Je me suis longtemps posé la question : mais qu’est-ce que je vais mettre à la lettre K ? Mais qu’est-ce que je vais mettre ? En me rongeant les ongles plus vite que mon ombre. Et puis, j’ai pensé à Adamantios Koraïs. En effet, je travaille en paléographie, pour ou avec un de mes clients grecs (qui m’a mis en contact avec l’Université d’Athènes) sur un texte d’Adamantios Koraïs intitulé « De morborum haereditariorum : existentia, natura, prophylaxi et cura ». Alors je me suis dit que, puisque Adamantios était là, autant profiter du challenge pour le présenter. Je vous en avais un peu parlé mais là, c’est en train de se concrétiser, les documents officiels de collaboration sont en cours de signature. Je suis très impressionné, très fier aussi mais surtout très impressionné. Et semble-t-il ce n’est pas fini ! Né à Smyrne en 1748, mort à Paris en 1833, Adamantios Koraïs est un érudit grec qui participa de façon décisive à la prise de conscience pré-révolutionnaire en Grèce. C’est aussi le pionnier de la philologie grecque moderne. Il naît au sein d’une famille cultivée où le savoir est à l’honneur. Son père Ioannis est un négociant en soie, originaire de Chios, un notable, fils d’un médecin s’intéressant aux lettres et à la philosophie. Sa mère Thomaïs est une femme instruite, ce qui est rare en Grèce à l’époque. Le père de Thomaïs, Adamantios Petirdoglou Rhyssios, joua le rôle le plus décisif dans sa vie puisqu’il lui légua sa riche bibliothèque, éveillant en lui un désir inextinguible d’apprendre. En 1771, il s’installe à Amsterdam à la fois pour poursuivre des études supérieures et pour prolonger les activités commerciales de son père. En 6 ans, il va y apprendre le néerlandais, l’hébreu, l’espagnol, le français, la géométrie, la musique (guitare et opéra) et l’escrime. Il va aussi définitivement savoir qu’il n’est vraiment pas fait pour le négoce. Son rêve : affranchir la Grèce de la domination turque. Après un retour à Smyrne, où il languit, il languit, il s’inscrit à la faculté de médecine de Montpellier. En 1784, à la mort de ses parents, il connaît ses premières difficultés financières qui ne vont le quitter de toute sa vie. En 1786, il soutient sa thèse de médecine, est chargé de cours à l’université pendant 4 mois tout en rédigeant une thèse supplémentaire. 1788 le voit débarquer à Paris et il devient un observateur de la Révolution française. Il choisit de se fixer définitivement en France et de concentrer tous ses efforts à éclairer ses compatriotes pour ne plus subir le joug turc. Pour lui, l’indépendance des Grecs passe par leur progrès intellectuel et moral. Il va alors se muer en philologue. Dès 1805, il s’attelle à la Bibliothèque Grecque : il veut mettre à portée du grand public les chefs d’oeuvre de la littérature grecque de l’Antiquité dans un texte établi avec soin, accompagné d’un apparat critique et précédé de longues préfaces. C’est un personnage très célèbre en Grèce, qui a eu une portée prédominante dans l’indépendance grecque. Il paraît, me disait mon client grec, que tous ses textes ont été étudiés, cherchés, transcrits. Trouver un texte inédit tient de la gageure. Et là, semble-t-il, le texte qu’il m’a envoyé est inédit.Alors vous pensez s’il ne faut pas se louper. Mais non, il ne m’a pas mis la pression, non, du tout ! Mais c’est une belle aventure, il faut le voir ainsi. La continuité du texte de Fourier qui devrait paraître aux éditions Fata Morgana si tout va bien, ou celle du texte de Sade, première version incomplète de son roman Dorgeville, que nous préfaçons ma collaboratrice et moi pour une publication dans une revue électronique internationale. Une année pour le moins particulière de ce côté-là ! alors Adamantios nous voilà !