En cette journée de commémoration du D-Day, j’ai envie de vous parler de mon grand-père paternel, René, militaire de carrière. Son dossier de résistant qui se trouve au SHD à Vincennes permet de comprendre son parcours militaire.

Après avoir été au 4e Zouaves en Tunisie pendant plusieurs années (pays où sont nés ses quatre enfants entre 1926 et 1934), le voici qui débarque en métropole et il se retrouve entre septembre et décembre 1939 à Maisons-Laffitte au dépôt 211, avant de partir jusqu’au mois de mars 1940 au Centre d’Instruction Divisionnaire n° 10 aux armées. Il est ensuite dirigé vers le 5e Régiment d’Infanterie du 19 mars 1940 au 25 juin 1940. À partir du 26 juin 1940, il change encore de régiment et est affecté au 51e Régiment d’Infanterie à Rodez où il reste jusqu’au 27 novembre 1942. Il est membre ensuite de l’organe liquidateur du 3/51e jusqu’au 8 juillet 1943.

Il a reçu plusieurs décorations, nous apprend son dossier : médaille militaire, médaille coloniale, croix du combattant, entre autres.

Quand j’ai commencé mes recherches généalogiques de ce côté, j’ai posé l’hypothèse qu’il était devenu militaire parce qu’il avait perdu son père au tout début de la Première Guerre Mondiale. Tout comme j’ai posé l’hypothèse que mon père a été un temps militaire de carrière parce que mon grand-père l’était avant lui.

Je me rends compte que son dossier de résistant dit qu’il avait des compétences en comptabilité. Mon propre père l’était aussi et mon premier diplôme universitaire est dans ce domaine. Pour continuer dans les coïncidences, mon père a vécu à Nîmes en tant que militaire, j’y travaille depuis de nombreuses années comme chargé de cours en généalogie de même que ma nièce mais elle en tant que chargée de mission réduction vulnérabilité aux inondations. Il y a comme cela des coïncidences de génération en génération qui sont surprenantes. Mais je m’égare, revenons au dossier de résistant de mon grand-père.

René s’inscrit en Résistance, chez les FFI, le 17 juin 1944. Il le sera jusqu’à la Libération, dans le Maquis O.R.A. (pour Organisation de Résistance de l’Armée) dans l’Aveyron, à Durenque, qu’il rejoint le 14 août 1944, sous les ordres de Brugier où il exercera le rôle d’officier d’approvisionnement. Le 16 octobre 1944, il est nommé au front par le colonel commandant la Brigade Légère du Languedoc comme chef de section de commando avec le grade de capitaine (il est en fait lieutenant dans l’active depuis le 9 mai 1941). Il va s’occuper de la deuxième section du deuxième commando de la Brigade Légère du Languedoc.

Parmi ses actions, René participe à la « Colonne Leroy ». Selon l’Ordre aux Unités du groupement Leroy (FFI n° 105 du 25 août 1944), une colonne ennemie ayant été signalée le 24 août 1944 se dirigeant de Nizas sur Paulhan, l’Unité sous les ordres du commandant Brugier devra rester au mas d’Alary pour assurer protection de Lodève. Elle doit se placer à un endroit favorable et essayer de causer des pertes à l’ennemi sans se laisser accrocher et ne pas combattre dans les localités, faire des reconnaissances et renseigner exactement le commandement sur les mouvements des troupes allemandes, la nuit du 24 au 25 août et le 25 août. Le 27 août 1944, la « Colonne Leroy » arrive à Montpellier après le Groupe Franc du commandant Léon, le 21 août, suivi des maquis Bir Hakeim et Valmy (les 24 et 25).

Le 26 novembre 1944, il participe au combat de Réchésy (Territoire de Belfort). Il permet la prise du village après des combats âpres depuis une dizaine de jours dans le secteur de Suarce, Lepuix-Neuf et donc Réchésy.

Le général Zeller, commandant la 16e Région Militaire, le 14 mars 1945, le déclare apte au commandement d’une unité comme aux emplois administratifs. Le 16 avril 1945, la Commission Régionale d’Homologation des Grades le maintient dans le grade fictif FFI de capitaine. Mais ce n’est pas parce que cette Commission Régionale est d’accord qu’il devient à ce moment-là réellement capitaine. Il lui faudra attendre le 11 juin 1951 pour qu’il le soit de manière définitive.

Et ensuite ? Eh bien, il bénéficie de ce que l’armée appelle la PAGS : pension afférente au grade supérieur. Ce dispositif permet aux militaires de quitter l’institution en bénéficiant d’une pension militaire de retraite revalorisée par la prise en compte de l’indice de rémunération du grade supérieur à celui détenu lors de la radiation des cadres. Seuls les militaires de carrière en bénéficient, s’ils ont fait 27 ans d’armée pour les officiers. Il faut être à plus de 5 ans de la limite d’âge de son grade et avoir détenu, depuis au moins 2 ans, l’un des grades suivants ou l’équivalent : pour les officiers, au moins celui de capitaine.

La PAGS ne peut se cumuler avec un revenu au titre d’une activité dans le secteur public, sauf exceptions (notamment en cas d’engagement en qualité de sapeur-pompier volontaire ou pour exercer de façon occasionnelle des activités d’enseignement).

S’il reprenait un emploi, comme fonctionnaire ou contractuel, dans tout organisme public y compris dans la réserve, sa PAGS serait annulée et une pension militaire de retraite de droit commun attribuée. Ce qui explique pourquoi mon grand-père, une fois sa retraite militaire prise, exigeant qu’on l’appelle « commandant » et non « capitaine » puisque c’était le grade de sa retraite, n’a jamais retravaillé et que je l’ai toujours connu inactif.