C’est peut-être couillon de ma part, je n’en sais rien. Mais je déteste envoyer seulement une facture à un client. Il peut arriver que je fasse des recherches et que, par rapport à la demande de mon client, il n’y ait rien. Je ne trouve aucune piste. Les documents peuvent aussi être non communicables ou disparus ou que sais-je encore. Dans ces cas-là, je ne peux qu’envoyer qu’une facture pour le temps consacré avec un courrier explicatif certes, mais rien d’autre. C’est ce qui vient de m’arriver pour deux clientes. Tant pour l’une que pour l’autre, je me suis déplacé aux Archives de Rodez pour rien. Pour des raisons différentes : pour ma première cliente, le contrôle des actes est non communicable et les minutes du notaire chez qui la famille a passé la majorité des actes pour la période qui m’intéresse ont disparu. Pour la deuxième, certes j’ai des notaires mais nous sommes à une époque où il y en a quand même de moins en moins qui sont conservés et où donc la recherche s’avère plus difficile. C’est peut-être couillon de ma part mais à chaque fois cela me pose un cas de conscience. Comme si je volais ma facturation. Alors que j’y suis allé et que je ne suis pas responsable des documents que je peux utiliser ou pas pour avancer dans ma recherche. Je n’aime pas ne pas trouver ne serait-ce qu’une bribe de piste, un dernier espoir, une dernière lueur si je puis dire. Sans doute parce que je suis un chercheur. Ou peut-être parce que j’ai envie de faire plaisir à mes clients. Voire les deux. Non pas que je vais forcément perdre mon client, mais finir une recherche est toujours douloureux. Je ne peux aller plus loin, il faut s’y résoudre, il me faut l’annoncer. Le client devra en faire son deuil. Il n’aura plus de réponse à ses questions. Il n’en saura jamais plus. Le tour est fait. Et je crois qu’en fait c’est quelque chose que je n’aime pas annoncer.