Connaissez-vous Charles Fourier ? Peut-être pas. François Marie Charles Fourier, est né le 7 avril 1772 à Besançon et est mort le 10 octobre 1837 à Paris. Il est philosophe, fondateur de l’Ecole sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique » dont un autre représentant fut Robert Owen. Pour faire court. Il est très connu pour sa notion de phalanstère et pour la théorie des quatre pommes. On m’a demandé, ainsi qu’à ma collaboratrice, de transcrire un texte inédit de celui-ci. Un excellent exercice de paléographie, s’il en est. Je vous montre une page de son texte, pas la pire, je vous rassure, mais pas la meilleure non plus, une page normale quoi : IMGP6823 On peut y lire tout le cheminement de sa pensée : Mots rayés, surchargés, blancs, phrases pas finies, paragraphes biffés, mots abrégés quand ce ne sont pas des phrases entières qui le sont. Un vrai plaisir ! Sachant que l’on peut trouver de tout dans un même paragraphe. Dans un paragraphe biffé, par exemple, vous pouvez trouver donc des mots qu’il a rayé, d’autres surchargés, quelques blancs, une phrase pas finie et des mots abrégés. Voire une suite de mots ne formant aucune phrase mais juste une idée qu’il a lancé comme cela sur le papier sans la développer. Un régal, je vous dis ! S’il s’était contenté de rayer des phrases et d’écrire à la suite, cela aurait été bien. Mais trop facile. Il s’est relu, vraisemblablement à plusieurs reprises. Du coup, nous trouvons des phrases écrites dans les interlignes, parfois rayées elles aussi avec une autre phrase écrite encore plus petit dans le peu d’espace qui reste. S’il n’a pas la place, il renvoie dans la marge ou en bas de page. Nous avons aussi parfois envie, à la lecture de sa prose, d’insérer un :  » prière de rayer la mention inutile ». Car Charles Fourier peut avoir écrit deux versions d’une même idée sans en supprimer une. Laquelle est alors la bonne ? Comment les montrer physiquement dans la transcription ? Ou encore il peut avoir rayé un paragraphe mais pas sa suite logique qui devient du coup incompréhensible. Je ne vous parle pas des pages de notes abrégées qui deviennent complètement absconses si la clé n’est pas trouvée. Donc, à nous d’essayer de reconstituer sa pensée de la manière la plus logique possible. Un véritable travail scientifique, long (2 heures la page) mais exaltant. C’est là que je peux percevoir tout le travail du paléographe. Et vous qu’en pensez-vous ?