Ah ! Les recherches dans les archives des notaires, je ne m’en lasserais jamais. Surtout quand des perles s’y cachent. De vraies perles, pas des erreurs d’écriture ou de compréhension ! Ainsi, Me Corbière, notaire de Lautrec, en 1672, nous donne l’évaluation des monnaies telle que décidée par le Parlement de Toulouse le 13 février 1602. Et c’est là qu’on comprend pourquoi la Révolution a tout transformé sur son passage. Que nous dit le Parlement de Toulouse ? Il nous donne le taux de quelques monnaies en cours dans son ressort. Ainsi : un sou tournois argent = 25 deniers un sou forte et bonne monnaie = 15 deniers un sou maliorque = 18 deniers un sou tournois = 15 deniers un sou content = 12 deniers un sou ramondenc = 18 deniers un sou toulze de bonne et forte monnaie = 2 sols 6 deniers un sou parisien = 1 sol 3 deniers un denier d’or = 3 sols 1 denier un denier toulze de bonne et forte monnaie = 2 deniers et demi un denier toulze sans forte et bonne monnaie = 1 sol 3 deniers un denier tournois d’or = 2 sols 6 deniers un franc d’or = 1 livre et 5 sols un écu d’or = 1 livre 7 sols 6 deniers un mouton d’or = 15 sols un florin d’or de Florence = 2 livres 5 sols 5 deniers un gros d’or = 1 sol 6 deniers Quelques remarques : La « bonne et forte monnaie » est une expression qui permet de distinguer deux Livres en cours au même moment. Par exemple la Livre Tournois de la Livre Parisis. Mais laquelle était considérée comme forte et laquelle comme faible ? La Livre Tournois valant 20 sous de 12 deniers et remplaçant à partir du XIIIème siècle, progressivement, la Livre Parisis,on pourrait supposer que la Livre forte est la Tournois et la faible la Parisis. Ce serait assez logique. Mais en fait, c’est l’inverse. En effet, une Livre Parisis vaut 1,25 Livre Tournois, soit une Livre de 25 sous de 15 deniers. De ce fait, quand on compte en bonne et forte monnaie, on compte en Livre Parisis. Le sou, ou le denier, toulze ou ramondenc, à l’origine est la monnaie frappée par les Comtes de Toulouse. Ensuite, il s’agit juste, si je puis dire, de la monnaie sortie de l’atelier de Toulouse. Le mouton, normalement, n’a plus cours depuis Charles VII. Il est appellé ainsi parce qu’y figure l’agneau pascal. Le gros de même n’a plus de cours officiel depuis le XVIème siècle. Quant au florin de Florence, s’il n’y a pas de lien avec Marie de Médicis, je mange mon chapeau, comme dit l’expression. Une dernière remarque : Alors que Me Corbière parlait du taux des monnaies, tout d’un coup, sans que l’on sache trop pourquoi, il écrit qu’un setier de vin vaut 2 ferrats de 10 pintes. Cela lui aurait-il donné soif ?