Je ne sais plus si j’ai trouvé cela en série B (archives de la justice d’ancien régime) ou en série G (archives de l’officialité diocésaine, entre autres). Je ne sais plus parce que le curé s’est trouvé impliqué malgré lui. Tout commence par la vente de la seigneurie de Larroque-Roucazel. La famille noble qui la possède est complètement désargentée. Les mariages avec des bourgeois n’ont pas suffit à redorer son blason. Elle vend donc sa seigneurie à un parvenu, un roturier, un bourgeois issu d’une famille de marchands du village voisin. En ayant acheté la seigneurie, le bourgeois s’est cru devenu noble. Erreur ! Mal lui en a pris. Ce jour-là, il aurait mieux fait de se taire. Arrivé dans l’église, il exige que ses manants s’en aillent de SON banc seigneurial. Les anciens seigneurs ayant accordé, depuis des générations, l’usage aux paroissiens de s’asseoir dessus, personne ne bouge. Le ton monte, très vite. La messe n’est pas prête de débuter. Le prêtre essaie de s’interposer, de jouer le diplomate. Mais rien n’y fait. Chacun campe sur ses positions. Deux camps se forment. Le sang chauffe, se met même à bouillir. Les coups pleuvent comme des hallebardes. Dans l’église. Sur le parvis. On se course dans le cimetière adjacent. Le curé essaie de sauver comme il peut son chemin de croix et ses statues. Pour les quelques tableaux offerts par les anciens seigneurs, c’est trop tard, ils ont rendu leurs derniers soupirs. Résultat ? La messe est oubliée, le banc est en miettes, la mâchoire du nouveau seigneur aussi. Qui du coup porte plainte devant le juge de Valence d’Albigeois. Bien embêté ce juge car, une fois la bataille terminée, tout le monde s’est coalisé contre le seigneur. Les coups de poings ont été oubliés, les insultes aussi. Et le juge a rendu ce qu’il a pu comme jugement. Pas simple pour lui ! Un des villageois a été condamné pour la forme, celui qui pensait-on avait malaxé à coups de poings la mâchoire du seigneur. Sans que l’on sache vraiment si c’était lui ou pas. J’ai adoré lire cette histoire dans laquelle j’ai retrouvé trace de mes ancêtres.