Images, représentations, portraits, caricatures dans le Midi rhodanien de 1789 à 1939

Colloque de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard

Avec le concours du département d’histoire des universités d’Avignon et de Nîmes.

19-20 novembre 2020

La grande familiarité des historiens et, en particulier, des historiens d’art avec la représentation figurée des personnages historiques, notamment dans leurs pratiques (recherches, enseignement, communications et publications….) relève parfois de l’illustration. On pense bien sûr aux portraits officiels des souverains de la monarchie d’Ancien Régime, mais aussi de la reconstruction figurée de nature historiciste de grandes figures (Charlemagne, Henri IV, François Ier…) ; on y associe souvent des représentations de batailles, de victoires militaires, ainsi que d’innombrables images allégoriques….

Mais qu’en est-il de la représentation de personnages contemporains telle que nous la connaissons dans l’intervalle déterminant entre 1789 et 1939 ? La Révolution a trouvé un nouveau champ iconographique dans la figuration héroïque – ou simplement documentaire – des nouveaux promus ou celle, satirique, des figures emblématiques de l’ancienne noblesse. Comment artistes peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs, photographes ont-ils été conduits à montrer les personnages et témoigner de l’histoire de leur temps ? Comment les techniques nouvelles telles la lithographie, la photographie et la photogravure, accroissent-elles la diffusion de l’image des figures politiques ? Comment le regard que l’on pose sur elles devient-il porteur d’une charge signifiante, collectivement partagée ? Quel rôle la presse tient-elle dans cette accélération de la diffusion d’images ?

Du pasteur nîmois Rabaut Saint-Etienne à Edouard Daladier qui a commencé sa carrière à Carpentras, de Boissy d’Anglas, en passant par Guizot et Adolphe Crémieux, le Midi rhodanien a donné naissance à des figures politiques ayant rayonné au niveau national et ayant suscité portraits et caricatures sous formes de peintures, dessins, gravures, affiches, sculptures, bustes, monuments, monnaies, médailles, photographies, masques mortuaires… La mise en image n’a pas épargné – ou a célébré – des figures de la représentation nationale, élus du Midi rhodanien comme le député boulangiste du Vaucluse, Alfred Naquet ou le poète nîmois Jean Reboul, Jules Cazot d’Alès, le baron de Larcy, né au Vigan, Raspail, né à Carpentras et Emile Jamais dont Gaston Doumergue, comme lui originaire d’Aigues-Vives, reprend le fauteuil. Les grandes figures politiques municipales bien- sûr comme, à Nîmes, Gaston Maruejol, peut-être le plus représenté ou Hubert Rouger ; des « communards » comme Napoléon Gaillard, originaire de Nîmes ; des représentants de l’Etat tel Jean- Baptiste Dubois de Jancigny, premier préfet du Gard ; des figures politiques dont le titre se rattache au Midi rhodanien comme la duchesse d’Uzès au temps de Boulanger, ou le nom, comme Léon Daudet, rédacteur de l’Action française, qui signe en 1933, avec Maurras, Notre Provence.

Cinq thèmes seront abordés autour de la représentation des figures politiques :

1. La figure politique mise en images. Qu’est-ce qui promeut une figure politique en production iconographique ? Quelles circonstances particulières – action et notoriété politique, visite, scandale, soupçons, décès, célébrité littéraire – deviennent productrices d’images ?

2. La figure politique et son contexte. Comment s’inscrit le pays natal dans l’iconographie générée par une figure politique ? Comment s’articulent les représentations de différentes figures politiques, d’une même tendance ou d’idéologies antagonistes (représentations de groupes, séries à l’instar des figures du juste-milieu de Daumier…) ? Quels marqueurs politiques (symboles, emblèmes, allégories) accompagnent les individus représentés ? à une époque où les femmes sont exclues de la vie politique, quelle place tiennent les sujets féminins ou les représentations genrées dans la mise en scène des figures politiques ?

3. La production de l’image d’une figure politique. Quelle est la part des initiatives officielles ? Qu’est-ce qui relève de la statuomanie ? Quelle place donner aux initiatives spontanées ? Quels discours politiques véhicule-t-elle ? Comment se construit le travail de propagande ? Quelles logiques esthétiques sont mises en œuvre ? Comment cette image est-elle réalisée ? A qui les commanditaires ont-ils recours pour la fabriquer ?

4. Les usages de l’image d’une figure politique. Qu’en fait-on ? Comment est-elle diffusée ? Comment circule-t-elle pour les bustes ou les statues ? Où prend-elle place ? Quels supports – journaux, affiches, tracts, livres, statuaire – assurent-ils sa diffusion ? Comment mesurer et analyser sa réception ? Est-elle objet d’adulation ou d’exécration ? Comment interpréter les images abimées, l’iconoclasme ? Quel est l’impact de cette image et quels effets produit-elle sur ceux qui la reçoivent ?

5. La conservation des images des figures politiques. Comment survivent-elles à celle ou celui qu’elles représentent ? Comment les collections se constituent-elles ? Qui alimente ces collections ? Comment sont-elles conservées et/ou exposées et dans quelles circonstances ?

Les sujets des communications peuvent être, bien entendu, transversaux aux différentes thématiques énoncées ci-dessus, qui n’ont qu’une valeur indicative et non exhaustive, et couvrir une trame chronologique plus ou moins étendue à l’intérieur du cadre établi. L’ensemble du champ historique dans ses dimensions scientifique et technique, économique et sociale, culturelle, politique, anthropologique, est invité à concourir au traitement de cette question.

A Nîmes, le musée du Vieux Nîmes, le musée des Beaux-arts, les Archives départementales, les Archives municipales ou encore l’Académie disposent de collections encore largement méconnues qui constituent des sources que nous invitons les chercheurs à exploiter. Les configurations politiques particulières de cette région dont le bas-Rhône constitue la colonne géographique et où se sont affrontés sans aménité républicains et royalistes, rouges et blancs, conservateurs et promoteurs de l’idéal laïque, font-elles du Midi rhodanien un terreau iconographique original dans le cadre d’évolutions constatées également ailleurs ?

CALENDRIER

Le colloque se tiendra les jeudi 19 et vendredi 20 novembre 2020 dans l’auditorium des

Archives départementales du Gard, 365 rue du Forez, à Nîmes.

Les propositions de communication comprendront un titre ainsi qu’un texte d’une quinzaine de lignes en présentant les idées directrices.

Elles seront accompagnées d’un bref CV présentant son auteur (Titres, publications…).

Il sera possible d’y apporter des modifications jusqu’à la fin mars 2020, avant l’élaboration du

programme officiel du colloque.

Les propositions devront nous parvenir d ’ici la fin novembre 2019 pour être examinées par le Comité scientifique :

· soit par courrier postal à l’adresse suivante :

SHMCNG Archives départementales du Gard, 365 rue du Forez, 30 000 Nîmes.

· soit par courrier électronique à l’adresse du président : didierlavrut747@gmail.com

Les frais de déplacement, d’hébergement et de restauration des contributeurs sont pris en charge par la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard.

L’avis du Comité scientifique sera communiqué à celles et à ceux qui auront envoyé une proposition, courant décembre 2019.