Le 30 septembre 1885 naquit à Saint Pardoux la Rivière (Dordogne) Martial Lautrec, fils de Jean Lautrec et de Jeanne Tinson. Sa fiche matricule nous apprend les renseignements suivants :

 

N° 98 du tirage dans la canton de Saint Pardoux la Rivière. 

Absent du service armé.

Manquant, déclaré insoumis le 4/12/1906.

Rayé du contrôle de l’insoumission le 9/12/1909.

Déclaré à nouveau insoumis le 10/03/1910.

Rayé du contrôle de l’insoumission le 23/09/1927.

 

Pas de description physique le concernant. Rien non plus sur son éventuelle période militaire, pendant qu’il n’était pas considéré comme insoumis.  Mais tout de même… Insoumis deux fois ! En voilà un qui devait avoir du caractère !  Mais qu’est-ce que l’insoumission militaire ?

 

E. Armand note  dans l’Encyclopédie anarchiste la définition suivante concernant celle-ci :

 » On appelle plus particulièrement insoumission la situation dans laquelle se mettent les recrues qui ne répondent pas à l’appel qui leur est adressé de rejoindre leur corps. « 

Lors de la mobilisation de 1914 , les insoumis désignent les hommes qui ne rejoignent pas immédiatement leur affectation. La définition théorique est alors la suivante et elle est punie de la peine de mort :

 » Tout militaire dans ses foyers, rappelé à l’activité, qui, hors le cas de force majeure, n’est pas arrivé à destination au jour fixé par l’ordre de route régulièrement notifié, est considéré comme insoumis, après un délai de trente jours, et puni des peines édictées par l’article 230 du Code de justice militaire. « 

 

Les peines réprimant l’insoumission sont définies par le Code de justice militaire (article L 321-1 du Nouveau code de justice militaire) et sont les  suivantes :

 » Le fait pour toute personne d’être coupable d’insoumission aux termes des dispositions du code du service national est puni, en temps de paix, d’un emprisonnement d’un an. En temps de guerre, la peine est de dix ans d’emprisonnement. Le coupable peut, en outre, être frappé, pour vingt ans au plus, de l’interdiction totale ou partielle de l’exercice des droits mentionnés à l’article 131-26 du code pénal. En temps de guerre, si le coupable est officier, la destitution peut également être prononcée. Le tout sans préjudice des dispositions prévues par le code du service national. « 

 

Bref on ne plaisante pas avec l’insoumission chez les militaires. Pourquoi Martial Lautrec a-t-il pris autant de risques ? Et si en fait il n’en avait pas pris ? En effet, si je regarde attentivement sa fiche matricule, je me rends compte qu’elle a été créée le 20/09/1923. Très tardivement donc. J’ai trouvé cela bizarre. Elle aurait pu être refaite parce que perdue. Ou que sais-je encore.

 

C’est alors que j’ai remarqué la mention suivante, en dessous de ces différentes mentions concernant son insoumission :

DECEDE le 12 juillet 1886 à Saint Cyprien (Dordogne).

 

Insoumis ? Vraiment ? Vous êtes sûr ?