Quand je transcris pour un client un texte, parfois la transcription en elle seule ne suffit pas. Il faut aller au-delà. C’est notamment le cas si le texte est un peu savant.

 

Par exemple, je suis sur une lettre patente de noblesse. Le demandeur doit prouver sa noblesse. Il apporte donc toutes les preuves pour cela. A partir de celles-ci, le roi ou son représentant dit le droit. Et pour cela, il s’appuie sur le passé en consultant les écrits juridiques. Dans sa décision, il va citer des ouvrages et ses auteurs. Mais comme il les connaît, nul besoin pour lui de les citer en entier. Parfois, il va même les citer en latin plutôt qu’en français.

 

En tant que paléographe, je ne peux pas me permettre de m’arrêter à ces documents abrégés et dire à mon client : « Mon travail de transcription est fait, pour le reste, débrouillez-vous ». Ce n’est pas à mes yeux professionnel. C’est là qu’intervient mon ami Internet. J’ai le début du nom du juriste, l’ouvrage abrégé. Souvent, je n’ai pas de date, pas de lieu, pas de nationalité non plus. Que puis-je trouver à partir de cela ?

 

Et c’est parti pour des recherches ! Parce que quand vous avez écrit ceci :  » Damhoud. en sa praticque  criminelle q(uestion) 32 le tient ainsi. Guy Pap. audit (chapitre ?) 33, Jules Clar. (traité) « des recettes », sentence 5, Farin. question 32, matière 19, Menoch. (traité) « de l’arbitrage judiciaire », livre 1, question 50, Capicius (traité) « de l’enseignement à Naples » (chapitre) 143. » Il faut absolument faire quelque chose si vous voulez que votre client comprenne de quoi ou de qui il s’agit.

 

Vous ne pouvez passer outre. Donc en notes de bas de page, il faut lui expliquer que ce sont des jurisconsultes, du XVIème siècle (à part le deuxième qui était juge de la Rote romaine au XIIIème siècle) : Joos de Damhouder, Guido de Papa, Giulio Claro, Prospero Farinecci, Jacobus Menocchio et Scipio Capicius. Avec pour chacun une brève biographie. Ainsi il peut mieux comprendre le texte transcrit ou savoir à qui l’auteur de la lettre patente fait référence.

 

Le nec plus ultra serait de lui retrouver les textes ou ouvrages en question et de lui en faire un résumé. Mais  ce n’est pas  toujours possible.