C’est la question que me posent souvent mes étudiants quand ils veulent s’installer. J’ai tendance à leur répondre : joker ! Ce n’est pas que je sois contre les chambres syndicales, j’en ai fait partie de deux en temps jadis, c’est surtout que pour le moment, telles qu’elles se montrent, et telles que j’ai pu les pratiquer, je n’en vois pas l’utilité pour eux.

Regardons les sites des chambres syndicales de généalogie. Que ce soit Sygène, la chambre des généalogistes professionnels, l’ASPG ou Généalogistes de France, les sites se décomposent peu ou prou ainsi :

  • présentation
  • charte déontologique
  • missions du généalogiste et pourquoi faire appel à lui
  • annuaire des adhérents

Rien qui permette de dire qu’un généalogiste membre d’une chambre est plus, ou moins, compétent qu’un généalogiste qui n’appartient pas à une chambre. Chroniques D’antan posait déjà la question le 3 novembre 2016 :

 » Et si on parlait des spécificités géographiques ? J’ai dans l’arbre sur lequel je travaille, celui de mes enfants, des branches un peu partout en Europe. Pour beaucoup d’entre elles, cela représente un blocage – parfois tout simplement à la génération 4, une vraie frustration. Pour toutes ces branches à l’étranger, je suis prête à payer un professionnel sur place pour avancer dans mes recherches, mais avant de m’engager j’ai besoin de savoir qui il est, s’il est compétent, s’il a vraiment les accès qu’il prétend avoir et si je ne vais pas gaspiller inutilement mon argent. Et je me heurte alors à un mur, qui est l’absence d’informations à ce niveau. Par qui passer ? Dans une profession qui n’est pas réglementée, à qui faire confiance, comment savoir ?

La question se pose de la même façon pour les généalogistes professionnels travaillant sur le territoire français. Les recherches potentielles de clients étrangers ne doivent pas être négligées, mais bien sûr il va falloir parler la langue du client qui vous contacte, s’être fait connaître dans son environnement généalogique personnel, avoir “montré patte blanche” ….

Quant aux clients français potentiels des généalogistes professionnels, n’ont-ils pas les mêmes interrogations ? Si leur but – qui n’est pas le mien – est d’avoir un résultat, un arbre tout fait sur 5 générations par exemple, comment vont-ils savoir à qui s’adresser ? Peuvent-ils s’en tenir au site internet, vitrine du professionnel ? Comment s’y retrouver dans une profession qui n’est pas soumise à un accès via un diplôme d’état, qui ne bénéficie pas d’une chambre professionnelle commune – ça aide tellement à avoir confiance dans le métier de découvrir qu’il y a au moins trois instances dites représentatives … – , et où toutes les offres semblent identiques ? Doit-on juste s’en tenir au bouche à oreille ? »

Alors faisons un peu de benchmarking pour voir s’il est possible de répondre à ses interrogations. Un peu de quoi ? Allons voir ailleurs, dans une autre profession non réglementée, ce qui s’y passe et comparons, si vous préférez.  Comme je travaille régulièrement avec un coach, et que Chroniques d’antan parlait de coaching en généalogie, je suis allé voir ce qui se passe chez eux.

Il existe à ma connaissance deux syndicats en France et j’ai regardé aussi le syndicat suisse auquel appartient mon coach. Les trois parlent d’accréditation ou de certification professionnelle. C’est-à-dire d’un engagement personnel dans une démarche d’amélioration professionnelle. Pour pouvoir arriver à cela, il a été effectué au préalable par les syndicats un important travail de clarification avec les fiches métiers, les référentiels de compétences et des critères d’appréciations explicités et testés. Trois niveaux, qui portent des noms différents mais qui veulent dire la même chose :

  • les sortants de l’école
  • ceux déjà en activité
  • les confirmés souhaitant faire reconnaître leur évolution vers des activités de formation ou de supervision.

Ce qui veut dire que la personne qui demande cela, car c’est une démarche volontaire mais quasi-obligatoire, payante, accepte de se mettre en situation, de dialoguer et d’échanger sur l’expérience avec des pairs spécialement formés à cela, d’avoir donc un retour sur les points forts et/ou des suggestions pour se renforcer dans ses compétences. Cela demande de l’humilité parce que ce n’est pas forcément une démarche simple. Mais c’est ensuite un argument commercial et le client sait à qui il a affaire : un débutant, un senior ou un maître es coaching.

Je suis allé voir du côté des psychothérapeutes (en pensant à la psychogénéalogie, et Dieu sait que les psychothérapeutes, il peut y avoir de la méfiance à leur égard). Même combat. Trois niveaux d’agrément.

Alors ? Et nous ? Ben… Rien !

Cela ne veut pas dire que les chambres syndicales ne discutent pas de ce sujet. Mais elles ne communiquent pas dessus. Ce qui est différent. En tout cas, depuis 16 ans que je suis dans la profession, je n’ai rien vu de nouveau.  Cela explique peut-être pourquoi si peu de familiaux sont dans une chambre syndicale. De même, je n’ai jamais vu une chambre venir voir in situ ce que nous faisons à Nîmes, ou proposer un partenariat. Comme si nous étions deux mondes différents, parallèles. Or ce n’est pas le cas.

Mais du coup, sans communication de leur part sur ce sujet, je préfère m’abstenir quand mes étudiants me demandent.  Adhérer à une chambre syndicale est-il utile ? Euh… Joker !