Dans une période où j’envisage de prendre un deuxième collaborateur (si, si), dans cette période aussi où les licences de réutilisation commerciale font toujours débat, je suis allé me poser des questions, et essayer de trouver des réponses aussi tant qu’à faire, du côté du prix. Le prix est une variable importante du financement des organisations culturelles, quelles qu’elles soient. Il connaît une inflation importante à cause de la continuelle augmentation des coûts de production. A ce sujet, j’ai découvert qu’il existait une loi, dite loi de Baumol et Bowen, pour essayer de résoudre ce problème : Il peut y avoir répercussion de cette hausse des coûts sur les prix. On se dirige alors vers une clientèle aisée. Ce n’est pas mon envie et je ne crois que ce soit l’envie non plus des Archives. On baisse la qualité et on standardise. A mon avis, cela n’a pas beaucoup d’intérêts non plus. Une baisse de la qualité, c’est une perte de clientèle. Standardiser ? Mais standardiser quoi ? On réduit son activité et il y a une disparition progressive de celle-ci. Autant se suicider tout de suite, ce sera moins douloureux et plus rapide. On demande le soutien des pouvoirs publics. Cela peut marcher pour les Archives. Pour une entreprise privée, cela fonctionne si la profession est sinistrée et considérée comme « primordiale ». Pour les autres… Bref, pas simple tout cela. Peut-être existe-t-il une autre solution. Envisager le prix en fonction de l’offre proposée. Il y aurait ainsi une offre centrale et une offre périphérique. Pour les Archives, l’offre centrale c’est par exemple, laisser un libre accès à tous aux documents d’archives, les collecter, les protéger, les valoriser. Bref faire ce qu’un archiviste doit faire. Et cette offre centrale est gratuite. Pour un généalogiste, ce serait aider les personnes à trouver leur ascendance. Elle est alors payante et dans la mesure du possible j’essaie de pratiquer des prix recouvrant un pourcentage plus ou moins important des coûts engagés. Pour pouvoir en vivre. L’offre périphérique, c’est tout ce qu’on peut penser rajouter en plus à cette offre centrale : des produits dérivés, des expositions, des catalogues, des inventaires, et j’en passe, au niveau des Archives. Pour un généalogiste comme moi, ce peut être la prise de photos, un accès à une base de données sur Internet, la paléographie… Cette offre périphérique est presque systématiquement payante et les prix pratiqués recouvrent quasi tout le temps les coûts engagés. Ce prix est fixé à partir des produits offerts, des politiques de prix des concurrents, des publics identifiés en fonction de leur capacité et leur consentement à payer. La question à se poser : quel est le bénéfice supplémentaire proposé pour que mes services se distinguent de ceux des concurrents ? Si on prend la question des archives de l’état civil sur Internet, un premier bénéfice pour le généalogiste c’est la possiblité de travailler n’importe quand, de n’importe où. Un deuxième bénéfice est d’éviter un déplacement. Un troisième bénéfice est qu’il n’existe pas d’heures de levée, de pré-demande, de documents mis en réserve. Mais cette liberté-là a un coût. Tout d’abord pour la collectivité qui met sur Internet, en terme de numérisation. Et ensuite pour le généalogiste qui consulte : en terme de temps passé, de prix de connexion Internet pour le moins. Pour un professionnel que je suis, l’avantage il me semble est cette possibilité de réutilisation commerciale, notamment si je crée une base de données qui peut me faire venir de nouveaux clients. D’où paiement d’une redevance. C’est aussi d’étoffer mon offre. Tous les généalogistes n’ont pas la même formation et ce que je peux proposer, d’autres sont en incapacité de le faire. De même que ce qu’ils peuvent proposer, je peux aussi être en incapacité. Je ne me vois pas aquareller des arbres généalogiques par exemple. Pas mon truc. Je m’éclate par contre beaucoup plus dans de la paléo du XVIe siècle. Mais en même temps, ce prix reste un facteur très secondaire par rapport à la consommation. Vous allez passer du temps sur la Toile à chercher vos ancêtres, par exemple. Ce qui importe, c’est d’arriver à les trouver. Ce n’est pas le temps passé. Vous allez faire appel à un professionnel plutôt que de barjoter et rester bloqué sur un point. Autant lui transférer le problème. Que veut faire NotreFamille, par exemple, avec sa demande auprès des services d’Archives ? Je crois qu’elle veut être une offre concurrente de substitution. Tout comme les cercles généalogiques sont une offre concurrente de substitution aux services que je peux proposer. Tout comme aussi les sociétés commerciales. Le prix est aussi fonction de ces offres-là. Et le fait de vouloir me développer, d’augmenter les capacités de mon offre, de me poser peut-être les bonnes questions avant d’agir, me permet de voir ce qui se passe actuellement d’un oeil différent. Il me semble que la question des licences de réutilisation commerciale, avec une possible redevance à payer, rentre bien dans cette question du prix et d’une offre périphérique. On a l’habitude de ne rien payer ou presque quand on est dans un service d’archives. Mais on a tendance à oublier que la gratuité est un leurre. Soit il y a derrière un objectif principalement promotionnel, soit d’autres publics qui ne sont pas concernés paient à la place de.