L’interview de Myriam Provence, parue dans Gé-mag n° 303-304, a été reprise in extenso sur le site de l’USGP pour présenter le métier de généalogiste familial professionnel. Réfléchissant toujours sur la question du prix d’une généalogie, vu par le prisme du marketing des biens culutrels, j’ai relu avec attention cette interview. Elle y dit que la principale difficulté, pour nous généalogistes, réside dans la crise économique. La recherche, quelle qu’elle soit, n’est pas un produit de première nécessité et celle-ci est remise à plus tard. Il me semble que c’est peut-être aller un peu vite en besogne. Cela m’a fait penser au paradoxe de l’eau et du diamant d’Adam Smith : il n’y a rien de plus utile que l’eau mais elle ne peut rien acheter ; un diamant n’a presque aucune valeur quant à son usage mais on trouvera à l’échanger contre une très grande grande quantité d’autres marchandises. Sommes-nous de l’eau ou du diamant ? En fait la valeur dépend des circonstances et pas seulement des qualités intrinsèques du bien. Chacun peut avoir sa propre valeur d’usage selon ses goûts et les circonstances dans lesquels il se trouve. Mais seule la valeur d’échange (le prix) est observable. Autrement dit, en période de crise économique, vous dites à deux personnes que sa généalogie faite par un professionnel va lui coûter disons 5000 euros. Suivant que c’est un généalogiste amateur, qui sait déjà ce que vaut la recherche, ou une personne qui n’en a jamais fait et qui y vient simplement par curiosité, ce prix de 5000 euros n’a pas la même valeur alors que les circonstances économiques sont les mêmes. Le généalogiste amateur peut trouver que ce prix est acceptable et l’autre personne que c’est un prix qu’il n’est pas du tout disposé à payer. Pour le premier, ce qu’il va recevoir en échange de ce prix aura plus de valeur que la somme payée. Par exemple parce qu’il aura gagné du temps, de la sérénité peut-être, évité des frais plus importants s’il avait dû le faire par lui-même. Ou que sais-je encore. Pour le deuxième, ce prix peut être considéré comme un prix de luxe, une dépense superfétatoire. Il me semble alors que, plutôt de raisonner en terme de crise économique présente ou absente, il est plus intéressant de raisonner uniquement en terme de public à qui nous nous adressons. Cela me semble plus facile. A moins d’oser imaginer que même généalogiste, si on lui proposait ses prix pratiqués, elle se poserait la question de l’achat en période de crise économique. Autrement dit, les prix que nous pratiquons en tant que professionnels sont-ils acceptables pour nous ? Si nous répondons oui à cette question, pourquoi se poser la question de la crise économique ?