Travailler en collaboration, même à distance, peut parfois amener à des découvertes. Ce fut le cas hier. J’avais demandé à Sandrine, une de mes étudiantes, habitant Strasbourg,  de me relever dans les inventaires du Tarn en ligne toutes les occurrences concernant la famille Lautrec.  Elle est stagiaire chez moi mais en télé-travail. Ce qui est un peu particulier, demande de l’organisation à laquelle je ne m’attendais pas mais ne va pas l’empêcher d’apprendre. Avec un Google Drive, un appareil photo et des travaux divers et variés à différentes époques. Mais cela fera l’objet d’un autre post, une fois l’expérience terminée.

Et à un moment, elle m’écrit :  « AD 81, 6 E 1 / 539, Me Jean Fajegaltier à Lautrec, mention de Hélène de Lautrec, sans plus de précision. » Hélène de Lautrec ? Inconnue au bataillon. Bon allons voir. Comme il n’y a aucune autre indication, c’est parti pour dépouiller folio après folio le registre.

 

Folio 53, je lis ceci : Le 21/09/1618 Hélène de Lautrec a dit être payée de la somme de 50 livres par feu Antoine Frezouls et Philippe Manenq par deux actes en date du 22/05/1609 et 18/06/1610 devant Me Arraby et Me Fabriès et  deux paiements devant moidit notaire le 8/08/1611.

 

Des deux notaires mentionnés, c’est Me Dominique Arraby qui a le plus de registres et donc avec qui j’ai plus de chances de trouver d’autres renseignements. Je commence par lui donc. Je trouve effectivement de nombreux actes où Hélène de Lautrec intervient.  La majorité concerne des prêts d’argent à des personnes pour qu’ils puissent s’acheter du blé.

 

Avant 1609, je découvre qu’elle a une soeur prénommée Denise qui n’apparaît plus ensuite. Elle a dû décéder à cette date. Déjà que Hélène n’tait pas un prénom courant dans cette famille, celui de Denise c’est de l’inédit.  Aucune Denise de Lautrec connue à part elle. D’où elle a sorti ce prénom ?

 

Retour à l’ordinateur. Le travail qu’a fait Sandrine à distance, je vais le faire sur place et taper entre guillemets dans Pléade, sur les ordinateurs de la salle de lecture des AD 81, Denise de Lautrec. Je verrais bien ce qu’il va me sortir. Et là, j’ai une perle qui apparaît : « 6 E 1 / 541 Me Gaspard Hérisson, notaire de Lautrec, testament de Denise du Bosquet, religieuse au monastère de Vielmur. Nomme comme héritières Denise et Hélène de Lautrec, ses nièces. »

 

Catherine, une autre de mes étudiantes qui fait un stage avec moi elle aussi mais sur place, sent ma fébrilité monter à vitesse grand V. Je vais peut-être en savoir plus. Impossible de rester sur place. Je fais des va-et-vient entre ma place et l’ordinateur de la salle de lecture, à continuer les recherches, en attendant que le document arrive.

 

Au folio 192, je trouve enfin le testament, en date du 26/11/1591. Vais-je savoir qui sont les parents de Denise et Hélène ? Eh bien non ! Par contre, elles ont une soeur prénommée Françoise.  Et deux cousins germains : Paul de Roux, sieur de Montaussel et Marguerite de Roux, épouse du sieur des Issaux.

 

Françoise…. Françoise… Retour sur l’ordinateur. Mais j’ai vu une Françoise de Lautrec dans mes recherches ! On est toujours dans les prénoms inédits pour la famille, soit dit en passant. TADA ! J’ai à la même époque une Françoise de Lautrec, veuve d’Antoine de Cavayer dont le fils Jean est sieur de l’Alphanié. Si c’était la soeur de Denise et Hélène, vu que pour Marguerite de Roux, le titre de son époux est mentionné, pour Françoise, si elle était veuve d’Antoine de Cavayer, ce serait aussi mentionné non ? Et si cette Françoise était une tante de l’autre à qui elle aurait donné son prénom ?

 

Bon reprenons, j’ai trois soeurs (Françoise, Denise et Hélène) filles de X de Lautrec et d’une demoiselle du Bosquet.  Et une autre Françoise, veuve à la même époque d’Antoine de Cavayer. Bon ! Il ne reste plus qu’à déterminer qui est X et si nous avons une ou deux Françoise.  C’est parti !

 

Qui va-t-il être ? Cadet inconnu ? Bâtard ? Combien de temps vais-je mettre pour le trouver ? Je n’en ai absolument aucune idée mais rien que l’idée de la recherche est excitante !