Quand on s’intéresse à la sociologie des pratiques culturelles, nous pouvons nous rendre compte que la généalogie est au carrefour de plusieurs de celles-ci : la lecture (qui est censée être selon les sociologues la plus légitime par rapport à d’autres pratiques), l’écriture, la photographie, l’usage des TIC, les musées et le patrimoine. Quel généalogiste n’a pas lu un ou plusieurs livres historisques pour mieux comprendre le contexte de vie de ses ancêtres ? Quel généalogiste n’a pas écrit sur ses ancêtres, que ce soit par le biais d’un blog, d’un article, ou simplement pour la famille ? Pouvez-vous me dire quel généalogiste n’utilise pas à l’heure actuelle les TIC ? Ils doivent être peu nombreux, s’ils existent encore. Combien de généalogistes ne sont pas aller voir une exposition, ne serait-ce que celles organisées par ses Archives Départementales ? Combien ne s’intéressent pas, d’une manière ou d’une autre, à ce qu’on appelle le petit patrimoine et à sa conservation ? Parfois même sans le savoir. Sans en avoir pleinement conscience. Quel généalogiste ne se sert pas d’un appareil photo comme instrument de la mémoire ? Parce qu’il a vu la signature d’un ancêtre, un acte qui l’intéresse, une photo qu’il faut restaurer, une lettrine ou un grotesque, un filigrane ou que sais-je encore. Il n’est plus un simple collectionneur d’actes. Il peut aussi aider à la numérisation et à la conservation des documents qu’il consulte. Combien de généalogistes ne sont pas allés, à un moment ou un autre de leur vie, dans une forme plus ou moins importante d’engagement associatif, pas forcément en étant membre d’une association mais par exemple en faisant de l’indexation pour les AD, ou en se battant pour mettre en place des pétitions contre le paiement d’actes en ligne dans des sites d’AD ? Je crois que tout cela participe à la démocratie culturelle qui existe depuis les années 1980. Elle est soucieuse des identités locales ou régionales, des cultures minoritaires, des traditions populaires. Si l’on en croit le décret du 10 mai 1982, elle permet « à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le bénéfice de la collectivité toute entière. » Il me semble que nous sommes bien dans cette forme de démocratie quand nous faisons de la généalogie. Dans de prochains posts, j’essaierais de plus détailler chacune de ces pratiques. Histoire d’agrandir encore un peu plus le débat.