Dans son interview dans le numéro 303-304 de Gé-Mag, Myriam Provence dit : « Seuls les fonds et documents en ligne des archives, qu’elles soient municipales, départementales ou nationales, sont indispensables. Le généalogiste familial travaille et travaillera de son bureau, et son territoire d’investigation s’élargira au fur et à mesure de la mise en ligne des dépôts d’archives. » Cela me chiffonait et me turlupinait. Je n’étais absolument pas sûr que le généalogiste familial se devait de proposer tout le territoire en ligne comme recherches potentielles qu’il pouvait effectuer. Le faire ne me paraîssait pas crédible. S’il agrandissait son territoire d’investigation, le réseau de généalogistes mis en place, par exemple par le biais des chambres syndicales, ne servait plus à rien puisque tout le monde pouvait travailler n’importe où. Donc plus de sous-traitance au confrère plus proche. A mon sens, en tant que spécialiste, il est plus intéressant que le généalogiste professionnel se limite à un territoire bien précis, une région administrative par exemple. Toutefois, avec la mise en ligne, autre chose est possible si j’en crois mon expérience. J’ai travaillé sur Midi-Pyrénées pour plusieurs clients. Une relation de confiance s’est établie entre mes clients et moi, parfois sur plusieurs années. Une fidélisation a été mise en place. C’est un travail de longue haleine, fonctionnant sur le bouche-à-oreille, sur la qualité du rendu. Certains, satisfaits du travail effectué sur Midi-Pyrénées pour leur compte, sont en train de me confier du travail ailleurs, sur des départements mis en ligne. Je crois qu’ils le font parce qu’au départ, je me suis montré comme un spécialiste de mon secteur géographique. Et que, du coup, ils connaissent un généalogiste professionnel qui leur paraît suffisamment compétent et en qui ils peuvent avoir confiance. La relation n’est pas la même. La démarche non plus. Je continue toujours de me présenter comme spécialiste de Midi-Pyrénées. Mon fonds de commerce géographique se situe là et uniquement là. Des recherches confiées ailleurs, sur d’autres régions, deviennent la cerise sur le gâteau. Je n’agrandis pas mon champ d’investigation au fur et à mesure des mises en ligne. Ce sont mes clients qui me demandent de l’agrandir de manière exceptionnelle. La démarche n’est plus du tout la même et me paraît beaucoup plus intéressante car il s’agit déjà d’un public captif. C’est lui qui me propose, ce n’est pas moi. Je suis dans la position où je peux refuser si je me trouve par exemple débordé de travail. Et cela n’empêche pas la mise en réseau, que j’accepte ou pas. Après tout, je peux faire le squelette généalogique par l’intermédiaire de la mise en ligne et ensuite confier tout le travail de l’habillage en sous-traitance à un confrère plus proche. Ou bien, si je n’ai vraiment pas le temps, renvoyer tout à un confrère que je recommande. La démarche n’est vraiment pas la même.