Les Anti-Sivens ont encore frappé. Jeudi dernier, le site des Archives Départementales du Tarn a encore été victime d’une nouvelle attaque et a dû fermer.J’avais essayé d’être pédagogue la première fois, de peser le pour et le contre.  Là, je vais l’être beaucoup moins. Parce que, en tant que professionnel, être une victime collatérale de ce combat ne me convient pas. Donc tout d’abord, un petit lien de présentation de nos ZADistes, présentation faite par des reporters anglais, tournée les 4 et 5 septembre 2014 : Barrage anti-Sivens. Ce reportage dure 14 minutes mais j’avoue que voir des herses construites sur les routes, des feux de barricades, des caisses de cocktails Molotov, des bouteilles de gaz piégées m’ont plus fait penser à des méthodes terroristes qu’à une approche flower power. Je ne pense pas avoir vu ce type de reportage dans les médias français et il me semble que cela permet de mieux comprendre pourquoi les gendarmes ont utilisé des grenades offensives. Avec la conséquence malheureuse que cela a eu : RIP Rémi Fraisse, tu étais au mauvais endroit au mauvais moment. Je vais essayer de me placer dans une explication du pourquoi. Pourquoi s’attaquer aux Archives (et aux autres sites culturels) ? Quel est le sens caché de cela ? Je ne vois pas trop le lien entre un barrage controversé et une attaque d’un site d’Archives. Sauf si je me place à nouveau dans une perspective guerrière où, tout comme lors de la Commune de Paris, les deux conflits mondiaux, ce sont les biens culturels à qui l’on porte atteinte.  Et tout comme les signataires de la Convention de La Haye, en 1954 (mais nos ZADistes ne doivent pas la connaître), je suis convaincu que chaque atteinte aux biens culturels, quels qu’ils soient, est une atteinte faite à l’Humanité. En quoi s’attaquer au site des Archives Départementales du Tarn fait-il avancer leur cause ? Je n’ai pas encore réussi à trouver une réponse qui me convienne.Toucher un site tel que celui-ci, c’est symboliquement s’en prendre au Conseil Général, certes, mais aussi à l’histoire du département du Tarn, à ce qui fait qu’il est le Tarn. Les Archives ont été une cible directe et privilégiée. Toucher l’ennemi au coeur, effacer son identité. Tel est le but des attaques patrimoniales, quelles qu’elle soient. Les Archives n’ont aucune portée stratégique. Mais cela permet de radicaliser encore un peu plus les tensions, de les exacerber. Le but est de rendre tout retour en arrière impossible. Ce n’est qu’une escalade dans la violence. Les Archives sont porteuses de valeurs et ce sont en fait à ces valeurs qu’ils s’attaquent. Le but est de faire disparaître les repères collectifs, d’affaiblir confiance et cohésion. Le but est de vouloir empêcher la reconstruction après leur passage. Les ZADistes deviennent des Attila. C’est une volonté délibérée d’effacer l’identité des Tarnais. Vous voulez construire un barrage, nous ne le voulons pas, nous touchons à votre identité pour vous forcer à aller vers où nous voulons vous mener. C’est la grande différence avec les casseurs professionnels qui eux s’attaquent aux représentations de la société commerciale (banques, magasins) ou de l’Etat (comme les administrations ou la Préfecture). S’attaquer aux Archives, et je n’oublie pas qu’elles n’ont pas ouvert pendant les Journées du Patrimoine cette année pour éviter toute dégradation éventuelle, est une arme de déstabilisation. C’est un crime de guerre selon les statuts de Rome. Je ne pense pas que les ZADistes l’aient vu ainsi. Et pourtant….