Lors de la fermeture des Archives Départementales du Tarn, pour cause de déménagement, il m’a fallu batailler avec l’archiviste qui accordait un passe-droit aux généalogistes professionnels successoraux et qui me le refusait en tant que généalogiste professionnel familial. Elle se basait pour cela sur la loi et le droit, disant qu’il existe un droit des successions mais pas de droit concernant la généalogie familiale. J’ai toujours trouvé l’argument pour le moins spécieux et j’ai pu obtenir gain de cause. A mon avis, au vu de mon expérience, le généalogiste a un rôle social particulièrement méconnu. Je le vois notamment avec une de mes clientes. Elle a visiblement connu une vie difficile, elle est éloignée de ses enfants, et elle m’écrit régulièrement les mots suivants : « Je suis heureuse de discuter avec vous. Cela m’apporte un rayon de soleil. » Petit à petit, nous sommes passés d’une relation purement professionnelle, froide, à une relation différente, plus chaude. Je m’aperçois qu’elle s’inquiète si elle n’a pas reçu un courrier de moi à la date à laquelle elle l’attendait. Elle me laisse alors un message sur le répondeur : « Mais que se passe-t-il ? Est-ce de ma faute ? Ai-je fait quelque chose de mal ? ». Je lui écris alors pour la rassurer, que tout va bien, qu’elle n’a pas été oubliée mais qu’il y a pu y avoir un problème divers : panne d’ordinateur, vacances ou autre. Au fur et à mesure des recherches que j’effectue pour elle, je m’aperçois que je prends un rôle différent. Pour cette personne, visiblement seule, qui commence à être âgée ou qui se perçoit comme telle (je ne sais son âge exact, mais je dirais qu’elle a dans les 70 ans, ce qui me paraît personnellement encore jeune mais pas pour elle), j’ai un rôle social. Un lien a été établi, que je pourrais comparer au lien que peut créer le facteur ou la femme de ménage avec les personnes âgées isolées de nos campagnes. Ce lien-là est visiblement méconnu. Comment le faire reconnaître ? A mon avis, cela ne va pas être facile. Peut-être par le biais du média télé. C’est à y réfléchir.