Depuis un mois maintenant, j’essaie de sauver un kentia qui a subi une infestation de cochenilles rouges. J’ai dû couper toutes les feuilles, y compris celle qui était en train de pousser, et j’espère que le pied est sauvé. Pourquoi cette introduction ? Parce que ce kentia a plus de 25 ans et qu’il est lié à mon grand-père maternel. Je l’ai récupéré l’année de son décès. Et en passant de ce kentia à mon grand-père maternel, de fil en aiguille, je suis arrivé à me demander pourquoi j’étais entré en généalogie. Plusieurs raisons et plusieurs personnages. La première des raisons est liée à mon grand-père maternel, à l’amour indéfectible qu’il y avait entre nous. Cinq de ses frères et soeurs se sont mariés avec des cousins. Ils ne savaient plus trop comment ils étaient cousins mais ils l’étaient. Je m’étais dit qu’un jour je trouverais ces cousinages. Et je les ai trouvés. Les autres raisons sont liés à différents personnages de mon histoire familiale. Antoine-Joseph Delmas. C’est le père de ma grand-mère maternelle, celui à qui on m’a souvent dit que je ressemblais au niveau du caractère. Un chanteur gardien de prison. 137 kilos pour 1,70 m. Colérique et doux à la fois. Elie Nègre. Le frère aîné de mon grand-père maternel, celui qui l’a élevé à la mort de leurs parents. Mort lors de la Première Guerre Mondiale pour la France. Celui à qui, parait-il, d’après mon grand-père, je ressemble physiquement. Rose Valéry. La mère de la mère de ma grand-mère maternelle. Issue d’une famille riche (ses draps ne faisaient que deux pans) et noble. Morte en couches. Ses filles ont été élevées par une marâtre dont elles n’ont pas gardé un excellent souvenir. René Cosson. Le père de mon grand-père. Disparu au tout début de la Première Guerre Mondiale et qui a eu un « fils » deux ans et demi après sa disparition. Celui dont on ne sait rien. Destinée inconnue. Est-il parti vivre en Allemagne, profitant de la Guerre pour s’échapper de sa femme ? Ou bien est-il vraiment mort début septembre 1914 ? Joachim Viot. Le beau-père de René Cosson ci-dessus. Le chanteur d’opéra. Celui en tout cas dont tous les descendants mâles ont hérité de la voix. Mais aussi celui dont il ne fallait pas parler. Pourquoi, je ne l’ai jamais su. La Delmas Vieille et la Catinou. Fille et mère. La Delmas Vieille, Marie Canivenq de son nom de jeune fille, est la mère d’Antoine-Joseph. Morte à 98 ans et demi. La Catinou, sa mère donc, est morte à l’âge de 103 ans en gardant les brebis. Tous les descendants de la Catinou sont décédés entre 89 et 103 ans, la moyenne étant à plus de 95 ans. Ma bibliothèque est l’armoire à deux battants que la Catinou a apporté lors de son contrat de mariage. Deux caractères forts. Peut-être y a-t-il eu d’autres personnages. Mais ceux-là ont hanté mon enfance. Décédés à ma naissance mais toujours présents. Toujours là. Des personnages fondateurs. A qui je pouvais me raccrocher. Faisant partie de mon histoire presque quotidienne. C’est pour eux que je me suis lancé dans cette aventure il y a 30 ans, à l’âge de 13 ans. Parce qu’ils étaient en moi et que je fais partie d’eux.