Le métier de généalogiste est-il reconnu ? J’aurais tendance à répondre oui et non. Oui pour le côté successoral car, après tout, il a le droit des successions pour lui. Pour ce qui est du côté familial, c’est plus compliqué. Et j’aurais tendance à dire non. Non parce que déjà des conservateurs d’archives peuvent faire le distinguo entre les deux branches de la profession et mettre au même niveau généalogistes familiaux professionnels et généalogistes amateurs. J’en ai connu et c’est très déplaisant.

 

Plusieurs autres raisons  à mon avis :

 

Tout d’abord notre politique culturelle, aussi curieux que cela puisse paraître. Elle a été longtemps une politique de conservation, conduite par un centre et organisée au nom de la sauvegarde ou de la mise sous tutelle des actifs culturels existants. Conduite au nom de valeurs jugées permanentes et qualifiées de « valeurs d’existence », elle tend à échapper à un marché dont l’effet serait de valoriser les actifs culturels en fonction des fluctuations de leur demande.

En France, la politique culturelle a aussi deux grands objectifs : création et accessibilité. De ce fait il y a redéploiement depuis plusieurs années vers de nouvelles formes de pratiques, notamment d’amateurs, considérées comme aussi nobles désormais et ce après les avoir tenues en marge pendant des décennies. Comme par exemple la généalogie, dont la pratique me semble très valorisée pour tout ce qui est amateur.

 

Autre raison à mon sens : le métier de généalogiste familial est une profession à faible proportion féminine. Et cela peut jouer en sa défaveur : le travail féminin est en effet moins valorisé que celui des hommes. Ce travail n’a pas encore acquis sa pleine légitimité et la notion de salaire d’appoint est encore très présente. De même, le droit à l’autonomie économique des femmes grâce à leur travail n’est pas encore pleinement reconnu. Alors quand un métier a une petite proportion supérieure de femmes dans la profession….

 

Troisième raison : la loi de Baumol déjà citée. Par passion, par vocation, les généalogistes semblent avoir renoncé à une meilleure rémunération. C’est en tout cas de plus en plus l’impression que la profession me donne parfois. Cela à mes yeux ne facilite pas sa reconnaissance en tant que profession. Car cela peut faire penser qu’elle n’est qu’un travail d’appoint, qu’on ne peut réaliser qu’à temps partiel et qu’à côté il y a le travail « sérieux » et rémunérateur.  Je force le trait volontairement.

 

Et si, au lieu d’attendre une reconnaissance venant de l’extérieur, de l’Etat par exemple, les généalogistes commençaient par reconnaître eux-mêmes que leur profession est une « vraie » profession ? Qu’elle mérite qu’ils la fassent connaître et reconnaître du grand public ? Il y aurait déjà là une grande avancée. Et là encore volontairement, en disant cela, je lance l’aiguillon contre la peau. Je titille et polémique. Mais qui sait ? Un jour ?