Selon Philippe Coulangeon, directeur de recherche au CNRS, membre de l’Observatoire sociologique du changement à Sciences Po Paris, chercheur associé au laboratoire de sociologie quantitative du CREST à l’INSEE, la généalogie fait partie de ces domaines étrangers au champ de la culture mais dans lesquels s’étendent des pratiques culturelles par l’adoption d’attitudes s’inspirant des usages en vigueurs dans le monde académique. En effet, pour lui, les formes d’érudition des généalogistes sont des formes « non savantes ». Selon Bromberger, tout comme les collectionneurs passionnés, surtout quand leur passion se porte sur des objets en apparence des plus dérisoires, les généalogistes peuvent être d’inlassables érudits et classificateurs puisant une partie de leur jouissance dans les méandres d’un savoir encyclopédique. Ce serait selon Le Guern, une forme de « culte médiatique ». Toutefois, c’est aussi une forme d’engagement militant. Qui dit généalogiste dit souvent engagement associatif d’une manière ou d’une autre, notamment pour sauvegarder des fonds d’archives par le biais de l’indexation, l’accumulation de données et leur diffusion…. Un engagement dans lequel prime l’expression de soi dans un temps libéré des contraintes professionnelles et domestiques. Je ne sais si c’est le cas pour la généalogie, mais pour ce qui est de l’engagement associatif en général, il est toujours plus fort chez les diplômés de l’enseignement supérieur (60% contre 32% pour les ménages dont la personne de référence du ménage est sans diplôme). Cette notion « domaine étranger à la culture » pour la généalogie ne me plaît pas du tout, soyons clair : si ce n’est de la culture c’est quoi alors ? Et puis d’abord, c’est quoi la bonne définition de la culture ? Toutefois, le côté « engagement militant » me plaît beaucoup plus, rétablit l’équilibre de la balance. Je crois que la généalogie est bien plus complexe, plus difficile à appréhender que ne le pensent les sociologues. D’une certaine manière, elle n’entre pas dans les cases. Le public est en train de changer. Les pratiques sont en train de changer. Les recherches sont en train de se modifier elles aussi. A mon avis, il faut aller beaucoup plus en profondeur. Ne pas s’attarder que sur une seule notion. Existe-t-il une ou des généalogies ? Ne s’agit-il pas d’u mot générique tout compte fait, qu’il faut affiner ? Quel lien peut-on faire entre un généalogiste professionnel successoral et un généalogiste amateur qui fait des relevés systématiques ou de l’indexation ? Leurs pratiques généalogiques sont complètement différentes, leur approche aussi. Pourtant, ils font tous les deux de la généalogie, ils sont tous les deux qualifiés de généalogistes. Ce serait un travail intéressant à mettre en place. Non ?