Nous avons eu, samedi, une conversation entre généalogistes familiaux et généalogistes successoraux : qui, de la forme ou du fond, prime sur l’autre ? Nous n’étions pas d’accord bien sûr. Je vais essayer de vous résumer les débats à ce sujet et surtout de vous donner mon opinion en tant que familial. Pour les généalogistes successoraux qui participaient à ce débat, la forme prime sur le fond. Ils sont juristes, c’est la règle en droit. Cela me paraît donc normal. Pour les familiaux, le fond prime sur la forme. Au détriment des successoraux présents qui n’arrivaient pas à bien saisir pourquoi, semble-t-il, et dont certains refusaient totalement cette possibilité. Voici pourquoi le fond prime sur la forme en familial à mon avis. Tout d’abord, nous ne sommes pas des juristes mais des historiens. Ensuite, si notre profession est la même, notre métier ne l’est pas. Un successoral s’occupe de rechercher les héritiers. Il faut qu’il soit très clair par rapport au droit, il n’a pas droit à l’erreur à ce sujet. Le droit importe peu au familial. Ce qui nous intéresse, à mon avis, c’est d’être des laboratoires d’idées, de pouvoir développer notre business. Dans ce sens, si nous privilégeons la forme, nous tuons dans l’oeuf les idées possibles, utilisables. Dans le domaine de la créativité, qui est le nôtre, les procédures viennent une fois que l’expérience a réussi. Ce n’est jamais l’inverse. Les procédures viennent une fois que nous avons pris du recul par rapport à nos expériences. Je vais reprendre l’exemple des listes-éclairs. Au départ, j’y suis allé en utilisant le logiciel Word. Je fais cela depuis 1989. C’est simple mais cela donne une liste statique. Deuxième expérience alors : passer de Word à Excel et voir si ainsi il est possible de passer du statique au dynamique. La procédure sera différente et ne pourra être écrite, pour être proposée à d’autres, qu’une fois qu’elle sera testée. Dans Word, j’avais rassemblé commune et paroisse. Dans Excel, je sépare les deux. Dans Word, je n’avais pas mis le nom du généalogiste. Je le mets dans Excel. Bref, j’essaie des solutions, je teste. Et ensuite, si d’autres veulent s’y mettre, je peux leur dire : « Voilà ce que j’ai fait, voilà les résultats obtenus ». Mais c’est après, une fois le fond mis en place. Si je commence à rédiger mes procédures, la forme, a priori, je fige et je ne peux rien améliorer sauf à utiliser à nouveau une procédure formaliste, lourde. En outre, personnellement, cela veut dire qu’une bureaucratie se met en place si nous respectons stricto sensu la forme sur le fonds. Et je trouve cela catastrophique, véritablement mortel pour la structure.