Ce concept de développement durable est abordé pour la première fois en 1972, à Stockholm, lors d’une Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain. Le concept sera officialisé en 1987, toujours par les Nations Unies : il est alors défini comme un développement qui satisfait les besoins de la génération présente sans compromettre les capacités des générations futures à satisfaire les leurs. La culture est alors complètement absente lors de cette définition.

 

En 2002, Porto Alegre, dans le cadre de l’Agenda 21, organise une Réunion mondiale pour la culture. La culture est alors inscrite sur l’Agenda des collectivités locales. Ce rôle est officiellement reconnu par le Forum de Barcelone sur l’intégration sociale en 2004.

 

Quatre thèmes vont définir la place de ce nouveau pilier :

  • Nécessité de respecter les droits culturels considérés comme des Droits de l’Homme.
  • Respect par les gouvernances locales des exigences culturelles.
  • Prise en considération du rôle majeur de la culture pour assurer l’intégration sociale.
  • Reconnaissance du potentiel économique des activités culturelles.

 

Les trois autres piliers du développement durable sont bien évidemment l’économique, le social et l’environnemental. Ces trois piliers normalement vous les connaissez.

 

Une fois  ce cadre posé, qu’en est-il de la généalogie ?

 

Une évidence depuis des années, elle participe au développement social. Vous ne me croyez pas ? Regardez ce qui se passe avec les EPIDE. L’armée et la FFG ont mis en place un partenariat pour faciliter par ce biais l’insertion des jeunes en difficulté. Et ça fonctionne ! Mais par contre, les professionnels ont raté le coche sur ce sujet et je ne suis pas sûr qu’ils puissent le rattraper un jour.

 

Du point de vue environnemental, il me semble que la numérisation permet d’utiliser moins de papier.  Combien d’entre vous éditent désormais les documents qu’ils ont téléchargé ? Vous pouvez vous les échanger via des sites de transfert de gros fichiers, via des clés USB, via des disques durs externes plutôt que les copies que vous pouviez vous envoyer par le temps passé les uns les autres.

 

Du point de vue de l’emploi, l’INSEE a calculé l’augmentation des dépenses « loisirs et culture » entre 1960 et 2002. En moyenne annuelle, elles ont augmenté de 4,5% en volume et de 4,7% en valeur. En 2013, les ménages ont consacré 8,3% de leur budget à la culture et aux loisirs. La généalogie fait partie des « biens supérieurs », c’est-à-dire des biens que l’on achète, pour lesquels on fait des dépenses une fois toutes les autres dépenses basiques (logement, nourriture, habillement) satisfaites.  C’est un besoin utile mais pas forcément nécessaire. La culture en tant que bien supérieur peut alors être considérée comme un bien de luxe, c’est-à-dire à la fois accessible aux personnes ayant des revenus plus élevés que les autres et qui peut être demandé pour ses effets de représentation.

 

La généalogie est un loisir culturel. Depuis des années, elle a explosé. Ne me dites pas que cette explosion n’a pas créé de l’emploi, je ne vous croirais pas : Geneanet, Filae, les logiciels de généalogie, la numérisation des archives, sans parler des professionnels,  ont créé de l’emploi. Et ne me dites pas non plus que ce n’est pas un bien supérieur. C’est un discours que j’entends très souvent de la part de mes confrères : « la généalogie n’est pas un produit de première nécessité. Avec la crise, les commandes baissent, l’argent est mis ailleurs » Et autres discours pessimistes dans leurs bouches. Bon alors si c’est un bien supérieur, qu’en est-il de ses effets de représentation ? Un généalogiste professionnel s’est-il penché un jour sur ce sujet ? Je ne crois pas, il est plus simple de dire que c’est la crise et que le métier va disparaître.

 

De même la généalogie est complètement absente des secteurs quasi-culturels comme par exemple la mode, le design, les jeux vidéo. Quel professionnel a pensé par exemple à une ludification de la généalogie ? Pour le moment, personne ! Je ne parle même pas de mode et de design, ni de merchandising. Ce sont pour le moment des gros mots dans la bouche de la majorité (sauf un de mes étudiants en cours d’installation qui m’en a parlé immédiatement quand il m’a dit qu’il voulait s’installer. HOUBA ! Enfin un !).

 

Je suis persuadé que, comme tous les autres pans de la culture, la généalogie peut participer, certes à son niveau, à cet Agenda 21 de la culture. Il n’y a pas de raison qu’elle en soit exclue. Elle le fait déjà mais qui en avait conscience jusqu’à présent ? Pas grand monde je crois. Et si on accélérait le mouvement ? Qu’en pensez-vous ?