Vous connaissez le Loup de Tex Avery, notamment dans sa période cartoon de 1942 à 1949 ? Mais si rappelez-vous ! Dans Red Hot Riding Hood, datant de 1943, transposition du thème du Petit Chaperon rouge, le Loup est un séducteur allumé par une pin-up rousse dans une robe rouge moulante susurrant sa chanson et se trémoussant sous le halo d’un projecteur (le Chaperon Rouge, vous l’avez bien sûr reconnu sans difficulté). A sa vision, les yeux lui en sortent de la tête, il se tape dessus avec un marteau pour se calmer. Ayant récupéré le Chaperon Rouge, il lui promet monts et merveilles. Mais elle se refuse à lui et court se réfugier chez sa grand-mère. Le Loup la rejoint. Hélas pour lui, Mère-Grand tombe follement amoureuse de lui et le poursuit avec toute l’ assiduité d’une Ménade vierge en furie. Pris de panique, il se jette de l’immeuble. Passablement amoché, il retourne au cabaret où se produit le Chaperon Rouge. Cette expérience l’a traumatisé et il préfère se suicider plutôt que de céder à ses instincts et aux femmes. Las, le Chaperon Rouge apparaît devant lui, toujours aussi aguicheuse. Il sort alors deux pistolets et se tire deux balles. Son fantôme prend immédiatement le relais.
Pourquoi je vous raconte cela ? Eh bien parce que, hier soir, je travaillais sur la famille Lautrec. Comme tous les soirs, je mets à jour le travail réalisé cet été par mes stagiaires. Je regarde si je peux compléter leur travail de recherche.
J’étais sur la branche de Pézenas. Marvin avait complété le travail de Pascale et m’avait surligné en jaune deux enfants du couple Jean Lautrec et Jeanne Bonnet, marié en 1754. Deux enfants qu’il avait trouvé donc puisque le jaune était sa couleur de trouvaille. Un enfant né en 1754 et un autre né en 1760. Je reprends ma documentation. Tiens ! Pourquoi je n’ai pas noté une fille de ce couple morte en 1762 et un fils mort en 1786 ? Et pourquoi je n’ai pas noté le décès de Jean Lautrec en 1788 ? Aucune idée ! Je rajoute du coup et je me dis qu’il me faut compléter, trouver les parrains et marraines des enfants.
Donc direction les BMS de Pézenas sur Internet. Je tape les dates que j’avais et là je vois deux répertoires des naissances de 1627 à 1768 puis de 1769 à 1835 apparaître. Les yeux m’en sortent de la tête. Nom de ZEUS ! Mais venez donc les répertoires vous installer à ma table ! Et me voilà en train d’éplucher la lettre L.
Je me note les naissances qui apparaissent sous mes yeux tout esbaudis. Les répertoires sont très bien faits. Non seulement j’ai la date mais j’ai aussi les noms et prénoms des parents pour ê confirmer que ce sont bien les enfants du couple que je cherche. Je trouve donc, en plus de la date de naissance des deux enfants morts et des deux enfants trouvés par Marvin, la naissance d’un Guillaume et d’un Jacques-Gilbert.
Guillaume ? Jacques-Gilbert ? Mais ça me cause ces prénoms ! Derechef retour dans le travail de mes stagiaires. YES ! J’ai bien un Guillaume, marié à un âge correspondant à ce Guillaume nouvellement trouvé, qui me fait de la descendance sur Pézenas et que pour le moment je n’avais rattaché à personne. Ben voilà c’est fait. Quant à Jacques-Gilbert j’en ai un à Florensac à la même époque qui me donne lui aussi une branche. Et hop, rattaché aussi ! Jacques-Gilbert est quand même un prénom composé peu répandu pour que ce ne soit pas lui.
Pour une autre branche, Montblanc, j’avais comme départ Guillaume Lautrec et Jeanne Bonnet, d’où un fils prénommé Pierre né à Pézenas, marié à Montblanc d’où descendance. Et celui né en 1754 à Pézenas se prénomme Pierre, fils de Jean Lautrec (et non Guillaume) et de Jeanne Bonnet. Il n’y a que le prénom du père qui change. Mais tout le reste correspond. Et mon Pierre de 1754 a un frère prénommé Guillaume, prénom que l’on retrouve aussi dans les ancêtres de Jean son père. Cela fleure bon quand même. En outre, l’âge au décès du Pierre habitant Montblanc nous donne 1753 comme date de naissance. Euh… Beaucoup de coïncidences là quand même ! Si mon Pierre marié à Montblanc n’est pas le Pierre né à Pézenas, à moi la peur !
J’avoue qu’au fur et à mesure des découvertes, j’ai senti l’excitation monter. Et à mon avis, ce n’est pas fini. C’est parti ensuite pour le dépouillement systématique des tables décennales de Pézenas. Et voir si les mariages sont aussi bien répertoriés ou pas. Sait-on jamais ! Sait-on jamais ! Je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. Je me sens comme le Lapin Blanc d’Alice : en retard, toujours en retard.
4 réponses à “Lorgner sur les archives avec toute la lubricité du Loup de Tex Avery”
Mes excitations ?
bien sûr, comme tout le monde, trouver le Graal (jusqu’au suivant bien sûr), l’acte introuvable ! et finalement trouvé.
Avoir trouvé la trace d’une famille en Argentine et galérer pour leur trouver des descendants
Découvrir la signature des mes ancêtres les plus anciens.
Et, actuellement, retrouver leurs traces au village. avec les joies de l’exploration des matrices cadastrales dans le b… (dés)organisé de la mairie.
Il parait aussi qu’un de mes ancêtres jouait de l’orgue à l’église (pour son plaisir, comme son père et son frère) et que des partitions y existeraient, à son nom. Prochaine quête à mon retour au village. Car, bien sûr ,tout cela n’est présent qu’au village. Pas aux archives.
Un vrai jeu de piste car les archives sont non seulement à la mairie, mais aussi réparties (conservées) dans au moins deux des églises et chapelles du village.
A suivre
Si je trouve du temps, je rédigerai un petit article sur la découverte d’un québécois à Bastia, fin XVIII°. Une histoire rocambolesque et encore mystérieuse.
Mais on trouve aussi des horreurs … qui font froid dans le dos … découvrir qu’une partie de ma famille paternelle a été déportée ( je ne savais pas qu’il y en avait autant …) et en même temps qu’un membre de sa famille maternelle était haut fonctionnaire à Vichy … dur dur …
et en faisant des recherches pour mon mémoire, éplucher les BMS de Rosnoen de 1711 à 1748 et lire des pages et des pages de décès d’enfants et d’adultes jeunes sur plus de deux ans …
envie de tout abandonner … et pourtant continuer c’est ne pas les oublier
Bonsoir Sylvie,
Bien sûr qu’on trouve aussi des horreurs. Parce que la vie n’est pas que belle, parce que l’homme n’est pas que bon. Parce qu’il existe aussi le mal et qu’il est propre à l’Homme. Bien sûr que, dans ces moments là, c’est dur, c’est compliqué et difficile.
Bien sûr que dans ces cas-là, on a envie de tout jeter. Pour ne pas y être confronté. Parce que cela fait mal. Parce qu’on a envie de hurler du plus profond de nous même.
Mais vous n’êtes pas seule. D’autres généalogistes, d’autres humains, sont là. Pour vous tendre la main. Le temps qu’il vous faudra. Et vous aider à passer cette épreuve. Ne l’oubliez jamais.
Si besoin est, une main, quelque part, vous est toujours tendue. La mienne vous est acquise si vous la voulez.
Merci Stéphane ; votre message me fait monter les larmes aux yeux.