Mon stagiaire en comptabilité avance lentement mais très sûrement dans la saisie de mes comptes. Et c’est là, en le voyant agir au quotidien, que je me rends compte que nous ne sommes pas, mais vraiment pas du tout dans la même culture d’entreprise. Il est dans ce que l’on pourrait appeler une culture de la peur, de la catastrophe voire pire si nécessaire. Cela me stresse au possible, vous ne pouvez pas savoir… Je suis chef d’entreprise, donc quelqu’un d’optimiste. Forcément et irréductiblement optimiste. Si je commence à ne penser qu’en problèmes plutôt qu’en solutions, je n’y arriverais jamais. Je n’avancerais jamais. On peut me mettre toutes les stratégies marketing imaginables devant les yeux, Blue ocean, Fair Price ou autre, elles ne serviront à rien. Puisque je serais toujours dans l’imagination du pire qui va forcément me tomber dessus d’ici la prochaine nano-seconde. Ah, trop tard ! Je ne sais pas comment mon stagiaire en comptabilité peut vivre comme cela. Pour moi, c’est impensable. En même temps, de par son métier, comptable, je peux comprendre. Il surveille les comptes, donne des conseils en gestion pour me faire faire des économies (même si parfois les bouts de chandelle, je trouve cela complètement inutiles et prises de tête. Ce que nous pouvons nous engueuler à ce sujet parce que nous sommes tous deux des têtus obstinés et tenaces). Son but, c’est que l’entreprise ne soit pas dans le rouge. Pour cela, il met le hola, un frein à mes désirs, mes envies, mes enthousiasmes. Mais c’est quand même une culture différente de la mienne. Je n’imagine la vie qu’en termes de solutions non encore trouvées. Pas en terme de problèmes non encore résolus et peut-être définitivement irrésolubles. C’est ce qu’on pourrait appeler la culture de l’optimisme, de la vie en avant, du jaillissement, du Yallah ! Complètement aux antipodes de ce qu’il pense au quotidien. C’est ce qui me fait me rendre compte que chacun doit vraiment être dans son territoire, sa chasse gardée. Qu’il fasse attention aux comptes d’accord. Mais que cette attention empêche la créativité au cas où… Non ! Je vous l’ai déjà dit, je veux changer d’expert-comptable. Mon stagiaire en comptabilité me permet de bien connaître les besoins que j’aurais à ce sujet, les missions que je peux exiger du nouveau expert-comptable que j’aurais choisi, une fois les comptes saisis. Ce sera pour moi, principalement, une mission d’affinement de ma stratégie, de ma gestion, en dépiautant tous les comptes. Ce sera au moins cela.