Il y a quelques années, quand j’étais encore membre d’une chambre c’est dire si cela date, j’avais discuté avec des confrères généalogistes familiaux, affirmant qu’il était possible à un généalogiste familial de pouvoir se développer autant qu’un généalogiste successoral, voire même réaliser un chiffre d’affaires équivalent. Mes confrères n’y croyaient pas du tout. Et le mot est faible. A l’heure où je me pose des questions sur une éventuelle embauche d’une, voire deux, personne(s) en plus (pour pouvoir profiter de mes week-ends, par exemple, ou ne pas faire attendre des clients plusieurs mois par manque de temps à leur consacrer complètement, ce qui est plus grave que mes week-ends, et enfin développer des projets qui dorment dans des cartons depuis plusieurs années faute de manque de temps), la question surgit à nouveau. Il faut dire que ma lecture actuelle sur l’économie de la connaissance (eh oui, le livre est petit mais dense, donc long à lire) n’y est sans doute pas pour rien. Il existe en économie de la connaissance ce qu’on appelle l’Argument de Baumol. De quoi s’agit-il ? Il y a dans notre économie des secteurs progressifs et d’autres qui ne le sont pas. Presque une lapalissade dit comme cela. En fait, il faut aller chercher plus loin. Il y a des secteurs intrinsèquement non progressifs pour lesquels les limites de la croissance sont inhérentes à la substance de l’activité. C’est le cas du spectacle vivant. Difficile d’accélérer la musique de Mozart ou de jouer une pièce avec moins d’acteurs que prévu. Il y a aussi des secteurs structurellement non progressifs. Les problèmes sont liés aux modes de création et d’exploitation des savoirs. ils ont été établis à un moment donné, compte tenu d’un certain état des connaissances. Ils peuvent donc évoluer. Mais parfois, cette évolution « naturelle » peut être ralentie par des « croyances ». Pour moi, le secteur de la généalogie professionnelle est typiquement là dedans. Ce que j’ai entendu de mes confrères lors de cette discussion passée est une croyance. Rien n’empêche le développement économique a priori. Il existe des opportunités offertes notamment par le changement technologique mais pas seulement. Par contre, je subodore que l’on se met des freins. Car le secteur de la généalogie s’est transformé. De nouveaux acteurs sont apparus, se sont développés, s’adaptaient au fur et à mesure que la généalogie évoluait. Et nous ? Que s’est-il passé pendant ce temps-là ? A part d’être à la traine ? Pourquoi n’osons-nous pas ? De quoi avons-nous peur ? C’est comme si nous n’avions pas pris conscience de nos avantages, des arguments que nous pouvons faire valoir à notre clientèle, des preuves que nous pouvons apporter de notre savoir. C’est en tout cas l’impression que j’ai parfois quand je suis des formations et que je discute avec d’autres professionnels libéraux. En tout cas, c’est ce qu’ils me renvoient et je ne me sens pas « coincé », étant plus dans l’envie de développer mon entreprise. Et si on essayait pour une fois de croire l’inverse, que nous sommes en capacité de nous développer, de prendre une place suffisante ? Après tout, quel est le risque ?