Il s’agit d’un document que l’on trouve en série G aux Archives Départementales, plus précisément dans la sous-série concernant l’officialité diocésaine. Un document tel que celui-ci est toujours très intéressant à dépouiller, même si c’est un peu long. Celui que j’ai sous les yeux fait 27 pages. Mais on y trouve une mine d’informations. Tout d’abord, on y trouve l’arbre généalogique dessiné montrant très précisément la parenté entre les suppliants. Dans la requête des cousins, ils justifient souvent les raisons du mariage : ils se sont connus charnellement, l’absence de mariage ferait scandale dans la communauté, ils sont pauvres … Suivant le degré de parenté prohibé, il faut obtenir un bref papal de dispense. Si c’est le cas, vous pouvez trouver toute l’explication concernant ce bref papal et sa fulmination. Bien évidemment, comme dans tout acte de justice (ce qui est bien le cas ici car il s’agit de justice ecclésiastique), on auditionne les suppliants et plutôt deux fois qu’une. L’un après l’autre, et pas par les mêmes personnes, pas le même jour, pas au même endroit mais chacun dans sa paroisse s’ils vivent dans des paroisses différentes, ils doivent justifier leur volonté de se marier, comment ils se sont connus de manière très précise. Auditionner les suppliants c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Ils peuvent s’être entendus au préalable et ressortir le même récit. Il faut donc auditionner des témoins, voisins le plus souvent (pas la famille, elle est trop impliquée), afin de vérifier les dires. Et pour être le plus complet possible, il faut aller chercher des témoins d’un côté comme de l’autre. Enfin, vient le jugement, l’autorisation. Il y a alors une pénitence à accomplir. Par exemple : les suppliants devront assister à la messe de leurs paroisses les dimanches et fêtes, le temps des fiançailles, à genoux, avec modestie, un cierge allumé à la main. Ils devront se confesser pour obtenir l’absolution suite à l’inceste qu’ils s’apprêtent à commettre. Après le mariage, ils réciteront dans l’église de la paroisse de leur domicile, à genoux, après la messe, le chapelet. De même, chaque soir, avant de se coucher, toujours à genoux, ils réciteront cinq Pater et cinq Ave puis baiseront la terre. Et ce pendant six mois. La dispense de parenté donne donc une tranche de vie intéressante à aller chercher. Il me semble que cela donne de la vie à l’arbre généalogique, de la chair. Je trouve dommage qu’elle ne soit pas plus exploitée. Allez voir ! Vous ne serez jamais déçus.