Si l’on en croit certaines Cassandre, les perspectives de notre métier sont peu ou pas favorables. L’inquiétude vient tout d’abord du fait que nous pouvons penser que nos clients vont tout trouver sur Internet. S’ils trouvent tout sur Internet, alors nous ne servons plus à rien. Qui plus est, leur faire comprendre qu’au bout d’un moment, pour avoir une information de qualité, il faut payer c’est compliqué. Notre métier n’est en outre pas vu comme un « vrai » métier. Bon ok. Et alors ? On pleure dans notre casque et puis c’est tout ?
Quels sont désormais nos vrais leviers de croissance ? Quels sont nos projets ? Nos aspirations ? Nos perspectives ? Notre objet est en train de se déplacer. A nous de savoir où il va. Et si les inquiets étaient ceux qui restaient dans les services traditionnels, sans se poser la question de la prospective ? Le métier que l’on avait avant est fini. Soyons clairs et ne nous cachons pas.
Mais avons-nous une capacité d’adaptation ? Et ne croyez pas, ce n’est pas une question de génération mais plutôt une question d’envie et de capacité à se remettre en question. Là j’avoue avoir quelques doutes de la part de la profession. Quand la Chambre de Commerce du Tarn a proposé aux professionnels un outil pour cela, réfléchir, mettre à plat nos pratiques, avec inscription payante bien sûr (ce n’est pas une oeuvre de charité) et que sur 150 généalogistes contactés, il n’y a pas eu une seule inscription… On ne peut qu’avoir des doutes.
Ceci étant dit, la réelle menace sera là si nous ne prenons pas conscience des modifications majeures qui se jouent. Si nous ne comprenons pas les effets induits actuellement par le digital et si nous ne voyons pas le digital en tant que manifestation de changements plus amples. Notre rôle n’est peut-être plus seulement celui de l’expert mais de l’accompagnateur. Nous restons des experts mais avec une autre posture, une autre finalité : transmettre des compétences pour une plus grande autonomie de chacun à trouver l’information juste. Mettre l’accent sur la qualité. Nous vivons dans une époque où il y a surabondance d’informations. Notre rôle est peut-être de guider dans cette jungle où se côtoient information et désinformation. Que le premier généalogiste qui n’a pas râlé contre des informations sans sources trouvées sur Internet lève le doigt. Il faut donc apprendre les bonnes pratiques. Avant, les parents faisaient faire leurs Humanités à leurs enfants. Peut-être qu’il y a des Humanités généalogico-numériques à mettre en place.
Sauf que sans une solide information de notre part, c’est impossible. Plusieurs conséquences à cela : vous n’êtes pas créatif. Et sans créativité, vous ne pouvez pas avoir de retour sur investissement. Il y a donc nécessité de la formation pour les professionnels et nécessité de mettre avant un référentiel métier. Pour pouvoir changer plus facilement de posture. Parce que, quand on est à l’aise dans son métier, changer de posture est quasiment une évidence. Nous pouvons ainsi adapter nos compétences au contexte et mieux les transmettre. Du coup, des compétences de savoir-être sont essentielles dans cette démarche d’accompagnement.
L’avenir est ce que l’on en fera !
2 réponses à “A la table de la transformation numérique”
Les deux éléments de réflexion il me semble sont :
– tout est sur internet – encore faudrait-il définir ce « tout »
– de ce fait plus personne n’est prêt à payer.
Mais les personnes intéressées feront-elles les recherches ? d’expérience des quelques amis que j’ai aidés à démarrer aucun n’a eu l’énergie de continuer en espérant … que je le ferai. Savoir que cela existe est une chose, l’utiliser en est une autre et surtout savoir l’utiliser.
Reste le coût : la simple prestation de recherche pure et simple d’ascendants est peut être condamnée, mais si cette recherche est augmentée de textes, d’histoire locale, de celle de la famille cela devient presque un vrai livre, beaucoup plus monnayable il me semble.
Ce n’est peut-être qu’une des pistes d’évolution, mais il est vrai qu’une réflexion générale sera nécessaire.
J’étais d’une profession qui est passée de la plume et des manchettes de lustrine au tout informatique. Finalement le travail matériel a peut être diminué mais nous avons dû nous étendre dans d’autres domaines de conseil et de gestion, de finance et le métier existe toujours, je dirai même plus que jamais.
Continuer à se former et … se transformer.
Bonjour Arlette,
En terme de réflexion générale nécessaire, je commence à avoir de sérieux doutes sur la volonté de ceux qui sont installés depuis longtemps d’avoir envie de la mener. Se remettre en question peut être un chemin difficile.
Par contre, ceux qui veulent s’installer ou qui le sont depuis peu ont cette envie et veulent mettre en place de nouvelles idées, de nouvelles façons. Cette réflexion nécessaire à la profession va passer par eux. A mon sens, les anciens suivront alors à marche forcée… Ou pas !
J’ai mené par exemple jeudi deux heures de brainstorming avec une étudiante qui envisage de s’installer, qui a envie de continuer par un autre diplôme auparavant. Elle m’a montré les différentes UE. Et là les idées ont jailli spontanément de partout pendant deux heures. Sur ce qui n’existait pas en généalogie et qu’il était possible de créer. Les différentes passerelles…. Et le champ est vaste !
Depuis que je suis chargé du cours de généalogie, 2011 donc, j’ai vu une professionnelle installée se former. En 9 promotions (7 présentielles et 2 à distance) ! Comment se transformer dans ce cas-là ? sans se confronter à la formation, sans vérifier ses connaissances, peut-être pas en généalogie mais dans des matières annexes ? Quand par exemple une professionnelle m’écrit qu’en paléographie, elle est presque au niveau débutant, je me pose des questions sur le type de recherches qu’elle peut mener.
Par contre, des amateurs comme vous, à la pelle ! De même que des gens qui voulaient s’installer et qui passaient avant par la formation. Mais des professionnels installés ? Une !
N’y a-t-il pas alors quelque chose de pourri au royaume du Danemark ?