Quand on est professionnel, qu’on a le nez dans le guidon, du travail à ne pas savoir se reposer parfois, il peut arriver qu’on se fasse avoir. Sans le vouloir, simplement parce qu’on ne prend pas suffisamment le temps de réfléchir. C’est le cas quand on a en face de soi un commercial « one shot ». Vous vous dites que cela ne vous arrivera jamais. Cela arrive plus vite que vous pouvez le penser.
De quoi s’agit-il ? Un commercial vient vous voir à votre lieu de travail, sans rendez-vous, ou vous téléphone. Une fois son argumentaire déroulé, il vous propose de signer sur le champ le contrat. S’il vous démarche par téléphone, il peut vous envoyer le contrat via votre e-mail et vous appeler plusieurs fois dans la journée, par exemple toutes les demi-heures, jusqu’à ce que vous signez.
Si cela rentabilise l’activité commerciale de la société qui l’emploie, ce n’est pas le cas pour la votre. Parce qu’il ne vous laisse pas le temps de réfléchir. Un commercial « one shot » est toujours dans l’effet de surprise. Et il débite sans vous laisser le temps de rétorquer. Il peut faire semblant aussi de vous écouter. Mais son but est toujours le même : vous faire signer à la fin de l’entretien. Et vous pouvez vous retrouver à devoir payer une somme astronomique qui plombe votre trésorerie, pendant plusieurs années parfois.
Si vous l’avez au téléphone, il peut vous appeler en commençant par vous dire : « Je viens d’avoir le service de la facturation, votre commande est bien sur 5 ans ? Non ? Ah mais alors il faut que je prévienne tout de suite le service. Vous allez noter ce code au bas du courrier que je vous envoie par mail et me le renvoyer. » Et vous rappeler, vous rappeler, vous rappeler encore et encore et encore parce que, vous comprenez, il ne faut pas laisser partir la facturation sur 5 ans et le service va fermer. Et vous n’avez pas le temps de vous dire : « mais ça je ne l’ai jamais commandé, je ne sais pas qui c’est cette société, de quoi il me cause ? ». Par exemple.
Vous n’avez pas le temps de lire le contrat, toujours écrit en toutes petites lignes, illisible sans une loupe. Vous n’avez pas de délai de réflexion. Il peut y avoir tacite reconduction du contrat sans que vous le vouliez et sans que vous le sachiez, sur deux, quatre ou six ans. Et surtout, dans le cadre d’un site Internet, vous n’êtes pas propriétaire ni du site ni du nom de domaine. Du point de vue de l’Internet, vous n’aurez pas les éléments décrivant leurs prestations. N’attendez pas non plus un suivi, il n’y sera pas. Mais on va vous présenter tout cela comme une offre promotionnelle exceptionnelle. Dans certains cas, il va même jusqu’à vous faire signer le Procès verbal de réception du site avant sa présentation (un document vierge donc) afin de palier à tout risque de contestation ultérieur et de refermer son piège bien huilé.
Le « one shot » va aussi revendre sa créance à une société de financement (sans vous avertir bien sûr, et puis quoi encore ?) à qui vous paierez la prestation mais qui ne sera jamais votre interlocuteur technique. Du coup, l’exception d’inexécution n’est pas opposable (vous n’avez pas fait la prestation, je ne vous paie pas) puisque le paiement et l’exécution sont distingués.
Je vous ai parlé des sites Internet, mais cela commence aussi à être mis en place dans le cadre de la publicité. Attention donc avant de signer ! Ou sinon, pour en sortir, préparez-vous à quelques années de procès. Mais heureusement, la jurisprudence commence à punir ce mode de vente agressif.