Je pense que vous connaissez tous Twitter. Vous avez d’un côté des émetteurs et de l’autre des récepteurs (les followers) coexistant ensemble sur cet espace de micro-blogs que sont les tweets. L’émetteur peut être suivi en silence. Le follower peut réagir à ses propos. De même, il peut les partager (retweeter). Je pense que tout le monde connaît même si on ne fait pas partie de ce réseau comme moi.
L’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse a regardé de plus près Twitter. Que se passe-t-il quand on en fait partie ? Les chercheurs ont remarqué que le nombre de followers constitue une forme d’indicateur « réputationnel » (je ne suis pas sûr que cet adjectif existe mais c’est celui qu’ils emploient). La notoriété, la popularité peuvent être évaluées quantitativement en plus par le biais du nombre de commentaires et de partages.
D’une manière générale, l’objet de Twitter est la constitution de cercles d’influence reposant sur des intérêts communs dans le but d’attirer l’attention à soi, dans une phrase d’accroche. Un tweet c’est un concentré de temps. Nous sommes dans l’hyper-présent. C’est sans doute le seul moment en généalogie où la notion du temps est différente. D’habitude, en généalogie, nous sommes dans la longueur, la durée au niveau du temps. Nous avons le temps. Les documents, ce qu’ils contiennent en tout cas, sont figés. Rien ne va bouger. Ils nous attendent. Là, c’est totalement impossible. Il faut être dans l’immédiateté, Ici et Maintenant. Il n’y a plus aucun délai. Il faut faire mouche par le biais d’un one shot. C’est sans doute pour cela que je n’y suis pas dessus. Trop diplomate, trop d’attention à l’autre pour être dans cette réactivité qui peut faire mal involontairement. Et toute intervention sur un réseau social, selon ces chercheurs, est une manière de se faire reconnaître et aimer. Pour moi, il existe d’autres manières de le faire.
Chaque fil de conversation est une trace instantanée, unique. Ces fils reliés entre eux délimitent une communauté, un territoire. Et comme toute communauté, il y a une hiérarchie. Même si elle n’apparaît pas au premier regard. Si vous faites partie des 13% d’utilisateurs publiant tous les jours, voire plusieurs fois par jour, vous pouvez être considéré comme un leader d’opinion. Votre popularité peut alors augmenter, vos cercles s’élargir. Si vous vous contentez de lire, sans jamais intervenir, vous avez juste un poste d’observateur. Personnellement, je préfère ce poste. Je regarde ce qui se passe, je prends de la distance. Cela me correspond plus. Cela évite d’entrer dans des disputes parfois inutiles à coup d’@.
Ces universitaires ont une phrase que j’aime beaucoup car elle me semble très vraie : Mes tweets n’engagent que toi. La réactivité peut être telle que cela peut partir en conversation animée, avec des divergences, alors qu’au départ, ce que la personne écrit n’est qu’une opinion sur l’instant, un one shot, basée sur l’émotion plutôt qu’une réflexion menée jusqu’à son terme. Un tweet dévoile plutôt qu’il ne dit.
J’ai ainsi des souvenirs de disputes sur Twitter entre généalogistes suite à une phrase d’une personnalité de la généalogie tirée d’un article, par exemple. Des inimitiés peuvent alors se créer de même que des camps : On est avec tel généalogiste ou contre telle autre. Voire créer des querelles des Anciens et des Modernes. Personnellement, j’y vois plus une question de pouvoir qu’autre chose. Et je vous rassure, c’est pareil dans d’autres réseaux sociaux, à coups de commentaires parfois acerbes.
Dans le domaine de la généalogie, nous vivons plusieurs vies par procuration. Chaque fois que nous cherchons nos ancêtres ou ceux de nos clients, nous sommes dans une autre époque, dans une autre peau. Dans une autre famille. Twitter peut être aussi une manière de revenir dans l’instant présent, de se réancrer. Mais cela peut être aussi une autre vie par procuration. Les followers peuvent en effet vivre une expérience qui ne leur appartient pas, simplement en s’identifiant à la personne qu’ils suivent. Sachant que cette personne ne se présente pas forcément de la même manière d’un réseau social à l’autre. Et du coup, qui suit-on vraiment ?
Et vous, en tant que généalogiste, quel est votre usage de Twitter ?
7 réponses à “Twitter et la généalogie”
Personnellement, je n’ai pas encore utilisé twitter dans le domaine. Par contre l’usage de facebook est un must. Qui m’a fait le préférer (sans les abandonner) aux groupes yahoo. Je présume qu’il en est de même de l’oiseau chanteur.
Il est hors de question pour moi de mettre le nez dans twitter même pour observer seulement, je me connais trop il faudrait tôt où tard que j’intervienne. J’ai longtemps trouvé que Facebook n’avait aucun intérêt puis un jour, sous la pression d’une amie je me suis inscrite : pas déçue j’ai repris contact avec des cousins perdus de vue qui m’ont aussitôt fait une demande d’amis, en tant que généalogiste impossible de refuser. D’autre part je suis inscrite sur de nombreux sites d’entre-aide généalogique où autre, je trouve cela génial !
« impossible de refuser », ça commence toujours comme ça ! En fait, s’inscrire, c’est déjà mettre le doigt dans un engrenage ou plutôt entrer dans un tunnel sans fin et surtout sans sortie (il va falloir sacrément ruser). Bon, là, va démarrer un troll ou, au moins un de ces échanges dont Stéphane Cosson parle si justement.
Je suis quand même inscrit sur Twitter mais je ne réponds que très rarement plus de 2 fois (ou alors à moi-même pour réaliser un threed). Je suis sur Facebook parce que ma famille y est (je sais c’est une excuse pour y rester…). Je suis aussi sur Framasphère mais c’est un tout petit monde même s’il est plein de bonnes intentions. Je suis aussi sur Mastodon, parfaitement caché derrière mon anonymat mais, là, c’est le monde du libre (GAFAM, fuyez).
Dans tous les cas, je suis très peu à l’origine d’échanges ou d’un point de départ. Comme, de toutes façons, je ne suivrai pas… Le peu que j’écris n’est qu’un point de vue parmi d’autres mais je ne cherche pas à établir de relations ou faire des connaissances. Non, ce n’est qu’un espace d’expression dans lequel l’autre (le récepteur) est tellement invisible qu’il n’agit pas sur mes sentiments. Comme un espace de liberté virtuelle… dans lequel les seuls interdits sont ceux que je m’impose (tant que je m’impose de tenir compte d’un éventuel lecteur, il ne devrait pas y avoir trop de risque).
Quant à utiliser ces trucs avec la généalogie… Bof, je n’y crois pas beaucoup si ce n’est pour établir des échanges publics lors de recherches par exemple. Chacun peut librement aider en fonction de ses compétences sans trop interférer si c’est maladroit.
De mon côté, je ne fréquente ni Facebook ni Twitter et n’ai pas vraiment l’intention de le faire. Je préfère m’exprimer sur des sujet précis sur quelques blogs dédiés à généalogie. De plus, ça n’empêche pas les gens intéressés de trouver l’adresse de mon site historique charentais d’histoire locale : ceux qui me contactent le font en connaissance de cause et m’aident énormément à avancer dans mes recherches. Ainsi je ne perds pas de temps avec les zozos en tous genres. J’en ai eu beaucoup à l’époque où j’avais publié des fiches sur des morts pour la France alors que les JMO n’étaient pas encore numérisés. J’ose pas imaginer le cauchemar sur Facebook. De plus, j’ai confectionné moi-même le site à l’aide d’un logiciel d’édition HTML, et je peux donc le corriger quand je veux, supprimer ou ajouter des choses à tout moment. Or une fois que l’on poste des textes ou des images sur Facebook on n’en ai plus propriétaire ni maître, et l’on ne sait pas où ça part.
Chacun son point de vue. Je suis sur Twitter pour partager avec des généalogistes professionnels ou amateurs. Les échanges sont toujours courtois et parfois extrêmement chaleureux, l’entraide réelle.
C’est grâce à Twitter que j’ai découvert le #RDVAncestral auquel je participe pour la 6e fois aujourd’hui. C’est un excellent stimulant pour aller plus loin qu’un arbre en généalogie.
Je rejoins tout à fait le commentaire de Becklivet. Je suis sur tous les réseaux sociaux depuis des années, ce qui me paraît un minimum quand on travaille comme moi dans la communication. Ceci posé, je suis d’accord avec elle, le fil TT de généalogie est intelligent, on y trouve beaucoup d’entraide (je pense au défi collaboratif 1 Jour 1 poilu (#1J1P) et moi aussi c’est par ce biais que j’ai découvert le #RDVAncestral, un « exercice » littéraire et généalogique que je pratique depuis plusieurs mois et que j’ai plaisir à lire chez les autres. Le dernier cru était un régal !
Marie (Aldaxkatik-aldaxkara.blogspot.fr)
Je suis tres fan des reseaux sociaux, aussi donc de Twitter mais je rejoins ton analyse sur la difference de temporalité entre les archives et les reseaux sociaux. C’est à la fois tres intéressant mais tres contradictoire. Twitter me sert surtout pour passer de l’info ou pour transmettre l’info d’autres ( Archives, Bibliothèques, Autres généalogistes etc.) , cela sert aussi beaucoup pour le #challengeAZ ou pour les discussions entre généalogistes. Le fait de devoir se limiter en caractere est un exercice interessant également.