Il me tarde que Philippe Zalmen Ben Nathan sorte son ouvrage sur la vicomté de Lautrec. Cela fait six mois que j’attends façon loup de Tex Avery devant la pin-up. C’est dire. Il a démontré que la famille de Toulouse-Lautrec ne descendait pas du mariage de Baudouin de Toulouse et d’Alix de Lautrec, qu’il y avait continuité lignagère. Et si, malgré tout, il y avait quand même une petite once de vérité dans la légende familiale ? Ce qui m’embête en effet, c’est l’apparition du prénom Bertrand dans la famille de Lautrec. Ce n’est pas un prénom habituel chez eux. Pourquoi Frotaire III aurait-il appelé son fils ainsi ? Pourquoi ce prénom apparaît-il tout d’un coup ? Cela pouvait s’expliquer grâce à Baudouin. Bertrand est en effet un prénom que l’on retrouve chez les Toulouse de manière récurrente. Le problème, c’est que Baudouin n’est plus la souche. Et l’explication ne tient plus. Une hypothèse comme cela, qui vaut ce qu’elle vaut tant qu’aucun document n’a pu la prouver : Et si l’épouse inconnue de Frotaire III appartenait à la maison de Toulouse ? Une fille bâtarde non découverte de Raymond V par exemple, pour rester sur le même grand-père. L’apparition du prénom Bertrand pourrait alors toujours s’expliquer, sa transmission des Toulouse vers les Lautrec itou. Mettons-nous maintenant à la place des généalogistes du XVIIe siècle, un peu faussaires sur les bords. Si, si, ne nous voilons pas la face, il y en avait à l’époque. Leur client, noble seigneur, leur a demandé de trouver une parenté avec les Toulouse. Toulouse-Lautrec, cela en jette plus que Lautrec tout court. Cela donne un autre passé, une autre gueule. Le seul lien qu’ils trouvent est cet hypothétique mariage de Frotaire III avec une fille bâtarde de Raymond V. Cela manque de panache. Pas vraiment le top. Sauf à s’arranger avec la réalité. On glisse la postérité de Frotaire III vers sa demie-soeur Alix, mariée avec un fils légitime de Raymond V et d’une fille de France (Baudouin donc). Du coup, les Lautrec se retrouvent cousins lointains du roi. Cela a beaucoup plus de classe. L’ego du client est satisfait. Ce n’est pas la réalité ? Pas grave, on va dire que les archives ont été perdues. Cela va arranger tout le monde. Personne ne pourra vérifier. Et on s’asseoit sur sa conscience bien sûr. Bon bien sûr, tout cela n’est qu’hypothèse. Mais après tout, pourquoi pas ?