Le 15 octobre 1902, Antoine-Joseph Delmas prévient son directeur que deux détenus, les N° 7898 et 7899, deux frères, ont refusé tout travail. Ils préfèrent mourir au cachot que de continuer à travailler. Après interrogatoire des autres détenus, Antoine-Joseph comprend pourquoi ces deux détenus ont agi ainsi. L’un voulait être prévôt et l’autre cuisinier. Le travail n’est pourtant pas pénible selon Antoine-Joseph. Les labours ont commencé le 29 septembre et jusqu’à présent ils semblaient être de bons travailleurs sauf depuis quelques jours où ils mettent de la mauvaise volonté et rechignent. Le soir, ils restent en arrière, font exprès d’oublier quelque chose pour retourner au champ. Mais Antoine-Joseph ne leur a rien passé. Du coup, ils sont au cachot en attendant que le directeur lui donne d’autres instructions. Cachot dans lequel ils chantent sans cesse, qu’ils se moquent d’aller à Cayenne car quand ils sortiront du sang sera versé. Pourquoi l’un d’eux voulait-il devenir cuisinier ? Parce que le ramadam va commencer et le cuisinier est un roumi. Quant au prévôt, il ne sait pas se faire craindre car il n’a pas de matraque et il écoute trop le chef pour les faire crever. Il a par ailleurs pu recueillir que s’ils n’arrivaient pas à réussir leur complot, ils s’enfuiraient à cheval au Maroc. Le gérant du chantier est par ailleurs très satisfait du travail des détenus à qui il a payé un mouton toutes les semaines. Le directeur ne s’explique guère le refus des détenus alors que le travail est généralement préféré par les indigènes. On ne leur a jamais fait la promesse qu’ils seraient un jour prévôt ou cuisinier. Le directeur les considère d’ailleurs comme de mauvais détenus. Le plus coupable, selon le directeur, doit être retiré du chantier et l’autre très étroitement surveillé quand il sera remis au travail, sur un emploi plus pénible. Selon le directeur, c’est le n° 7898 qui doit être l’instigateur, au vu de son dossier. Il sera donc conduit à la prison de Saïda. Le N° 7899 sera maintenu 15 jours puis s’il refuse le travail autant que nécessaire.