y pallier, j’ai relevé de manière systématique tous les contrats de mariage et tous les testaments concernant les habitants de cette paroisse à partir de 1600 jusqu’en 1792, aux Archives départementales du Tarn et de l’Aveyron.

D’un point de vue méthodologique, ont été aussi relevés aux Archives diocésaines d’Albi, tous les mariages catholiques de 1806 à 1993. Enfin des enquêtes orales ont été menées auprès des habitants de Cadix, que l’on appelle les Cadiçols.

Et à partir de ces dépouillements et de ces enquêtes, j’ai reconstitué les familles selon la méthode de la démographie historique.

Les testaments d’ancien régime nous ont permis de compléter les familles. Ils pouvaient en effet nous donner des prénoms d’enfants morts jeunes, de célibataires voire de ceux partis ailleurs faire leur vie.

Résultats trouvés à partir du dépouillement des contrats de mariage :

Je me suis intéressé principalement à l’alliance. Tous les mariages étudiés sont roturiers, à part deux. Aucun chroniqueur ou mémorialiste ne les évoquera un jour. Malgré tout, il peut y avoir des liens avec les mariages royaux ou princiers auxquels ces chroniqueurs peuvent s’intéresser ainsi qu’à la manière dont ils les relatent comme nous le dit Christiane Raynaud quand elle étudie les chroniques d’Enguerrand de Monstrelet. Tout comme les mariages nobles, il peut y avoir des négociations prénuptiales qui peuvent s’étaler dans le temps. Les contrats de mariage, qu’ils soient nobles ou roturiers, ne signalent aucune de ces négociations prénuptiales. Parfois, on peut en avoir conscience quand il y a annulation du contrat avant la cérémonie religieuse. On peut voir ainsi un premier contrat passé puis une annulation surgir avant qu’un deuxième contrat ne survienne. Entre les mêmes fiancés ou d’autres car si ces négociations n’aboutissent pas, les anciens fiancés n’hésitent pas à aller chercher une autre chaussure pour leur pied.

Par exemple le 19 juin 1775, Marguerite BARTHE, veuve de Guillaume LAURENS, cancelle le contrat de mariage qu’elle a passé le 28 juin 1769 devant Me Benoît, notaire de Trébas, avec Gabriel DOUAT, veuf de Françoise AUREILLE[1]. Depuis 6 ans qu’ils ont passé ce contrat, ils ne sont toujours pas mariés. Il faut dire que le 16 mai 1775, devant Me Benoît, notaire de Trébas, elle a passé un autre contrat de mariage avec Antoine ESQUILAT, père de son futur gendre[2]. Jacques ESQUILAT et Henriette LAURENS, sa fille, ont passé le même jour un contrat de mariage devant le même notaire. Henriette apporte 90 livres de son industrie. Jacques est nommé héritier de son père et c’est lui qui paiera les dots de ses sœurs. Ce double contrat de mariage est une solution qui évite à Marguerite BARTHE de payer une dot à sa fille. Gabriel DOUAT n’a du coup plus aucun intérêt économique pour elle. Cela ressemble beaucoup, il me semble, aux négociations prénuptiales passées entre le duc de Gueldres et Valentine Visconti avant que celui-ci ne les interrompe alors que ses ambassadeurs sont en route pour parfaire le mariage. Et tout comme le dit Christiane Raynaud, elles nous échappent la plupart du temps car elles sont d’ordre privé. Cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas.

Le contrat de mariage est riche de renseignements. Le protocole peut nous donner tout d’abord les raisons du mariage (« à l’honneur de Dieu et pour l’augmentation du genre humain »), le lieu où est écrit le contrat (chez un des fiancés, chez le notaire ou chez une tierce personne), quand est écrit le contrat de mariage (par paroles de futur c’est-à-dire au moment des fiançailles ou par paroles de présent soit le jour même du mariage).

Viennent ensuite les parties. Nous obtenons ainsi les nom et prénom des fiancés. Nous apprenons s’ils sont célibataires ou veufs, ainsi que leur lieu d’habitation. Si c’est un mariage par paroles de futur, la fiancée peut ne pas être présente. Nous avons la filiation : noms et prénoms des parents, s’ils sont en vie ou décédés, leur lieu d’habitation qui peut être différent de celui de leurs enfants. Enfin viennent les consentements avec mention de la parentèle puis la promesse de s’unir devant l’Église (nous sommes en région catholique exclusive) et la liste des parents, affins et amis peut être presque aussi longue que celles des familles nobles. La famille que nous présentent les contrats de mariage n’est pas forcément d’une grande profondeur généalogique. Elle réunit par les liens du sang et d’affection, consanguins et alliés, les époux, le lignage et la parentèle, de la même manière qu’Enguerrand de Monstrelet décrit les familles nobles dans ses chroniques tel que nous en parle Christiane Raynaud dans son article. Comme s’il y avait, tant chez les roturiers que chez les nobles, un véritable enjeu de pouvoir ou de prestige à se marier avec telle ou telle famille. En cela, elles se ressemblent beaucoup.

Les notaires commencent toujours la présentation des époux par l’homme. Alors que nous sommes dans un territoire d’héritage inégalitaire, que l’héritier peut être tant une femme qu’un homme, qu’il est fabriqué par les parents quel que soit son genre, nous pourrions avoir l’impression si nous faisions une lecture rapide que c’est l’homme qui est toujours celui par qui va se transmettre l’héritage et le nom. Si c’est exact pour le nom, cela l’est beaucoup moins pour l’héritage. Nous ne sommes pas dans les Pyrénées-Atlantiques où l’homme peut ne pas transmettre son nom à ses enfants s’il est un adventice. Par exemple, à Ogenne, Le 25 janvier 1674 Jean SUPERVIELLE, cadet de famille, épouse Marie BETBEDER, héritière. Leurs enfants porteront le nom de BETBEDER. Comme nous sommes en primogéniture absolue, l’héritier désigné est leur premier-né, une fille prénommée Catherine qui épousera le 7 avril 1690 Bernard LABRICQ, cadet. Leur descendance gardera le nom de BETBEDER. Nous le voyons, cette pratique est identique à celle du relèvement de nom noble. Dans le Ségala, même en gendre, l’homme transmet son patronyme à sa progéniture. Or, dans le lieu que nous avons étudié, l’homme semble prépondérant comme il pourrait l’être pour une famille noble.

En troisième lieu, nous avons la constitution de la dot. Le notaire explique pour quelle raison les femmes reçoivent une dot (« pour la plus aisée et facile supportation des charges du mariage »), même si en fait la dot n’a pas de genre. Elle peut être tout aussi bien masculine que féminine. Par exemple, quand Pierre JALADIEU épouse le 18 mai 1674 devant Me Solanet notaire de Trébas Jeanne LACROUX[3], elle est héritière et c’est le fiancé qui reçoit une dot : 20 livres qui lui seront payées le jour du mariage d’une de ses sœurs, ainsi que 3 chevaux, 2 brebis, un mouton et un agneau. Comme nous venons de le voir, cette dot est détaillée :

  • En argent, et on signale quelle somme vient du chef paternel et quelle somme du chef maternel. Ainsi par exemple Marianne DELMAS, quand elle épouse le 20 avril 1788 François BELLIERES devant Me Benoît, notaire de Trébas, reçoit 180 livres de dot. Il est précisé que 150 livres viennent du chef maternel et 30 livres du chef paternel[4]. Ce qui nous permet de savoir en outre qu’Antoine DELMAS, son père, est venu en gendre au vu de la différence de la somme qu’il apporte par rapport à sa femme. C’est effectivement le cas quand nous consultons le contrat de mariage passé le 18 février 1756 devant Me Roques, notaire à Curvalle, d’Antoine DELMAS et d’Anne FABRE[5], les futurs parents de Marianne. C’est Anne FABRE l’héritière puisque c’est elle qui déclare devant le notaire qu’elle fera héritier un des enfants procréés de son mariage. Antoine DELMAS se contente d’apporter 80 livres tournois.
  • En un trousseau (dit aussi dotalices) : la robe nuptiale très souvent couleur de la brebis (marron comme la brebis de Lacaune, pas blanche !), du linge (draps, serviettes, autres robes), des animaux (brebis, chèvre…), des meubles.
  • Et parfois en bien-fonds (autrement dit la verquière) comme Catherine LAVABRE qui reçoit lors de son contrat avec Jean BÉRAL le 19 octobre 1653 passé devant Me Boal, notaire de Trébas, 5 journées de vigne situées à Merlansou paroisse de Trébas[6].

Elle est toujours confiée au futur époux afin qu’après la consommation du mariage il puisse en faire d’abord le recouvrement puis en user et disposer. Il est expliqué quand et comment elle va être payée et il est alors intéressant d’aller chercher les quittances dotales pour comparer paiement effectif et paiement prévu.

Le futur reconnait toujours avoir reçu la dot sur ses biens présents et à venir. Il promet alors de ne rien aliéner afin que le tout puisse être rendu le cas échéant. Cette dot peut être féminine mais aussi masculine si nous avons un mariage entre cadets, ou d’un cadet avec une héritière. Par exemple, quand Georges BERMOND passe contrat avec Catherine HÉRAIL le 28 août 1661 devant Me Boal, notaire de Trébas, il amène juste 120 livres. Sa future en revanche reçoit la moitié de tous et chacun des biens d’Etienne HÉRAIL et de Catherine TEISSEIRE, son oncle et sa tante sans enfants dont elle devient ainsi l’héritière[7].

La dot peut être le résultat d’autres tractations et venir dans un second temps, de la même manière que le font les familles nobles ou royales, comme un moyen de régler des dettes. Ainsi quand Antoine ESQUILAT épouse le 30 août 1718 Marguerite IMBERT devant Me Lacombe, notaire de Trébas[8], Louis IMBERT donne à sa sœur 100 livres tournois dont la moitié servira en fait au paiement de ce qu’elle doit à Louis PUECH selon quittance passé le 22 août 1718 devant Me Bosc, notaire de Valence d’Albigeois[9]. La dot peut être aussi créatrice de dettes. Le 2 juin 1765 devant Me Benoît, notaire de Trébas, Louis DELCAYRE épouse Anne CAYLUS. Son père lui donne tous et chacun des biens. Il est décidé que son père jouira sa vie durant paisiblement de la boutique située au bas de la maison où il travaillera à son métier de forgeron. Le fiancé devra payer leur légitime à ses frères Antoine, Jean, François, André et Joseph[10]. Le 2 avril 1771, devant Me André-Marc Roques, notaire de Curvalle, Louis DELCAYRE renonce à la donation faite par son père comme lui étant notablement onéreuse[11].

Comme nous sommes en pays de droit écrit, les fiancés peuvent passer un contrat de mariage même s’ils n’ont aucun bien. C’est le cas de François BALMES, veuf de Marie BERTHOUMIEU, et de Marie SAUSSOL, veuve de Barthélémy TARROUX, qui passent un contrat le 27 février 1726 devant Me Lacombe, notaire de Trébas, pour signifier tant l’un que l’autre qu’ils ne possèdent absolument aucun bien[12]. Le contrat de mariage de ce fait est bref, moins d’une demi-page mais il existe et pourra éventuellement servir de preuve plus tard.

Il ne peut pas y avoir de mariage entre héritiers. Nous avons toujours un mariage héritier/cadet, quel que soit le sexe de l’un et de l’autre, ou un mariage entre cadets. L’héritier se repère assez vite car les parents mentionnent dans les contrats de mariage qu’ils lui donnent tout ou partie de leurs biens, à ne pas confondre avec la phrase « tout ou partie de ses droits » qui elle concerne toujours un cadet. Et il vit à même pot et même feu que ses parents. S’il est le premier à se marier, il peut avoir obligation de payer la dot de ceux qui se marient après lui. C’est le cas par exemple d’Antoine ESQUILAT qui passe contrat avec Françoise VALAT le 28 mai 1792 devant Me Benoît, notaire de Trébas[13]. Comme il est l’héritier désigné par ses parents, il devra payer leur légitime à Jean, Catherine et Rose ESQUILAT, ses frère et sœurs. Catherine ESQUILAT recevra en outre dans 6 ans la somme de 15 livres.

De même, il faut prévoir le cas de discorde. L’héritier peut ne pas s’entendre avec ses parents. Ces derniers, qui maîtrisent entièrement l’héritage, peuvent alors se prévoir une pension viagère annuelle qui leur sera versée par l’héritier. Ainsi André DELCAYRE, quand il marie sa fille Marie avec André JALBY le 2 juin 1720 devant Me Lacombe, notaire de Trébas[14], la nomme héritière et prévoit qu’en cas de discorde les fiancés devront lui verser annuellement 2 sacs 4 mesures de seigle payable à la Saint-Julien, un quart de cochon salé payable à la Noël ainsi qu’un boisseau et demi de sel, une barrique de vin payable à la Saint-Martin, moitié vin pur et bon et moitié demi-vin, un habit de 2 en 2 ans. Il gardera la jouissance de la maison où se trouve la forge.

En quatrième lieu viennent l’augment et le contre-augment : les époux se font une donation pure, simple et irrévocable à cause de mort. L’époux peut donner à sa future la moitié de la somme qu’elle reçoit et, en échange, il percevra le quart de la dot de sa femme. Tout dépend de la coutume du pays car il est toujours fait référence à celle-ci dans cette partie de l’acte. Dans les actes lus, deux coutumes sont mentionnées : principalement celle de l’Albigeois et, comme nous sommes proches de l’Aveyron, par intermittence celle du Rouergue.

L’eschatocole, avant l’apparition des témoins, mentionne toujours au moins une juridiction en cas de problème survenant entre les fiancés ou leurs familles, de quelque ordre qu’il soit.

Avant la cérémonie du mariage, tout un cheminement a eu lieu. La question matrimoniale est en effet fondamentale. Nous sommes dans une société où l’homme a la position de son oustal à assumer. La mémoire villageoise conserve en partie le nom des lignées, leur histoire et leur extension territoriale. L’homme vit en quelque sorte avec les actions de ses ancêtres inscrites sur sa peau. Se mésallier, c’est faire injure aux ancêtres et aux descendants.

Définition de l’oustal :

Nous avons parlé d’oustal, une notion importante pour bien comprendre comment se passe l’alliance. Qu’est-ce que l’oustal ? Il s’agit d’une personne morale, indivisible en biens et détentrice d’un certain nombre de droits.

Claude Lévi-Strauss donne en 1979 une définition du système à maisons dans son ouvrage « La voie des masques » consacré aux tribus de la Colombie-Britannique. Franz Boas avant lui avait étudié ces tribus et identifié des unités sociales appelées numaym, dirigées par une aristocratie, transmettant de génération en génération des biens matériels et immatériels (titres, noms, fonctions religieuses) selon des modalités échappant à toutes les théories anthropologiques classiques comme l’alliance, la filiation matrilinéaire ou patrilinéaire. Claude Lévi-Strauss donne donc cette définition :

« Personne morale détentrice d’un domaine composé à la fois de biens matériels et immatériels, qui se perpétue par la transmission de son nom, de sa fortune et de ses titres en ligne réelle ou fictive, tenue pour légitime à la seule condition que cette continuité puisse s’exprimer dans le langage de la parenté ou de l’alliance, et, le plus souvent, des deux ensemble. »

Selon Claude Lévi-Strauss, on retrouve ce modèle à la fois tout en bas et tout en haut de l’échelle sociale.

Le concept de famille souche, quant à lui, a été forgé par Frédéric Le Play au XIXe siècle pour décrire un mode de dévolution avec préciput (c’est-à-dire à héritier unique) des biens, matériels et éventuellement non matériels. Les enfants exclus de l’héritage sont dédommagés par différents moyens (par exemple la dot). On retrouve dans les descriptions de la famille souche le principe fondamental du système à maisons, la permanence sur la longue durée de la résidence familiale, prioritaire sur toute autre considération dans la vie en société. Frédéric Le Play a principalement étudié ce type d’alliance dans les Pyrénées où il semble être le plus pur. Mais on le trouve en fait dans toute l’Occitanie et le Pays basque.

Les milieux paysans relevant en France des systèmes à maison ont mis en évidence plusieurs récurrences, à côté des liens entre régime foncier, système héréditaire et stratégies matrimoniales :

  • Le fait que la maison soit l’unité sociale élémentaire, à laquelle un nom est souvent attaché de façon durable et quel que soit le patronyme de ses propriétaires (le « nom de maison » en Pyrénées),
  • La distinction marquée entre les proches parents du chef de la maison et les autres parents,
  •  La perte assez rapide de la mémoire généalogique (dans les temps récents au moins),
  • Les rapports entre aînés et cadets se posent de la façon la plus nette et toutes sortes de mécanismes tendent à éloigner les cadets pour permettre la succession unique. Et donc la constitution d’ensemble quasi-lignagers.

Vous le voyez, nous employons des termes utilisés plutôt quand on étudie la noblesse. En cela, nous pouvons parler d’aristocratie de la terre.

Dirigeants mortels d’une entité immortelle, les chefs de famille successifs d’un oustal ont le droit de désigner leur successeur en désavantageant les autres ayants-droits. De ce fait, dans les meilleures conditions possibles, l’oustal est préservé d’un découpage intempestif. Les enfants en surnombre quittent la maison avec une dot qui leur appartient en propre. Dans une société pauvre, cela peut justifier les mariages entre cousins proches.

L’oustal, c’est aussi la corésidence sous le même toit d’un groupe de personnes : une famille, leurs domestiques et servantes, leurs pensionnaires (enfants en nourrice par exemple). Par famille, j’entends le schéma suivant : le couple des parents, l’héritier et son conjoint, les enfants de l’héritier, les frères et sœurs célibataires de l’héritier ou de l’un des parents. Une famille comprend donc trois générations vivant ensemble.

L’oustal, c’est enfin un surnom donné à la lignée :

  • Un prénom inusité : la famille ANTOINE dite Samuel, la famille APPUY dénommée Jason ou Jogeou à l’occitane.
  • Une fonction exercée : VALAT dit Bicary, COUTOULY dit Lo Recurayre pour la branche de La Ferrière.
  • Une particularité physique ou morale : ASSIÉ dit Redoundo (le potelé).
  • Un lien de parenté ou un héritage : Une branche des NÈGRE était connue sous le surnom « les neveux de Jacques ».
  • Un toponyme : DELMAS dit Trebassou (il était natif de Trébas), COUTOULY dit Fresquet (nom de la parcelle sur le hameau de Blau où sa maison était construite).
  • Le souvenir d’une lointaine alliance avec un autre oustal : LACROUX dit Coutouly, BARTHÉLÉMY dit Nègre.

Dans ce contexte, l’amour entre peu en considération mais il est quand même présent, quand les parents permettent d’aller garder le troupeau avec sa belle ou quand ils autorisent le galitsou, c’est-à-dire le galant, de leur fille à venir à la maison. Mais il y a quand même des limites à leur permission.

Les mariages entre cousins :

Pour éviter qu’il y ait procès entre un mâle de l’oustal et une jeune fille célibataire qui aurait déclaré sa grossesse, le choix du conjoint est laissé à la sagacité des parents qui seront beaucoup plus objectifs. Mais de ce fait, c’est souvent un parent, plus ou moins lointain, ou un parent de parent qui est sollicité. Ces familles pratiquent moins que les autres des alliances consanguines proches, dans le cercle des cousins issus d’issus de germains en tout cas. Elles organisent plutôt des échanges répétés entre lignées patrimoniales, dans un souci de réciprocité, en se gardant des mariages entre proches parents. Il est possible de constater ce qui se passe quand un conjoint est choisi dans la famille en prenant comme exemple le mariage de Louis de BANCALIS de PRUINES, sieur de Lermet, fils de François de BANCALIS de PRUINES et de Marie BENOIT, avec Marianne de CALVIÈRE, fille de feu Guillaume de CALVIÈRE, seigneur de Roquemaure, et de Marguerite de VÉSIAN, le 27 juin 1684 devant Me Assier, notaire de Valence d’Albigeois[15]. Elle est assistée d’Antoine de CALVIÈRE, sieur de La Bruguière, son oncle. Ce dernier déclare se réserver les biens sa vie durant qui lui ont été donnés par feu Abel de CALVIÈRE et feue Fleurette de CRESPON, quand il s’est marié avec Anne de BANCALIS de PRUINEs le 4 février 1646. Anne de BANCALIS de PRUINES est la sœur aînée de Louis, le marié de 1684. La tante par alliance de Marianne de CALVIÈRE devient, par ce mariage, aussi sa belle-sœur.

Ainsi, 6% des mariages aux XVIIIe et XIXe se font entre cousins. Paradoxalement, au XXe siècle, où le choix est plus libre, les parents intervenant moins, 10% des mariages se font entre cousins.

Mais quels cousins s’unissent entre eux ? Au XVIIIe, il y a prépondérance des unions entre cousins issus de germains ou entre issus de germains et issus d’issus de germains. Les mariages se pratiquent à un moment où la parenté commence à s’éloigner et permettent de resserrer les liens. Aux XIXe et XXe siècles, il y a une faible majorité pour les unions entre cousins germains, avec une pointe entre 1870 et 1929.

Les mariages entre cousins germains apparaîtraient là où se situe la plus grande richesse, les frères et sœurs étant « naturellement » portés à marier entre eux leurs enfants pour éviter le morcellement du patrimoine. Pour ce qui est des mariages entre degrés inégaux, ils seraient dus à des familles nombreuses. Quant aux unions entre cousins issus de germains, ils existeraient au sein d’isolats démographiques.

En interrogeant les Cadiçols sur ce sujet, une autre manière d’appréhender les relations familiales a surgi. Chaque occasion semble bonne pour se rencontrer et resserrer les liens :

  • La fête officielle comme la fête votive du village ou des villages voisins.
  • Le changement d’année (la Saint-Sylvestre).
  • Les fêtes liées aux animaux : fête du cochon, battue au sanglier ou au chevreuil.
  • Les traditionnelles fêtes de famille.

Elles permettent de conserver les solidarités familiales hors des périodes agricoles. Avec la révolution industrielle, avec l’effondrement de l’organisation ancienne du travail, ces solidarités familiales ont été submergées. De ce fait, nous sommes entrés dans une société de relatif anonymat, où les voisins ne sont pas forcément des parents mais plutôt des étrangers connaissant approximativement la même situation économique. Le mariage consanguin peut être alors une mesure de protection, une volonté de stabilité.

De même, les Cadiçols ne trouvent pas ces mariages choquants. Une petite distinction néanmoins : les mariages entre cousins germains semblent moins bien admis car trop proches dans la parenté. Peut-être est-ce aussi une manière d’affirmer son appartenance au village, sa singularité, son identité par rapport aux communes limitrophes. Ne dit-on pas que le Cadiçol ne laisse pas partir la Cadiçolle ?

Sinon, la maison peut se perpétuer de deux façons :

  • Par filiation quand il y a un descendant,
  • Quand il n’y a pas de descendants ou que ceux-ci sont jugés inaptes, par le mariage de la fille qui fait le lien entre son père et ses enfants mâles. Cela peut même aller un peu plus loin, dans le cas où le gendre relève la maison. Ce n’est donc pas seulement à travers la fille mais par l’allié que se perpétue la maison. Nous pouvons alors dire qu’alliance et filiation sont substituables.

L’aire géographique de recherche du conjoint :

Cette recherche du conjoint au plus proche dans la parenté peut aussi expliquer la recherche au plus proche du point de vue géographique. Au XVIIIe, 95% des conjoints habitent au plus à 15 km l’un de l’autre. Au XXe siècle, ils ne sont plus que 76% car l’aire de recherche s’agrandit. Parfois des recherches systématiques de conjoint se font au même endroit, de génération en génération. En outre, plus la famille est aisée, plus ses membres vont chercher leur conjoint loin. Qui se déplace ? En majorité ce sont les hommes. Les femmes restent dans les communes limitrophes.

Tout dépend en fait des familles. Certaines systématiseront hors du village, peut-être parce qu’elles exercent un métier qui nécessite des déplacements. Le paysan, en revanche, du fait de sa profession, est un sédentaire obligé surtout s’il est propriétaire de son bien. Tout déplacement régulier et important n’est pas de son fait. Ses véritables déplacements se font à l’occasion de foires où il peut espérer conclure des affaires et vendre sa production.

Mater familias :

Dans les parents, chacun a son rôle. En cherchant si les parents étaient encore en vie au moment du mariage, je me suis rendu compte que les pères étaient souvent décédés. Il semblerait donc que ce soient les femmes qui mènent l’enquête prénuptiale, assimilable parfois à l’inquisition, et les hommes qui l’entérinent lors de la demande aux parents ou devant le notaire.

Au cours de mes enquêtes, j’ai pu entendre plusieurs histoires d’unions manquées au début du XXe siècle. A chaque fois, c’était une femme qui cherchait le conjoint possible et une femme qui empêchait l’union.

Je vais prendre l’exemple d’Anna[16], à la fin de la première guerre mondiale. Anna fréquente en tout bien tout honneur Baptiste, le neveu de sa tante Orancie. Cela ne plaît pas à Orancie qui se met à chercher un autre parti pour Anna. Elle lui dégote un agriculteur du village voisin, beaucoup plus vieux qu’elle, un peu célibataire endurci sur les bords mais avec une belle propriété. Certes, comme le dit Orancie à Félicien, père d’Anna et frère d’Orancie, il n’est pas très « dégrossi » mais il a une si belle propriété, ce serait dommage de passer à côté de cette occasion ! Félicien acquiesce et en parle à sa femme Joséphine. Il pense qu’elle donnera son accord puisque lui, en tant qu’homme de la maison et chef de la famille, il l’est. C’est tellement avantageux du point de vue économique ! Hélas, Joséphine n’est pas, mais alors vraiment pas du tout d’accord. Peu lui chaut la propriété ! C’est un rustre, un brave imbécile et encore elle est polie. Elle interdit qu’Anna l’épouse. C’est ainsi qu’Anna apprit qu’on voulait la marier avec quelqu’un qu’elle n’avait jamais vu. Et il paraît qu’Orancie et Joséphine ne sont plus adressé la parole pendant plusieurs mois.

Héritier et cadets :

Une fois que la perle rare a été trouvée, vient le temps du contrat de mariage, parfois sans la présence de la fiancée. C’est le moment où, habituellement, les parents choisissent l’héritier et les dots des autres enfants. Mais attention, être désigné cadet ou aîné ne veut pas dire forcément qu’on obtient son héritage tout de suite. Au XVIIIe, l’héritier a droit à la moitié des biens au moment du mariage et surtout à s’occuper des parents. Il ne touchera vraiment son héritage qu’à leur décès. Ce qui peut l’amener, en cas de désaccord entre les parents et quand il ne veut pas leur payer une pension viagère, à aider le temps à faire son œuvre : un bon serrage entre deux coussins ou une tisane de minuit sont parfois utiles et ne laissent pas de traces. Enfin… Le plus souvent…

Quant au cadet, sa dot lui est payée sur plusieurs années. Et parfois, ce sont ses descendants qui la touchent à sa place. Par exemple, en 1663, François COUTOULY et Paule JOURDAIN se passent la bague au doigt. En 1735, comme ils sont décédés, leurs fils et petit-fils réclament à Jean JOURDAIN, neveu de Paule, le paiement de la somme de 99 livres encore due. Ce dernier s’engage à la donner à Gabrielle COUTOULY, fille de François et de Paule, qui attend sa propre dot depuis 28 ans.

La question du remariage :

Après un veuvage, un nouveau conjoint était assez vite recherché. La veuve ne pouvait se remarier qu’une fois le délai de viduité accompli. Le veuf, en revanche, se remariait très peu de temps après le décès de sa femme mais dans l’ensemble pas aussi rapidement qu’Antoine CALMELS. Le 28 novembre 1714, dans la matinée, Jeanne ROQUES, son épouse, décède cinq mois après avoir donné à leur dernier enfant. Le même jour, dans l’après-midi, il passe un contrat de mariage avec Catherine CABOT. A sa défense, il faut dire qu’il a un jeune enfant, pas de fille en âge de s’en occuper, pas de sœur, pas de mère ou de belle-mère. Il a donc besoin rapidement d’une nourrice. En règle générale, le veuf attendait un délai plus décent.

Quel que soit le siècle, plus de veufs que de veuves se remarient. L’explication en est la suivante : une vase ne peut être rempli une deuxième fois. Autrement dit, le mari pouvait exiger que sa veuve vive en état de viduité. Nous nous en rendons compte en lisant les testaments. C’est en effet dans ceux-ci que les maris l’exigent. Il y a à la clé la question de la légitimité des enfants qui pourraient dans le délai obligatoire de viduité et la question de l’augment qui peut être lié à ce veuvage obligatoire. Les plus anciens testaments lus font allusion en outre à la quarte trébellianique et à la falcidie[17]

Le nouveau conjoint peut ne pas être cherché bien loin. Il peut épouser en deuxièmes noces le frère ou la sœur du conjoint décédé. Selon les Cadiçols interrogés, les beaux-parents acceptent mieux ce genre de remariage que celui du veuf ou de la veuve avec un étranger. Cela arrange la situation quand il y a un frère ou une sœur célibataire. Ils opèrent une distinction selon le sexe : l’homme remplacerait la mère, la femme le gestionnaire. Il n’y a pas de tabou à ce sujet. Un frère par alliance ne devient pas un frère à proprement parler, ce qui n’est pas le cas partout.

Dans le cadre du DU et des cours de généalogie, j’aime bien surprendre mes étudiants, les sortir de leur zone de confort, les amener ailleurs pour mieux les faire revenir à ce qu’ils pratiquent et à ce que je leur ai appris. Et si nous faisions de même ?

Zahardonia est la rédactrice d’un blog parlant du monde de la Fantasy[18]. Dans ses écrits, elle prodigue des conseils sur la manière de créer cet univers. Parmi ses articles, l’un d’eux s’intitule « créer des maisons nobiliaires » paru le 23 mars 2018[19]. Elle y donne des indications et des sources d’inspirations, les fonctionnements changeant énormément selon les périodes de l’histoire et les endroits.

Nonobstant cela, elle y explique ce qu’est à ses yeux, après avoir mené une recherche bibliographique, l’organisation-type d’une maison noble dans le sens généalogique du terme : l’ensemble d’une famille et de son patrimoine, avec une lignée principale et des lignées secondaires, une organisation hiérarchique précise :

  • Le chef de famille, détenteur du titre de noblesse, dirigeant officiel vivant dans la demeure principale, officielle.
  • La matriarche, veuve ou épouse du chef de famille.
  • Le fils aîné, héritier du titre, futur dirigeant de la famille, vivant dans la même maison que le chef avec la famille qu’il a fondé à son tour.
  • Les frères du chef de famille, cadets ayant hérité d’une somme, vivant dans une autre demeure une fois mariés. Ils forment des lignées secondaires, parfois connues sous d’autres noms.

D’un point de vue officiel, ce sont les hommes qui tiennent les rênes. Mais les femmes possèdent un réel pouvoir décisionnaire, influençant dans l’ombre les hommes, ayant parfois plus de pouvoir effectif que ceux-ci.

Au niveau de la distribution des tâches et des fonctions, Zahardonia distingue :

  • La gestion de la maisonnée, revenant aux femmes.
  • La gestion administrative et financière du patrimoine, rôle dévolu traditionnellement aux hommes.
  • Les relations « diplomatiques et commerciales » comme l’échange de nouvelles, l’organisation des mariages, la création de nouvelles alliances. Tout cela est mené par l’ensemble de la maison noble en fonction des sujets.
  • La gestion judiciaire.

Ainsi, nous dit-elle dans son article, tout futur auteur de Fantasy devra apprendre à créer ses maisons nobles, son système politique qu’il faudra gérer correctement, etc., pour que son univers soit crédible à son lectorat. Parmi les maîtres dans ce genre, nous avons J.R.R. Tolkien, C.S. Lewis et son monde de Narnia, Andrej Sapkowski avec le Sorceleur, ou plus récemment J.K. Rowling dont on ne présente plus les héros.

Quand je lisais son article, qui semble pourtant a priori bien éloigné de notre sujet, j’avais au fur et à mesure l’impression qu’elle me parlait en fait d’un système à maisons. Ce qu’elle écrivait sur les maisons nobles pouvait tout aussi bien s’appliquer aux familles roturières de l’Occitanie : le cap d’oustal, les surnoms des lignées secondaires, les cadets dotés… Noblesse et Systèmes à maisons m’ont alors semblé encore plus proches d’un point de vue familial.


[1]AD 81, 3 E 1 / 8497 pour la cancellation ; AD 81, 3 E 1 / 8494 pour le CM Douat / Barthe.

[2]AD 81, 3 E 1 / 8497.

[3]AD 81, 3 E 1 / 8463.

[4]AD 81, 3 E 1 /8501.

[5]AD 81, 3 E 1 / 8333.

[6]AD 81, 3 E 1 / 8424.

[7]AD 81, 3 E 1 / 8434.

[8]AD 81, 3 E 1 / 8472.

[9]AD 81, 3 E 1 / 8635.

[10]AD 81, 3 E 1 / 8492.

[11]AD 81, 3 E 1 / 8342.

[12]AD 81, 3 E 1 / 8476.

[13]AD 81, 3 E 1 / 8502.

[14]AD 81, 3 E 1 / 8473.

[15]AD 81, 3 E 1 / 8641.

[16]Les prénoms ont été changés pour des raisons d’anonymat.

[17] Selon le site http://www.archives.quercy.net/genealogie/Heritage.html :

Si l’héritier universel estimait que son héritage diminué des différents legs était inférieur au quart de la valeur de la succession, il faisait procéder à un inventaire et pouvait avoir recours à l’une des deux dispositions suivantes, venues du droit romain par l’intermédiaire du code justinien.

1°) la quarte falcidique : L’héritier universel acceptait la succession mais demandait la « distraction » du quart en sa faveur. Les legs, après inventaire, étaient réduits proportionnellement à la valeur restante.

2°) la quarte trébellianique : l’héritier universel refusait la succession mais gardait le quart ; un autre ayant droit pouvait alors accepter l’héritage et … Ces dispositions sont très rarement mises en application ; elles pouvaient en réduisant la valeur des legs en faveur des paroisses, des confréries et des ordres monastiques diminuer le nombre des messes dites pour le repos de l’âme du testateur et ainsi celui ou celle qui y avait recours pouvait croire mettre en péril le salut éternel du défunt. Le plus souvent ces quartes sont citées par le testateur qui interdit d’y avoir recours soit explicitement soit par un simple : « n’autorisant aucune distraction de quarte ».

[18] https://www.monde-fantasy.com

[19] https://www.monde-fantasy.com/creer-maisons-nobiliaires