Mes différentes réflexions sur la numérisation des archives, les rapports avec les cercles généalogiques d’amateurs, entre autres, me poussent à m’interroger sur mon métier. Et s’il fallait le faire évoluer ? Et si oui, comment ? Ma réflexion s’est enrichie à partir d’une interview parue dans Archimag de la directrice de l’ENSSIB, l’école de formation des bibliothécaires. Voici ce que j’en ai retenu. La directrice de l’ENSSIB constate qu’il y a une évolution sociale qui modifie le métier de bibliothécaire. Cette évolution sociale implique un partage du savoir et une démocratisation de la culture. Il me semble que cette évolution sociale, qui selon elle modifie la vision de son métier, s’applique aussi au mien. En généalogie, ce partage du savoir, cette démocratisation existent bel et bien et me semble même être complètement incontournables. De ce fait, elle se posait la question des objectifs de son métier. Quels sont les plus importants ? Tenir compte de cette évolution et s’y adapter ou s’intéresser prioritairement à la richesse des collections et à la compétence érudite ? Est-ce le public qui légitime le métier ? Je crois que nous devons nous poser les mêmes questions. Nous avons, nous les professionnels, une compétence érudite qui me semble indéniable. Nous avons aussi des collections documentaires riches mais qui sont pour le moment complètement dormantes pour la plupart. De ce fait, il me semble que la profession est passée en partie à côté de l’évolution sociale décrite par la directrice de l’ENSSIB. Elle décrit ensuite la révolution technique qui est en cours : documentation numérique et nouveautés en matière d’accès à l’information. Là encore, il me semble que c’est d’actualité pour nous généalogistes. La numérisation des archives, leur mise en ligne dans certains départements va chambouler notre matière de travailler. Les bases de données Internet des amateurs ou des portails généalogiques aussi. Qu’avons-nous fait pour nous adapter ? Et si, comme le bibliothécaire ou le documentaliste, le généalogiste professionnel était en fait une personne qui rassemble, organise et diffuse, moyennant finances, de l’information au profit du plus grand nombre ? Notre plus-value se trouve-t-elle dans le traitement, l’organisation, la validation, la mise à disposition ouverte et pérenne d’informations pour lesquelles nous pouvons certifier l’exactitude ? Et s’il notre manque principal était la communication sur notre métier ? Quelle chambre syndicale a offert une présentation critique de notre domaine professionnel face aux politiques publiques, à l’environnement administratif, à l’histoire, aux acteurs, aux enjeux, aux attentes, bref à notre culture professionnelle ? Avons-nous offert des clés de compréhension ? Il me semble que non, pas jusqu’à présent. Peut-être est-il temps de faire évoluer le métier.