On ne le répétera jamais assez : ce n’est pas parce que c’est écrit que c’est parole d’évangile. Une seule certitude : les actes ! Ceux que l’on va lire soi-même, aux Archives ! Seule une recherche dans les sources permet de savoir si ce qui est écrit par ailleurs est vrai ou pas.
Tenez, un exemple. Dans l’ouvrage de Jacques-René Magné et Jean-Robert Dizel sur les Toulouse-Lautrec, il est marqué que Renée, fille de Pierre VI et d’Anne de Nadal, épouse Louis du Puy, sieur de Saint Juéry. Mais les auteurs ne donnent aucune date pour ce mariage. Du coup… C’est presque ça !
Une fois la source vérifiée, Pierre VI de Toulouse-Lautrec et Anne de Nadal ne sont pas les parents mais les grands-parents de Renée. En effet, son contrat de mariage (qui n’était pas mentionné dans l’ouvrage) passé le 29/10/1662 nous apprend qu’elle est fille de Bernard de Toulouse-Lautrec et de Marguerite de Vitrolles, Bernard étant le fils de Pierre VI et d’Anne de Nadal.
Et pourtant l’ouvrage est relativement récent : 1992. Les documents sont lisibles : 1662, pour un généalogiste, ce n’est pas si compliqué que cela à lire. Un peu (ou beaucoup) de paléographie et normalement c’est faisable. Mais encore faut-il aller aux sources. Sans une vérification de celles-ci, sans une confrontation aux actes en salle de lecture ou par Internet si les documents sont numérisés et diffusés par ce biais, on peut écrire des bêtises ou les répandre. Parfois en toute bonne foi.
Donc surtout, tout le temps, les sources, les sources, les sources et les sources ! Seul moyen de ne pas écrire des idioties en généalogie. N’oubliez pas que, quand vous faites de la généalogie, au delà du plaisir, vous êtes aussi dans le monde de la preuve. Donc surtout n’oubliez pas de les mentionner.
5 réponses à “Les sources, les sources, les sources et encore les sources”
Et ce n’est même pas sûr que l’acte soit correct non plus. Il faut là aussi analyser. En 1781, dans un petit village de Charente le curé a écrit le nom de la mère de la défunte au lieu du nom de la défunte. Avec une cousine éloignée, après avoir étudié ce que nous savions, nous en avons déduit que c’était vraiment une erreur du curé et que nous avions bien trouvé l’acte de décès de notre ancêtre.
Bonsoir Annick,
Bien sûr que l’analyse doit se faire. J’ai eu une ancêtre qui pendant plusieurs naissances a porté le nom de sa mère. Au point que j’ai cru qu’il y avait veuvage et que l’homme s’était marié une deuxième fois. Non juste une erreur répétitive.
Mais là entre une source imprimée qui ne me donne pas de date et une source d’archives qui me donne une date, je choisis toujours la deuxième. Parce que j’ai ce document, cette source que je peux analyser. Mais c’est vrai que c’est nécessaire, vous avez raison.
Je ne le citerai pas, mais dans un ouvrage paru il y a deux ans sur une famille de la noblesse bretonne, j’ai relevé quantité de données erronées parce que recopiées d’ouvrages plus anciens, sans vérifications. Alors que les actes de mariage pour les périodes concernées se trouvent désormais en deux clics…
Bonsoir Isabelle,
J’ai eu le même cas de figure pour une famille noble appartenant à mes ancêtres. Entre ce qui était écrit, notamment dans l’armorial général de 1696 mais pas que, et ce que j’ai trouvé en faisant un relevé systématique de tous les actes de cette famille, il y a un monde. Et pas un petit. On la disait originaire de Suisse, l’armorial général lui avait d’ailleurs donné d’office un blason inspiré de celui de la ville de Berne, or elle est tarnaise depuis au moins 1400. Mais il est vrai que le nom s’est transformé et cela a dû perturber les généalogistes royaux.
D’où toujours vérifier !
Bonjour Stéphane,
Je rebondis avec un peu de retard 😉
Autant je peux comprendre qu’il y ait des erreurs dans l’armorial général, autant je trouve déplorable (et je pèse mes mots) qu’un ouvrage récent puisse paraître sans que l’on ait pris la peine de corriger les erreurs les plus élémentaires. En fait, reparler de tout ça me donne une terrible envie d’écrire à « l’auteur » pour lui dire ce que j’en pense ! Merci à vous, en tout cas, de prôner cette rigueur que j’affectionne tant 🙂