Je viens de recevoir le mémoire de Master 1 spécialités Archives de Matthieu Michelet, soutenu le 15 juin 2018 à l’Université d’Angers.  Ce mémoire est intitulé « De l’amateur au professionnel, la généalogie à l’heure du web : la communauté des généablogueurs du Challenge AZ« , et il y parle des professionnels, de leur légitimité, de leur formation. Voici un résumé de ce qu’écrit Matthieu Michelet (avec mes remarques en plus à certains moments).

 

La volonté de devenir professionnel naît rarement d’un coup de tête. C’est le fruit d’un long processus passant par le développement personnel de compétences. Existe-t-il une véritable différence entre amateurs et professionnels ? Selon Matthieu Michelet, rien n’est moins sûr.

 

La professionnalisation, dans une première acception, est le processus par lequel une activité devient une profession libérale mue par un idéal de service. Dans le domaine de la généalogie, ce principe est l’élément central distinguant amateurs et professionnels. Serait professionnel l’individu se qualifiant comme tel (la licence) et bénéficiant de cette qualité par d’autres (le mandat).

 

Avant les années 2000, aucune université ne propose le moindre diplôme dans le le domaine de la généalogie. L’accès à la profession ne s’appuie que sur les seules compétences développées par les individus, sans autre reconnaissance que la leur ni d’autres bases que leur auto-apprentissage. En l’absence de formation adéquate, la distinction entre amateurs et professionnels repose essentiellement sur leurs objectifs.

 

Deux écoles existent concernant la question de la légitimité (et c’est là que cela devient très intéressant) :

*La légitimité se fait par le biais du diplôme. Le titre ou le diplôme est en effet l’outil de légitimation par excellence.

*la légitimité se fait par le biais de l’expérience. Les deux seuls diplômes existant sont des DU. Ce ne sont pas des diplômes nationaux.  La VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) est donc impossible.

 

Comment dès lors accéder à cette légitimation ? Matthieu Michelet parle de la piste subjective. Le sentiment des individus de leur légitimité est en lien avec l’estime sociale conférée par le travail. Une activité socialement dotée de valeur permet de mettre en place une bonne estime de soi. Serait considérée comme légitime la personne reconnue par d’autres individus effectuant la même activité rémunérée. En se coalisant, via une association professionnelle par exemple, ils protègent leur territoire.  Le non-membre se retrouverait marginalisé , hors des clous posés par ces pairs.  Hors ce ce conglomérat, l’activité professionnelle ne semble pas fiable.  Cela peut être aussi un moyen de pression pour que les non-membres intègrent la coalition, sachant que cette dernière peut être aussi un moyen de faire du lobbying afin de défendre leur sphère de contrôle face à la concurrence.

 

Actuellement, il y a les deux types de professionnels : ceux qui ont un DU et ceux qui ne l’ont pas. Et de ce que je peux constater jusqu’à présent, ceux qui se sont installés avant que les diplômes n’existent n’ont pas présenté de dossier pour le passer.  Le feront-ils un jour ? Je ne suis pas sûr. Je ne suis pas sûr non plus que cela facilite une bonne compréhension du métier.

 

Matthieu Michelet a constaté qu’il existe un manque de dialogue. Cette absence semble être le prélude de longues difficultés pour établir une définition claire de la profession.  A défaut, cette tâche reviendra au législateur.  Il n’est hélas pas le seul à le penser.