Une de mes anciennes étudiantes m’a écrit à plusieurs reprises : « On vous aime pour votre côté professeur Tournesol ». M’enfin ! Professeur Tournesol, professeur Tournesol… Mais pourquoi lui ? Comme je ne suis pas un spécialiste de Tintin, je dois en avoir quelques rares ouvrages dans ma collection importante de BD (je suis plus Thorgal, XIII, Largo Winch, Astérix, Alix, Barbe Rouge, Guy Lefranc, Blake et Mortimer dans les classiques), il m’a fallu aller chercher quel était le caractère de ce personnage sur Internet. Pour comprendre en quoi je pouvais lui faire penser à ce personnage. C’est vrai quoi, ne restons pas idiot.

Tryphon Tournesol est un grand scientifique et inventeur, à la fois aimable et génial, mais aussi rêveur, excentrique et parfois irritable. Il est constamment vêtu d’un pardessus et d’un chapeau verts, d’un pantalon et de chaussures noirs, d’une chemise blanche à faux col et d’une fine cravate noire, dont l’âge est certain et indéfini. Il a également pratiqué de nombreux sports. Contrairement à de nombreux scientifiques, le professeur Tournesol n’a pas de spécialité bien définie. Il est atteint de surdité, ce qui crée des dialogues comiques, mais il a tendance à nier ce handicap. C’est un homme susceptible, en proie à de violents accès de colère, mais qui exprime peu ses sentiments. Le plus souvent maître de ses émotions, il est cependant sujet au vertige. Tryphon Tournesol est également un homme droit et honnête, qui fait preuve d’une grande indépendance et qui témoigne d’un grand attachement à la défense des droits de l’homme. Il établit avec le réel, au moyen de son pendule, tantôt des connexions inattendues, tantôt complètement loufoques.

Chez les auteurs de bande dessinée au XXe siècle, la figure du savant répond à un certain nombre de stéréotypes : sa tenue vestimentaire est le plus souvent désuète et négligée, comme pour souligner que le savant « n’appartient pas à son époque, qu’il est en quelque sorte détaché du contexte historique et social immédiat dans lequel il évolue » ; il est fréquemment présenté comme un éternel distrait, ce qui renforce sa relative indifférence aux évènements du quotidien. Enfin, le savant apparaît généralement comme un génie, travaillant seul, et « qui progresse dans son entreprise sous le coup d’inspirations subites ». Si, psychologiquement, Tournesol est resté semblable à lui-même, il n’en va pas de même de sa carrière scientifique dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a connu des bonds prodigieux. Michel Serres l’écrivait fort bien : « L’itinéraire fut exemplaire. Le petit inventeur pour concours Lépine était devenu physicien nucléaire. Du grenier où les lits à bascule et les machines à brosser les habits pullulaient, il était passé au laboratoire atomique« . (Michel Serres, Tintin ou le picaresque aujourd’hui, Critique n° 358, Éditions de Minuit, 1977). Il présente tous les caractères du scientifique décidé à faire prévaloir ses idées : une assurance sans faille, une obstination sans limites et une pointe d’irritabilité. Le professeur Tournesol est un romantique au sens large.

Un personnage à la fois aimable et génial, mais aussi rêveur, excentrique et parfois irritable donc. Aimable, il me semble d’après ce que me disent mes étudiants. Rêveur et excentrique, cela me correspond aussi assez. Irritable, tout le temps après les objets du fait de mon handicap, beaucoup plus rarement après les gens. Comme lui, j’ai un handicap, pas le même, mais je suis RQTH avec lourdeur du handicap. Un homme droit et honnête, qui fait preuve d’une grande indépendance (Là je ne me pose même pas la question) et qui témoigne d’un grand attachement à la défense des droits de l’homme (itou, aucune question à me poser sur ce sujet). Romantique comme lui. En revanche, côté assurance sans faille, il va me falloir fournir encore de multiples efforts, ce n’est pas encore vraiment ça, ce serait plutôt même le contraire. En tout cas c’est ainsi que je me perçois. Obstiné, c’est clair aussi. Ai-je une spécialité bien définie en généalogie ? Il me semble mais je peux avoir de nombreuses idées que j’ai envie de développer. De la plus farfelue à la plus réaliste. Et quand j’ai une idée, elle est bien là, bien présente. Alors oui, pourquoi pas ?