C’est une expression qu’employait souvent ma grand-mère maternelle. C’est cette expression qui m’est venue spontanément quand j’ai lu, dans L’Histoire, des commentaires concernant le problème de la lecture chez les étudiants. Quel rapport avec la généalogie ? Une petite phrase qui apparaissait, anodine comme cela, mais qui m’a fait réagir : « Nous sommes actuellement dans la culture de l’immédiateté et de la gratuité de l’information. » Selon son auteur, cela expliquait en partie pourquoi les étudiants achètent peu de livres. « Nous sommes actuellement dans la culture de l’immédiateté et de la gratuité de l’information »est une phrase intéressante. Cela m’a fait réfléchir au métier que j’exerce et notamment à nouveau à la mise en ligne des registres numérisés. Oui, je sais, certains de mes collègues me disent qu’il ne faut pas s’inquiéter, que de toutes les façons, les amateurs auront des difficultés pour les lire et que cela ne va rien changer pour nous, je crois qu’il faut quand même s’en inquiéter un minimum et prévoir un plan B, au cas où… Il nous a fallu du temps pour nous faire reconnaître, pour faire reconnaître notre profession, faire reconnaître aux amateurs que la recherche cela peut aussi se payer, que tout n’est pas gratuit. Nous avions pour cela les archives pour nous puisqu’elles n’étaient pas disponibles en ligne. Notre trame, les registres paroissiaux et d’état civil, vont petit à petit le devenir. Faudra-t-il tout recommencer ? Ou bien faudra-t-il simplement s’appuyer sur notre expertise ? Ce qui veut dire que nous devons au préalable la définir, bien nous démarquer des amateurs. Il me semble que le travail accompli jusqu’à présent est en partie en train de se défaire. Je suis peut-être pessimiste mais je crois que c’est nécessaire. Un optimiste ne réagira pas ou trop tard. Quelle est notre expertise ? Où nous différencions-nous par rapport aux cercles amateurs ? En quoi sommes-nous différents ? La question me semble actuellement primordiale si nous voulons survivre et nous développer dans cette nouvelle culture qui s’installe sous nos yeux. Comme l’écrivait un de mes collègues : « Nous sommes à l’heure du SMS. La généalogie de papa est complètement terminée. »