Après plusieurs semaines d’interruption, pour cause de travail (le mois de juin est passé à une vitesse) et après une tentative d’hameçonnage à partir de mon blog que j’ai signalée à mon webmaster, me voici enfin de retour. J’espère pouvoir rédiger à nouveau régulièrement.
Sur le site d’une nouvelle formation, qui propose de la formation professionnelle, je peux lire que cette dernière est accessible aux conditions suivantes (onglet admission de leur site) :
Option successorale : Licence Droit ou Histoire.
Option Familiale : Baccalauréat.
Cette différence de 3 ans de formation préalable entre les deux options professionnelles pour pouvoir être admis chez eux me choque. Pourquoi le niveau d’études préalable d’un généalogiste professionnel doit-il être si décalé entre un familial et un successoral ? Comme si l’on n’avait pas besoin de s’être formé en droit ou en histoire avant d’être familial. Cela me paraît discriminant, méprisant même envers les familiaux. C’est vrai quoi, ce ne sont QUE des familiaux après tout. C’est en tout cas ainsi que je le ressens. Cela me hérisse le poil de partout.
Cette différence est basée sur quoi ? Obligation de résultat (successoraux) versus obligation de moyens (familiaux), la première nécessitant forcément une formation plus poussée ? Une étude de marché exhaustive où tous les généalogistes professionnels, tant familiaux que successoraux, ont été interrogés sur les diplômes qu’ils ont passés avant de devenir professionnels, ce qui a permis de déterminer que les familiaux sont en moyenne des professionnels qui ne sont jamais allés à l’université ? Une étude des compétences de chacun ? Supposées ou réelles ? Métier-passion, métier-vocation versus métier « réel » et rémunérateur ? Les interlocuteurs qui sont différents : il vaut mieux avoir fait des études avant de discuter avec un notaire, parce qu’il faut montrer son sérieux, alors qu’en face le familial, après tout il n’y a que des particuliers ?
De même, chez eux, un apprenant en généalogie familiale ne fait que 2 à 3 mois de stage obligatoire (dont un aux AD) alors qu’un apprenant en généalogie successorale doit faire 3 à 6 mois de stage dans un cabinet de généalogie successorale (onglet formation de leur site). Que faut-il en conclure là encore ? Pourquoi n’ont-ils pas le même nombre de mois de stage ? Le travail du successoral s’apprend-il moins vite ou est-il plus complexe que celui du familial ? Le travail d’un familial est tellement ouvert pourtant. Les demandes tellement différentes d’un dossier à l’autre. Si je prends les recherches dans les six derniers mois, j’ai eu : des recherches proches de la limite des 75 ans pour préparer une succession ou pour des questions médicales ; la recherche d’un tableau ; une personne bloquée dans ses recherches au début du XVIIIème siècle me demandant de parcourir les registres notariés antérieurs à 1720 à la recherche de ses ancêtres ; la lecture, transcription et traduction en français d’un compoix occitan du XVIème siècle ; de la transcription de documents notariés des XVIIème et XVIIIème siècles quasi à la chaîne ; l’écriture d’un article historique sur une branche médiévale partie à l’étranger d’une famille connue avec cartographie ; des recherches dans les hypothèques.
Si je reprends les dossiers clients du passé, cela a été des demandes de clients étrangers voulant récupérer la nationalité française de leurs ancêtres français ; la volonté de relever un nom de famille ; une recherche proche de la psychogénéalogie (mais que le volet généalogie me concernant, je ne suis pas praticien). Et nous sommes en train de réfléchir avec mes collaborateurs sur de nombreux projets disruptifs, avec des rencontres d’élus, de spécialistes du domaine, d’études de marché nécessaires.
Avec mes étudiants, nous avons travaillé sur : la recherche d’une liste de tableaux et de gravures d’un peintre d’histoire du début du XIXème à la demande d’un musée ; le décès d’un botaniste au milieu du XIXème siècle en Abyssinie ou en Egypte ou en Arabie Heureuse (sans avoir non plus la date précise, juste la date d’arrivée en France de son compagnon de voyage). Tout cela ne s’apprend pas en 4 à 8 semaines, il faut parfois plusieurs mois. Et ce ne sont que de tous petits exemples de l’infinité des recherches possibles. Un successoral a-t-il autant de possibilités de recherches, dans autant de documents possibles ? Je ne suis pas sûr. Pourquoi alors cette différence dans la longueur de stage ? Je ne me l’explique pas.
Pas d’égalité de traitement entre le successoral et le familial côté apprentissage. Cela me gêne. Vraiment.
2 réponses à “Le généalogiste familial est-il un professionnel au rabais ?”
Tout cela participe au grand vol organisé des héritages entre notaires et généalogistes successoraux.
Un travail facturé quelques centaines d’euros par vos soins sera facturé à coup de contrat de révélation par un généalogiste successoral quelques centaines de milliers d’euros.
Et pour justifier de cette petite différence de tarif pour un travail si peu différent dans la réalité mais tellement dans l’esprit… il sera nécessaire au détrousseur d’héritage de démontrer quel généalogiste au rabais vous faîtes vous les « familiaux », vulgaires bacheliers … une fois qu’il sera au tribunal.
Pourquoi vous comparer, vous, généalogiste au service d’autrui, à une catégorie, certes qui travaille dans la recherche généalogique mais au service du monde de l’argent avec le plus grand cynisme ?
On peut être capitaine de navire de pèche, et de bateau pirate, on peut être capitaine de la croisière s’amuse et on peut faire du trafic de réfugiés … Tous sont marins, tous commandent des bateaux mais est-ce que ce sont les mêmes desseins qui les animent ?
N’enviez pas ces escrocs qui agissent en bande organisée avec les notaires et, il faut bien l’avouer, la complaisance de l’état français.
Bonsoir,
Nous ne travaillons pas de la même manière et pas forcément sur les mêmes documents (quoique, disons plutôt pas à la même époque sur ceux-ci). Un successoral est un généalogiste qui fait une recherche à l’horizontal alors qu’un familial mène une recherche dans la verticalité. Dans les deux cas, nous avons besoin de méthodologie. Dans les deux cas, nous avons besoin de pouvoir nous repérer dans le temps et l’espace. Je ne suis pas sûr que tous les généalogistes successoraux soient des margoulins ou des cyniques, même s’il y en a eu par le passé.
Ce n’est pas parce que le métier de généalogiste familial est souvent un métier de reconversion professionnelle qu’il faut croire qu’un simple niveau bac suffit pour le mener à bien. Ce n’est pas l’optique que nous avons sur Nîmes dans le cadre des DU. Croire qu’un simple niveau bac suffit c’est tirer ce métier vers le bas. En tout cas c’est ainsi que je le ressens.
Ce n’est pas du tout une question d’envie par rapport aux successoraux. Peu me chaut qu’ils gagnent des centaines de milliers d’euros en faisant une recherche et pas moi. C’est une question de qualité dans le métier pour pouvoir répondre aux attentes du client parce que notre métier devient de plus en plus complexe. Quand j’ai des personnes qui viennent me voir parce qu’elles se posent des questions sur leur origine parce que nées sous X, nées grâce à la PMA, adoptées plénièrement, il faut que je puisse leur donner des réponses de qualité. Alors, dans le cadre des DU de Nîmes, pour atteindre un certain niveau dans cette qualité, nous faisons attention à leur niveau de diplôme. C’est un critère dans le choix des dossiers. Nous regardons aussi la motivation.
Cela va faire partie aussi des critères pour le RNCP (qui permet aux financeurs de savoir quel niveau de diplôme vous allez atteindre et qui va leur faire dire : ok je finance ou pas). Cela ne veut pas dire que la personne doit forcément avoir un diplôme en droit ou en histoire. Mais qu’il a atteint un certain niveau de réflexion préalable.
Il n’y a absolument aucune envie en moi, vous vous méprenez en le croyant. Je veux juste de la qualité. Pour les deux métiers de la généalogie.