Antoine-Joseph est le père de ma grand-mère maternelle. Une force de la nature, capable de soulever un homme qui avait posé les pieds sur sa paume de main, du sol vers le haut du comptoir d’un bar. Pas très grand (1 m 70) mais pesant plus de 130 kilos ! Capable de casser une chaise rien qu’en la posant un peu trop fort sur le sol. Obligé de devenir gardien de prison en Algérie après avoir été boulanger à Millau. Une grève de gantiers dans les années 1890 l’avait obligé de plier boutique. Il paraît que les prisonniers dont il s’occupait ne bougeaient pas quand il les surveillait. En même temps, vous ne pouvez pas faire grand chose quand vous avez quelqu’un qui se pose devant l’encadrement d’une porte et vous le remplit entièrement. Cela calme ! Quand j’allais chez mes grands-parents maternels, sa photo trônait sur le buffet de la salle à manger. A l’autre bout, Anne-Joséphine, sa femme, et son beau chignon de cheveux noirs. Ils étaient impressionnants tous les deux. Une des figures tutélaires de ma généalogie. Un des ancêtres pour lesquels j’ai beaucoup d’affection, sans doute parce qu’on m’a longtemps comparé à lui, non pas à cause du gabarit mais pour nos deux points communs : le chant et le fait que nous n’aimons ni l’un ni l’autre les pommes de terre bouillies.