Il y a des fois où il faut faire preuve de pédagogie envers les clients sans forcément les vexer. Simplement leur expliquer que ce qu’ils me proposent est impossible. Quelques exemples, tous véridiques, issus de 11 années d’expérience : Une dame m’envoie un arbre généalogique dans lequel un homme a un enfant 2 ans après son décès, sachant qu’il se marie avec la mère dudit enfant 12 ans après ledit décès. A mon avis, une date au moins est fausse. Laquelle ? Une femme a son premier enfant alors qu’elle est âgée de 44 ans environ. Cela me semble un peu vieux. Le dernier enfant, d’accord. Le premier, j’en suis beaucoup moins sûr, surtout quand il y en a une palanquée derrière. Un gros doute. Comment expliquer à une personne qu’elle me confond deux personnes qui sont cousines, voire deux familles qui n’ont pas de lien entre elles en prenant des gants ? Comment expliquer à une cliente étrangère ne parlant pas français que ce n’est pas parce qu’elle a trouvé une personne portant le même nom et le même prénom que son ancêtre, à des dates approximativement identiques, que c’est forcément le bon, surtout quand ce nom est plus que répandu dans la région qu’elle cherche ? Comment expliquer qu’une personne née en 1640 ne peut pas se marier en 1789 et que la personne vous soutient mordicus le contraire, qu’elle a raison ? Oups. C’est le moment, à chaque fois, d’être pédagogue. Pas si simple. Les personnes que j’ai en face ne sont pas forcément prêtes à entendre ce que je vais leur dire. Il faut pourtant leur faire intégrer que, là, elles peuvent se tromper. Que ce n’est pas dans la logique généalogique. Que cela ne fonctionne pas. J’ai parfois beau prendre tous les gants que je peux, il arrive que la personne coupe les ponts parce qu’elle refuse d’entendre mon discours. Parce que cela la perturbe trop, que cela implique une trop grande remise en question. Parce qu’elle s’est inventé un monde que le professionnel que je suis lui casse de fond en comble. C’est là où je me rends compte du pouvoir de la généalogie, de l’emprise qu’elle peut avoir sur nous sans que nous nous en rendions compte. Qu’il est possible de faire au détriment de la logique parce qu’on est parti sur une idée préconçue et qu’on adapte la réalité à cette idée au lieu d’adapter notre idée à la réalité. Mais c’est un bon exercice de reformulation.