Le 27.02.1659 Jacob Baux, Me teinturier, habitant Castres, fermier du moulin à papier que Jacques Albert, habitant Mazamet, a assis aux faubourgs de Mazamet au lieu-dit La Capelle, en cette qualité baille à Pierre Deschamps, Me papetier du lieu d’Aixe-sur-Vienne (écrit Haisse dans le contrat, prononcé à l’occitane) près de Limoges, ledit moulin pour le faire aller et travailler pour le temps et terme d’un an complet commençant le 21 du courant.

 

Il lui fournira toute la paille et colle nécessaire pour faire du papier, de grande marge ou petite. Il devra lui tenir le moulin en état. Me Deschamps s’engage à faire autant de papier que ce pourra suivant l’ordre qu’il recevra dudit Baux qui aura charge de lui fournir tout le nécessaire pour le service, ustensile, nourriture et entretien des serviteurs et ouvriers qui travailleront à la facture, le savon et graisse qu’il conviendra y employer et à rendre le papier prêt à être emballé. Ledit Baux lui fournira toute la ficelle et corde nécessaire pour l’emballage, deux bassines et un chaudron en cuivre, toutes les toiles et les clous pour les attacher.

 

Tout le papier appartiendra audit Baux moyennant 15 sols 6 deniers pour rame de papier à trois O ou espagnol de 25 feuilles chaque main et 13 sols 6 deniers la rame de petit papier de 24 feuilles chaque main ou de 20 mains la rame. Ledit Deschamps sera tenu de faire battre la peilhe grossière bonne à faire du papier, c’est-à-dire le tissu abîmé tout juste bon à faire du papier et rien d’autre.

 

Voici ce que nous dit le contrat passé chez Me Devic, notaire de Castres.  Je me suis demandé pourquoi il était allé chercher un Me papetier limousin. Je suis allé alors chercher sur Internet si l’histoire d’Aixe-sur-Vienne pourrait nous en apprendre plus. Effectivement, du XVème au XVIIIème siècle, la commune est réputée pour ses moulins papetiers, installés sur l’Aixette, un des affluents rive gauche de la Vienne. Rive droite de la Vienne arrive l’Aurence. Qu’un Me papetier du Limousin vienne à Mazamet était donc logique.

 

En regardant l’histoire du peuplement de cette commune, je me suis rendu compte que son premier lieu d’habitat, érigé en paroisse à l’époque mérovingienne sous le patronat de Saint Alpinien, avant qu’un castrum ne soit érigé sur un éperon rocheux au confluent de l’Aixette et de la Vienne, ce premier lieu d’habitat donc s’appelait… Tarn.  Cela m’a fait sourire.