La didactique peut être définie comme l’étude des questions posées par l’enseignement, l’acquisition des connaissances dans les différentes disciplines scolaires.
Les premiers travaux en didactique ont souvent privilégié l’analyse des difficultés des élèves et des étudiants dans les apprentissages conceptuels. Ce travail est toujours en cours dans de nombreux domaines. Il peut être mené du primaire jusqu’à l’université, avec des modalités évidemment fort différentes suivant les niveaux d’enseignement et leurs objectifs.
L’acquisition de connaissances n’est pas la simple mémorisation d’informations fournies par l’extérieur (le maître, le livre, les médias, etc.). Ces informations sont filtrées, interprétées, mises en relation (ou compétition) avec des connaissances préalables. L’enseignement de certaines disciplines se heurte alors à des conceptions « spontanées » (l’adjectif signifiant non construites par l’enseignement) qui peuvent faire obstacle à l’apprentissage.
Une situation-problème est construite autour d’un « problème »c’est-à-dire un questionnement, une énigme, issue d’un objet, d’une observation, etc. (en général avec un support concret), dont la résolution nécessite l’investissement des élèves. Les élèves n’ont pas au départ, tous les moyens de répondre à la question. Ils doivent tout d’abord s’approprier le questionnement (dévolution) et mettre en œuvre leurs connaissances et leur ingéniosité pour trouver « une » solution (en passant par une expérience concrète si besoin).
La situation didactique peut être choisie par l’enseignant de façon que le problème révèle un conflit (cognitif) et que la résolution corresponde donc au franchissement d’un obstacle. Enfin, l’activité n’est pas nécessairement individuelle mais peut reposer sur un travail de groupe pouvant faire apparaître des conflits.
Qu’en est-il en généalogie ?
Les étudiants que nous avons dans le pôle généalogie de l’Université de Nîmes ont deux profils :
1/des généalogistes amateurs qui peuvent avoir plusieurs années de pratique. Ce peut être une pratique en salle d’archives, par le biais de sites Internet, en utilisant des logiciels
2/de véritables béotiens qui sont intéressés mais qui veulent partir de suite du bon pied (béotien, pas dans le sens péjoratif employé dans son ouvrage par Louis Desnoyers en 1907 mais dans le sens « personne qui ne possède pas des connaissances précises dans un domaine » plus proche donc du novice que du lourdaud. Jamais de jugement de valeur dans ma bouche).
De même, quand ils viennent s’inscrire, ils ont plusieurs envies :
1/devenir professionnel (en successoral ou en familial, dans le cadre d’un premier emploi ou d’une reconversion professionnelle)
2/juste se perfectionner.
Leur profil universitaire, comme leur âge, est très divers : de 19 ans à plus de 60 ans. Ils peuvent être en poursuite d’études pour les plus jeunes qui ajoutent la généalogie à leur parcours universitaire LMD (droit ou histoire le plus souvent) ou bien reprendre des études par plaisir après des années d’interruption, travailler à côté ou être à la recherche d’un emploi. Certains peuvent même n’être jamais allés à l’université avant. Ils ne sont donc pas une terre vierge et chacun va rencontrer ses difficultés au cours de la formation.
Il me faut donc composer avec ces profils, ces envies, ces niveaux différents pour à la fin mener une classe au savoir plus ou moins homogène. J’ai de mon côté des objectifs. Je sais au départ ce que je veux leur faire apprendre, les exercices que je vais leur donner : réalisation d’un arbre à la main pendant un temps imparti (pour ceux qui ont l’habitude de ne travailler qu’avec un logiciel, cet exercice comprend une véritable rupture), un mémoire individuel et, pour ceux qui sont en présentiel, un mémoire collectif où la classe aura une seule et unique note.
A travers ces exercices, ils vont devoir me montrer qu’ils se sont approprié le savoir que j’ai voulu leur transmettre. Pour les deux mémoires, ils auront dû aller en salle d’archives chercher une liste précise (mais non exhaustive) de documents et me donner leur méthodologie.
Le mémoire collectif va nécessiter pour eux un véritable investissement et une réflexion sur la manière de s’organiser entre eux pour obtenir un résultat qui leur convienne. Ils vont devoir s’adapter ensemble aux exigences des Archives Départementales du Gard qui les reçoit pendant 5 vendredis et uniquement pendant ce laps de temps, en fin d’année scolaire (alors qu’ils préféreraient que ce soit en début d’année pour qu’ils se servent ensuite de cette expérience pour travailler différemment leurs mémoires individuels). Le mémoire collectif est une véritable situation-problème. Alors que je peux les aider à résoudre leurs questions dans le cadre du mémoire individuel, je deviens observateur pendant le temps du mémoire collectif, ne les aidant que dans le cadre de la transcription de documents, allant d’un groupe à l’autre pour voir si tout se passe bien. Je les laisse chercher leurs propres solutions, mettre en place leur organisation.
Depuis quelques années, en France, tout un ensemble de travaux porte sur les questions de formation des maîtres, l’expression désignant aussi bien la formation initiale que continue. Dans ce cadre-là, je ne cesse de me poser des questions pour essayer d’améliorer ma pratique pédagogique.
Depuis que j’exerce ce métier de chargé de cours en généalogie, en 6 ans, j’ai accepté de remettre en question mes propres savoirs. A côté, je suis allé me former professionnellement, notamment sur la pédagogie positive, essayant de comprendre mon propre profil d’apprenant. Au fur et à mesure des lectures des mémoires individuels, je suis allé « picorer » des manières d’apprendre différentes des miennes.
Je ne suis ni un visuel ni un kinesthésique, un vrai verbal par contre, mais j’ai ces deux autres profils dans mes étudiants. Comment leur permettre de s’approprier le savoir que je veux leur transmettre ? Seule solution : Par le biais des autres. Connaissant mon profil d’apprenant, je connais aussi mieux mes limites et j’essaie de pallier à celles-ci.
Si des étudiants me rédigent dans leur méthodologie des parties sur ces thèmes, avec leur accord, en donnant leurs noms pour ne pas m’approprier leur travail, je récupère ces parties méthodologiques pour les transmettre aux promotions suivantes. Une des étudiantes m’a ainsi transmis sa carte mentale de mes cours de généalogie. Ce que je suis complètement incapable de faire mais cela peut aider d’autres étudiants.
De même, avec la responsable de la formation, nous avons mis en place des stages facultatifs d’une durée maximale de 6 mois pour que les kinesthésiques puissent apprendre plus facilement par ce biais.
Nous essayons ainsi par tous les moyens qu’ils passent leur semestre de formation dans les meilleures conditions possibles.