J’étais hier aux Archives, en train de faire une recherche pour un de mes clients habituels. Comme d’habitude, je déroulais minutieusement mon rouleau de microfilm, histoire de ne pas oublier un membre de la famille que je recherchais. Quand, en début d’après-midi, est venu s’installer, à côté de moi, un monsieur avec sa généalogie récupérée sur Internet, avec des dates certes, complètes ou pas, des lieux le plus souvent mais sans aucune référence… Il venait effectuer des vérifications, chercher des compléments qu’il n’avait pas trouvé sur Internet, sur les sites commerciaux. Et, visiblement, c’était la première fois qu’il se confrontait aux registres. Comment ? Tout n’est pas saisi ? Fut sa première réflexion, dès son installation devant le lecteur de microfilms. Et bien non, monsieur ! Et comment je fais pour chercher ma famille ? Il faut dérouler le microfilm ? Il n’y pas d’index, un moyen d’aller plus vite ? Non ? Mais je vais y passer un temps fou ! Une fois le microfilm installé, il commence donc à lire celui-ci. La responsable des archives, penchée derrière lui, y va de son couplet, histoire de lui mettre un peu plus de pression : Boudu ! Boudu ! Boudu !Boudu ! Boudu ! Les registres paroissiaux ! Mais cela va être difficile ! Aaahhh! Vous vous attaquez à fort, hééé ! Qui plus est, malchance, à un moment, il tombe sur une partie où l’encre a bavé, traversé le papier. Bref, des pages quasiment blanches, que des yeux aguerris peuvent lire. Mais des yeux débutants ? Mais c’est illisible ! Et comment vous faites ? A un autre moment, paf ! Le nom de la mère ne correspond pas : Celui qui est sur le registre n’est pas celui qu’il a eu sur Internet. Et lequel est le bon maintenant ? Qui croire ? C’est là où nous nous sommes mis à discuter. Même s’il comprenait que je pouvais être passionné, même s’il s’est pris au jeu au bout d’un moment, ce n’était pas simple pour lui. Résultat, à la fin de l’après-midi, il me demandait mes coordonnées. Au cas où il ne s’en sortirait pas… Parce que, quand même, j’avais insidieusement glissé que j’étais professionnel. Ne soyons pas bête dans ces cas-là ! Bon, je me moque gentiment, en forçant un peu le trait ! Mais il s’agit de deux mondes différents et pourtant pas si lointains l’un de l’autre. C’est vraiment l’impression que cela m’a donné. Et je me suis dit qu’il y avait encore de la pédagogie à inventer.