La généalogie est, somme toute, un secteur nouveau dans l’économie. Il n’existe que depuis une trentaine d’années, ce qui est relativement court. De ce fait, il y avait au départ une bonne dose d’incertitude : sur la dimension potentielle du marché. sur la configuration optimale du produit. sur la nature des acheteurs. sur la meilleure manière d’atteindre ces acheteurs. sur la résolution de certains produits technologiques. Est-ce toujours le cas ? Je ne le crois pas. Au fil des ans, certaines de ces incertitudes se sont résolues, notamment quand des sociologues comme Martine Segalen se sont penchés sur le phénomène. En 1991, avec Claude Michelat, elle a mené une enquête auprès des généalogistes de l’association des PTT. Cette enquête a permis de cerner une population à la mémoire cassée, due à une mobilité géographique depuis parfois deux ou trois générations, et ignorant presque tout de ses origines. Patrice Cabanel, en 1995, a pu déterminer des zones géographiques précises : celles où la densité généalogique est faible : l’Outre-Mer, la Corse, le Midi méditerranéen, une partie du Bassin parisien et la zone frontalière de la Suisse. celles où la densité géographique est forte : le Nord-Picardie, l’Est, l’Ouest, le Nord du Massif Central, l’Ariège, l’Ain, l’Ardèche et les Alpes-de-Haute-Provence. Jean-Louis Beaucarnot, en 2002, a commenté une enquête commandée au Département des Etudes et de la Prospective par les Archives de France, portant sur les publics ayant fréquenté les dépôts départementaux et communaux au cours de l’année 1999. Le client potentiel est ainsi mieux connu. Des technologies se sont affirmées, comme les NTIC. Minitel d’abord, puis Internet, logiciels informatiques, Cd-Roms… Par contre, il me semble qu’une incertitude n’est toujours pas levée : les indications sur la dimension potentielle du secteur et ce à partir de la croissance connue. Personne, à ma connaissance, ne s’y est encore penché dessus, même si la Chambre des Généalogistes Professionnels a lancé en 2004-2005 une enquête auprès de ses adhérents afin d’avoir enfin quelques chiffres sur la profession. Cette enquête, à mon avis, n’est qu’un début qu’il faudrait développer à plus grande échelle. Mais, d’un point de vue stratégique, une firme ne peut pas se reposer sur l’incertitude pour se mettre longtemps à l’abri de la concurrence, quelle qu’elle soit. Elle doit au contraire se préparer à cette levée totale de l’incertitude. De ce fait, soit elle défend sa position, soit elle adapte sa démarche si les paris sur l’avenir qu’elle avait fait se révèlent in fine faux. Ce qui est toujours difficile si le généalogiste n’a pas d’outils de gestion spécifiques sur lesquels il peut s’appuyer. Une généalogiste, membre de la CGP, est en train de tester un logiciel de gestion spécifique à notre profession. Peut-être qu’une commercialisation de cet outil à tous les professionnels pourrait permettre d’analyser ensuite les données.