Je n’ai jamais autant stressé dans le cadre d’une embauche. Quand j’avais embauché Christophe, il y a 3 ans, avant qu’il ne devienne mon associé, tout avait coulé facilement. Là, je m’interroge sur mon futur rôle de patron, disons le mot. Parce que je sais qu’il va falloir changer mon optique, que la personnalité que j’aurais en face de moi ne sera pas la même. Un autre métier s’ajoute à celui de généalogiste. Christophe me suivait. Là, je risque d’avoir quelqu’un qui me précède. Je suis persuadé que cela va m’obliger à m’améliorer. Même si je laisserais de l’autonomie, et il en faut pour que la personne puisse développer ses compétences, la formation qui est envisagée va nécessiter un suivi plus attentif de ma part. Je me rends compte en fait qu’avec Christophe, nous n’avions pas suffisamment discuté. Nos contacts se limitaient aux recherches que je lui donnais. Mais il est vrai qu’il s’était petit à petit confiné à celles-ci, me faisant confiance pour tout le reste. La formation dans le cadre du contrat de professionnalisation va forcément entraîner de la discusion, des débats, des mises au point régulières. Justement parce qu’il s’agit de formation et qu’il ne pourra pas être lâché dans la nature sans repères. J’étais parti sur un mauvais postulat avec Christophe : il connaissait les recherches généalogiques, il avait plusieurs dizaines d’années d’expérience dans la recherche généalogique DONC il connaissait le métier de généalogiste. Ce qui n’est pas vrai du tout. L’un n’implique pas l’autre. C’est pourquoi la formation me paraît maintenant si importante. Je ne compare pas (pas trop disons) l’un et l’autre. J’essaie d’analyser quelles ont été mes erreurs pour ne pas les reproduire. Parce que j’ai commis des erreurs. Parce qu’avec Christophe, j’ai oublié que j’avais appris à être professionnel dans le cadre d’une coopérative d’activités. Il me faudra désormais plus de rigueur dans ce métier de patron. Plus de dynamisme aussi, simplement parce qu’à côté de moi, il y aura quelqu’un qui me signifiera à chaque fin de mois qu’il reçoit un salaire et qu’il faudra donc aller chercher l’argent ensemble. Ensemble car j’ai pleinement pris conscience qu’un poste n’est rentable que s’il ramène l’argent pour le payer.