Je viens de lire deux articles très intéressants sur Filae. Celui de Thomas Robert tout d’abord : https://geneatom.wordpress.com/2016/12/07/filae-est-ce-le-debut-de-luberisation-de-la-genealogie/
Celui ensuite de ma consoeur : http://la-gazette-des-ancetres.fr/de-genealogie-com-a-filae-genealogie-a-lindexe/
Et cela m’inspire quelques réflexions. Ma consoeur termine son article ainsi : « En conclusion, je ne vous cacherai pas ma déception à la réaction du milieu généalogique face à l’évolution de Filae. De mon côté, je me réjouis d’une telle annonce. Cela montre que la sphère généalogique française bouge, innove. Alors j’encourage Filae, Geneanet, FamiCity, Heredis, Geneatique, à continuer à innover, essayer, se tromper, recommencer, car c’est la clé du succès. » Euh… Il ne manque pas quelqu’un dans sa liste ? Vous êtes sûrs ? Personnellement j’encouragerais aussi les généalogistes professionnels à innover, essayer, se tromper, recommencer car c’est aussi la clé de notre succès. Parce qu’il n’y a pas de raisons pour que nous ne le fassions pas nous aussi.
Ubérisation, j’aime beaucoup le terme. Et si on revenait aux basiques ? Parce qu’avant d’être un néologisme créé de toutes pièces, Uber est d’abord le nom d’une entreprise. Plus particulièrement d’une plate-forme. Le nouveau modèle économique qui s’impose, au coeur de l’économie participative. Filae, dans notre domaine, la généalogie, tout comme Uber pour les voitures, n’est propriétaire d’aucune photo. C’est juste une architecture qui anime et valorise un contenu qui ne lui appartient pas (l’état civil numérisé du XIXème siècle des Archives en ligne), qu’elle n’a pas créé. Elle met en relation. La génération de contenus est décentralisée, elle se met au service des réseaux qu’elle anime. Les conditions du succès du lancement d’une plate-forme se résument à deux objectifs : animer un écosystème aussi large que possible en s’appuyant sur de l’innovation ouverte et se mettre au service des échanges entre les participants de celui-ci.
C’est-à-dire ? Il se met au service du client. Il s’adapte à lui. Il l’accompagne. Les échanges entre les utilisateurs de Filae pourraient très bien exister sans lui. Il se contente juste de faciliter et d’accélérer ceux-ci. Une plate-forme automatise des échanges qui, de toutes façons, auraient eu lieu par ailleurs. Et chacun doit y trouver son compte. Les utilisateurs de Filae ne sont pas que leurs clients. Ils sont aussi la condition nécessaire à son activité.
Filae, tout comme toute plate-forme digne de ce nom, n’est pas seulement un canal de distribution. Toutes les parties tierces, les généalogistes professionnels y compris, ont la possibilité d’avoir accès à de nouvelles opportunités commerciales. Nous sommes certes mis en concurrence. Et alors ? C’est comme cela qu’on va pouvoir tirer notre épingle du jeu. Vous aimeriez que votre vie se résume à trois dates et trois lieux ? Je ne crois pas. Alors pourquoi l’imposer à vos ancêtres ? Ils méritent mieux que cela. Et là, ce sont nous les professionnels qui pouvons intervenir et tirer notre épingle du jeu, je le répète. Cela va certes bouleverser les rapports de force mais ce n’est pas un mal. Cela va aussi faire bouger les lignes, nous forcer à réfléchir, à avoir enfin une stratégie.
Comment allons-nous nous positionner, chacun des professionnels que nous sommes, par rapport à cette nouvelle plate-forme ? Est-ce que je dois en créer une à mon tour (et pourquoi pas après tout ?) ? Est-ce que je dois interagir avec elle ? Nous allons devoir nous interroger sur la pertinence de notre positionnement dans la chaîne économique de la généalogie. Nous allons devoir nous adapter en permanence. Nous allons devoir évoluer. Accepter de mettre de l’argent à perte parfois, d’autres fois cela va générer de nouveaux revenus. Tester et apprendre. Faire des choix.
A quels clients voulons-nous nous adresser en priorité ? Quels produits et services voulons-nous proposer ? Comment voulons-nous nous positionner par rapport à la concurrence ? Certes le contexte est incertain. Certes cela implique une prise de risque. Certes parfois nous ferons de mauvais choix. Et alors ? Comme tous les entrepreneurs. Car nous sommes des entrepreneurs. Un généalogiste professionnel, même s’il est auto-entrepreneur, est un entrepreneur. Et en plus nous pourrons déterminer si nous avons une raison d’être.
Si nous disparaissons, qui nous regrettera vraiment ? A quels clients manquerons-nous le plus et pourquoi ? Combien de temps faudra-t-il pour qu’un concurrent comble le vide que nous laissons ? Ce sont des questions intéressantes. Si vous répondez « personne, aucun et très peu de temps », c’est le moment de réfléchir à votre singularité et du besoin client non ou pas satisfait par vos concurrents.
Banco ?
5 réponses à “Ubérisation, stratégie, plate-forme, etc….”
Bonjour. Tout à coup, en lisant votre article je me pose une question : en faisant la généalogie de ma famille sans formation de généalogiste, suis-je un uber ? Cordialement. Annie Laute
Bonjour, mais quelle drôle d’idée ! Mais non, du tout. Juste une généalogiste. La formation n’est pas obligatoire qui plus est (si vous n’en sentez pas le besoin pour le moment, cela ne me gêne pas, l’essentiel c’est que vous trouviez du plaisir et votre compte à faire votre généalogie).
Et dans Uber, il y a vraiment cette notion de plate-forme Internet qui est primordiale. Je ne suis pas une plate-forme, vous n’êtes pas non plus une plate-forme. Par contre, nous pouvons appartenir à un ou plusieurs réseaux. Ce qui n’a rien à voir !
Non vous n’êtes pas un Uber je vous rassure.
Cordialement,
Stéphane Cosson
[…] Je suis certains que ce site va obliger certains à se remettre en question : les archives départementales d’abord, évidemment, mais aussi les associations locales et peut-être également les généalogistes professionnels. […]
Bonjour Clément,
Si nous ne nous remettons pas en cause, on est mort. Nous nous servons de Filae, comme les autres il n’y a pas de raison. Mais nous devons nous remettre en cause. Le monde de la généalogie bouge trop en ce moment pour que nous restions statiques. Mais on n’est pas rendu !
[…] Je suis certains que ce site va obliger certains à se remettre en question : les archives départementales d’abord, évidemment, mais aussi les associations locales et peut-être également les généalogistes professionnels. […]