Eh oui ! On l’ignore très souvent mais qui dit monnaie dit aussi archives ! La majorité de celles-ci nous renseignent largement sur la vie de l’atelier et des villes relevant de leur ressort respectif. Elles sont souvent mal considérées par les numismates. Certains n’hésitent pas à dire qu’elles ne servent à rien. En fait, cela cache souvent une lacune en lecture des actes anciens, une incapacité à se plonger dès lors dans l’étude des sources écrites originales. Et pourtant que de trésors cachés nous révèlent-elles ! Les archives permettent de déterminer les différentes émissions monétaires : poids, titre, périodes de frappe, quantités fabriquées. De nombreux registres étaient tenus pour contrôler toute la chaîne des opérations, de l’arrivée du métal au change à la mise en circulation. Chaque atelier tenait des registres de délivrance. Hélas, 85% de ceux-ci ont disparus pour les XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles. Chaque atelier, en fonction de ses productions, était tenu de prélever une ou plusieurs monnaies parmi celles devant être mises en circulation, au hasard, par les gardes de l’atelier puis elles étaient placées dans une boîte fermant à 3 clés. Ces boites étaient régulièrement ouvertes pour contrôle à la Chambre des Monnaies. De 1493 à 1760, le détail de ces boîtes est presque intégralement parvenu jusqu’à nous. Nombre d’archives sont constituées d’actes relatifs au fonctionnement de l’atelier, aux nominations du personnel, à la réception des orfêvres, au contrôle des changeurs, etc. On parle pour celles-ci d’archives « civiles ». La vie de l’atelier a laissé des traces sur la frappe des monnaies. Puis nous avons des archives criminelles. Le crime de fausse monnaie était un crime de lèse-majesté. Jusqu’au XVIème, les faux-monnayeurs étaient ébouillantés en place publique (on savait s’amuser dans ces temps-là). Puis ils furent pendus. Si le faux-monnayeur était un noble, il était décapité. Nous pouvons enfin trouver des plans d’atelier datant du XVIIIème siècle. Bref, une mine d’or trop souvent inexploitée.