Avez-vous remarqué que, dans la littérature généalogique actuelle, rien ne parle du cycle de vie des produits généalogiques ? Mais d’abord qu’est-ce qu’un cycle de vie ? Cela comprend cinq étapes, dont la première est bien souvent oubliée. Les étapes les plus connues sont les suivantes : Le lancement, qui entraîne des ventes faibles, un coût unitaire très élevé, des pertes plutôt que des bénéfices, une concurrence limitée. La clientèle peut être qualifiée de pionnière. La croissance, qui, comme son nom l’indique, permet des ventes en hausse, un coût unitaire qui diminue par rapport au lancement mais qui peut être encore élevé, un début de bénéfices, une fois l’équilibre atteint. Du point de vue concurrentiel, il y a de nombreux entrants car ils ont compris que le filon pouvait être intéressant pour eux. La clientèle est souvent qualifiée d’adopteurs précoces. La maturité, avec des ventes maximales, un coût unitaire dep lus en plus faible, des bénéfices de plus en plus élevés, une concurrence maximale mais toutefois stable et une clientèle de masse. Le vieillissement où tout en fait décroît lentement mais sûrement. La phase la plus souvent oubliée est la première : la phase de gestation. C’est une phase de création, de recherche et de développement, une phase de projets. Elle est interne à l’entreprise. Quel rapport avec la généalogie, me direz-vous ? Mais les produits généalogiques, quels qu’ils soient, répondent à ce cycle de vie. Quand je fais un devis à une personne, je suis, il me semble, dans une phase de lancement. Rien n’est encore conclu. Tout est possible. Je peux être en concurrence avec d’autres de mes collègues, sans le savoir, pour un même travail. Quand le devis est accepté, la vente n’est pas encore faite mais elle est plus que probable. Elle ne sera effective qu’une fois les recherches généalogiques effectuées. On peut qualifier ce moment, il me semble, de phase de croissance. La maturité, c’est le moment des recherches. J’envoie un premier résultat, qui enclenche une nouvelle demande du client, qui enclenche une nouvelle demande, etc. jusqu’à épuisement des archives. Le vieillissement, c’est le moment où les recherches pour ce client se tassent. Si je ne sais pas lui proposer de nouvelles pistes, la relation avec ce client va s’arrêter. Il me faudra en rechercher de nouveaux. Faire des recherches généalogiques pour les particuliers, c’est bien. Cela me permet en tant que professionnel d’avoir une facturation régulière. Mais je crois que ce n’est pas suffisant. Il manque la phase de gestation. Si, pour une raison ou une autre, plusieurs clients arrêtent de me commander des recherches, le temps que j’en trouve de nouveaux peut être plus ou moins long. Si je n’ai pas mis de projets en gestation qui peuvent me permettre de me rattraper, je coule l’entreprise. Innover. Proposer de nouveaux produits. Proposer de nouvelles idées. Arrêter de considérer les cercles amateurs comme des clients potentiels mais les voir aussi comme des concurrents potentiels. Regarder ce qu’ils proposent. S’en inspirer peut-être. Arrêter aussi de voir les entreprises ou les administrations qui proposent des actes en ligne comme des partenaires. Les voir aussi comme des concurrents. Ceux qui consultent leurs sites ne viendront peut-être pas chez moi. Que puis-je proposer à mon tour ? Je suis professionnel. N’est-ce pas une carte importante à jouer. Où y a-t-il des possibilités inconnues encore de tous ? Essayer de mettre en place des produits généalogiques qui ont des cycles de vie différents. Si certains peuvent me suivre tout au long de ma carrière de généalogiste, pourquoi pas ? Qu’est-ce que je risque ? Lire également : Innovation et généalogie Spécialiste de la généalogie Le marché généalogique selon Jean-Louis Beaucarnot