C’est le titre de l’article que fait paraître Cyrille Darrigade dans le numéro double 362-363 de Généalogie Magazine page 9. L’auteur se présente comme généalogiste familial professionnel. Ne le connaissant pas, j’ai tapé son nom sur Google. Ce n’est pas cette qualification qui ressort en premier. Il m’a fallu aller jusqu’à la page 4 de Google pour enfin trouver mention du site de son cabinet. Par contre, je trouve de suite qu’il est gérant d’un cabinet de relations presse, PDG d’un cabinet de lobbying, vice-président de la Fédération des Auto-Entrepreneurs.

 

Si je suis d’accord sur certains points avec lui (définir sa zone de chalandise, construire ses produits et tarifs, prévoir des recettes raisonnables, se constituer une trésorerie, bien choisir son statut, prévoir un site Internet bien référencé), il en manque quand même un certain nombre. Et je ne suis pas d’accord sur d’autres.

 

Non le notaire ne va pas vérifier vos diplômes si vous vous installez comme généalogiste successoral à votre compte avant de vous confier un dossier. Non une capacité en droit ne suffit pas, il vous faut bien plus. Non le notaire ne va pas s’assurer que vous possédez des compétences et de l’expérience si vous êtes salarié d’un cabinet de généalogie successorale. Par contre, votre employeur oui.

 

Du côté de la généalogie familiale, comme l’auteur est un ancien élève de CLG Formation, il zappe complètement toutes les formations universitaires.  Et c’est pour cela qu’il parle de 1300 heures de formation minimale (la formation de CLG est de 1295 heures).  Il ne parle que de formation à distance. Or ce n’est pas le seul type de formation qui existe.

 

De même, il ne parle pas des chambres syndicales ni d’union. Pourtant elles existent et sont incontournables dans le paysage. On peut être d’accord ou pas avec ce qu’elles font, elles existent. Il est donc important d’en parler.

 

La généalogie professionnelle a-t-elle encore un avenir ? J’aurais aimé qu’il réponde à cette question. Cyrille Darrigade nous parle de formation, d’installation, de business. Mais pas d’avenir.

 

Or la profession connaît de nombreux changements : les comptes en déshérence, les biens spoliés pendant la Seconde Guerre Mondiale, les assurances-vie se rajoutent aux dossiers donnés par les notaires pour les successoraux. Sans parler de la foudre qui vient de tomber à leurs pieds et dont la presse s’est faite les gorges chaudes il y a peu. Je faisais hier une conférence dans un salon sur le métier de généalogiste, c’est une des questions qui est de suite sortie : Vous avez entendu parler des études successorales mises en liquidation ? Vous en pensez quoi ? Preuve s’il en est que tout le milieu en a entendu parler, a lu des articles et s’inquiète. Et je n’avais que des généalogistes amateurs en face de moi, plus intéressés par le familial que par le successoral. Mais la question est sortie.

 

Côté familial, les archives numérisées gratuites des Archives Départementales, les sites de type Filae, l’indexation qui se met fortement en place font que notre métier se transforme. Nos clients ne nous font plus les mêmes demandes. Notre avenir se joue là.  Comment allons-nous nous adapter ? Faire des recherches historiques va-t-il suffire ? Allons-nous devoir facturer de l’indexation que les sociétés nous donneront en sous-traitance ? Va-t-il falloir inventer de nouveaux produits ? Aller chercher de nouveaux publics et donc acquérir de nouvelles compétences ? Notre avenir est-il dans la spécialisation : Généalogie génétique, impression d’arbres,  création de nouveaux modèles d’arbres, spécialisation dans certaines recherches comme les archives juives ou les artistes de cirque, formation… Ou que sais-je encore ? Nous devons tous ensemble nous poser ces questions.

 

La généalogie professionnelle a-t-elle encore un avenir ? Cela nécessite plus qu’une simple présentation du métier de généalogiste professionnel. Ces questions-là, les vraies, les réponses possibles ne sont pas dans son article. C’est dommage.