Daniel Peter a effectué une enquête sur le public des Archives depuis le début des années 70. Enquête qui est parue dans la Gazette des Archives, dans le cadre du colloque concernant l’archiviste et la cité. Voici ce qui est ressorti de son enquête : Les Archives connaissent au début des années 70 une véritable révolution culturelle. Le temps des érudits, aristocrates vieillissants désoeuvrés, juges pensionnés, notaires ou chanoines s’achève. Vient le temps des jeunes chercheurs et des amateurs, comme il l’écrit si bien. 10 ans plus tard, les généalogistes surpassent toutes les autres catégories des chercheurs. La recherche en archives se démocratise. 20 ans plus tard, soit les années 90, de nombreuses salles d’archives débordent. Dans certains dépôts, on se voit même contraint de renvoyer des gens, d’instaurer un système de réservation. C’est personnellement ce que j’ai connu dans l’ancienne salle de lecture des Archives du Tarn. Si on n’y était pas à l’ouverture, c’était souvent trop tard ensuite. J’ai vu en ce temps-là des présidents de salle renvoyer des personnes par manque de place, alors que celles-ci avaient parfois fait des milliers de km pour venir. A partir de 2000, les pratiques des lecteurs changent. Internet devient la solution idéale pour les impatients. Les Archives apprennent à connaître la concurrence. Dès 2004, le nombre de lecteurs reculent. Les raisons en sont diverses : Travaux ou déménagement entraînant une fermeture partielle. L’établissement des statistiques a évolué. Les microfilms en libre accès ne sont plus comptés. Les documents numérisés sont comptabilisés différemment. Les publics adoptent de nouveaux comportements. Ils sont moins disponibles, plus volatils. La réforme LMD (dans les Universités) a un impact certain sur le lectorat dit scientifique. Les étudiants, dit-il, ayant plus de mal à aller consulter les documents originaux et se contentant de la bibliographie, quand ils vont en Master. Les ressources sont mises en ligne. Les généalogistes se contentent des informations fournies par Internet et rechignent à se déplacer pour chercher dans d’autres sources. La vieille garde des généalogistes réalisant des dépouillements systématiques n’est pas remplacée. De ce fait, les services d’archives peuvent être divisés en quatre groupes : Baisse du nombre des lecteurs, des séances et des communications. C’est dû à la mise en ligne. Apparaît alors un nouveau lecteur : l’auteur-éditeur en quête d’images et de documents. Recul du lectoral et augmentation des communications. Là encore, la relation avec la mise en ligne est indéniable. Maintien du lectorat. Augmentation du nombre des lecteurs. Ces deux derniers groupes, constate Daniel Peter, n’ont mis aucun document en ligne. Et pourquoi ne pas comparer baisse de la fréquentation avec la hausse du prix de l’essence ? Sans rire, certains directeurs, dans le monde, pas seulement en France, commencent à se poser cette question. Toutefois Daniel Peter constate encore que les exigences de certains usagers des Archives sont exagérées, parfois presque brutales. Comment, leur généalogie n’est pas déjà faite et ils ne peuvent pas en récupérer des photocopies ? Il faut qu’ils la fassent ! Cela prend du temps en plus ! Mais c’est une honte ! Je suis sûr que vous avez déjà rencontré ce type de personnes en salle de lecture. Il m’arrive d’en rencontrer dans les quelques rares salons que je fais. Et j’ai du mal à faire comprendre à ces tristes sires (comment les qualifier autrement ?) que la généalogie ne se fait pas en appuyant sur un bouton. Alors pensez les archivistes dont ce n’est pas le métier principal ! C’est le type de personnage qui ne veut pas faire d’efforts. Même s’il arrive aussi, constate hélas Daniel Peter, que les généalogistes chevronnés ne veuillent plus en faire non plus. De ce fait, le rôle de conseil des archivistes s’amenuise et ils ont l’impression de devenir des fournisseurs. On vient, on prend, on s’en va. Mais par le biais des expositions, des services éducatifs, des journées du patrimoine, d’autres publics apparaissent. Des publics qui ne demandent qu’à être formés.